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Les électeurs boliviens devraient reconduire pour cinq ans le président socialiste Evo Morales à la tête du pays. Le chef de l'État évoque déjà la possibilité d'un troisième mandat en 2015. L'opposition redoute des dérives anti-démocratiques.

AFP - Le président de Bolivie Evo Morales, grand favori pour une réélection au premier tour dimanche, a laissé planer la possibilité d'un troisième mandat après 2015, estimant que son second mandat peut être pris, "constitutionnellement, comme une première élection".

Les élections de ce dimanche, a déclaré Morales à des journalistes après avoir déposé son bulletin à Villa Tunari (centre), se déroulent "sur la base de la nouvelle Constitution", adoptée en janvier 2009. Laquelle prévoit la possibilité de deux mandats consécutifs.

En ce sens, "on parle de la nouvelle constitution comme d'une première élection d'Evo Morales", a expliqué le chef de l'Etat, en rappelant que son premier mandat a été écourté de cinq a quatre ans, en raison d'élections avancées du fait de l'adoption d'une nouvelle loi fondamentale.

"Constitutionnellement (c'est) ma première élection sur la base de la nouvelle Constitution politique de l'Etat bolivien", a ajouté le président, sans explicitement déclarer qu'il pourrait solliciter un mandat de plus en 2015, en cas de victoire dimanche.

L'indien aymara Evo Morales, un des ténors du bloc anti-libéral de gouvernants d'Amérique latine, devrait être reconduit pour un second mandat dès dimanche avec 52-54% des voix selon les sondages, pour poursuivre sa "refondation" socialiste et pro-indigène de Bolivie.

Avec cette réélection pressentie de Morales, et le possible contrôle par son parti des deux chambres du Parlement, l'opposition redoute des dérives anti-démocratiques, en particulier une tentative de se pérenniser au pouvoir, dans la lignée du vénézuélien Hugo Chavez, mentor socialiste de Morales.

Morales n'a jamais évoqué ouvertement une intention de gouverner au-delà de deux mandats.

Au contraire, en octobre 2008, pour faciliter les tractations avec l'opposition sur le texte de la nouvelle Constitution, le chef de l'Etat, par la voix d'un porte-parole, avait renoncé à un éventuel "deuxième mandat constitutionnel" -c'est à dire un troisième, en comptant le 2004-2009.

Ce geste avait contribué à l'accord sur la Constitution, ouvrant la voie au référendum en janvier, où la Constitution fut adoptée à 62%.

Le vice-président Alvaro Garcia a récemment suggéré en campagne que le ticket actuel président-vice-président sollicitait un nouveau mandat de 2010 à 2015, mais qu'il faudrait "former un successeur à Morales" pour au-delà.

La Constitution stipule que président et vice-président, aux mandats de cinq ans, "peuvent être réélus pour une seule fois de manière consécutive".

Mais des députés du parti présidentiel, le Mouvement vers le Socialisme (MAS) ont lancé des ballons d'essai cette année, suggérant qu'autoriser la possibilité d'une réélection illimitée ne serait pas une hérésie, et une "réforme possible" d'une prochaine législature.

Un peu plus de cinq millions d'électeurs boliviens désignent dimanche leur président et leur Parlement jusqu'en 2015, au terme d'une campagne apaisée après deux années de violentes polarisation politique nourrie par une fronde autonomiste dans l'Est.