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Les thèses remettant en cause le lien entre le réchauffement climatique et l'activité humaine ont le vent en poupe au Royaume-Uni. À tel point que les services météorologiques britanniques ont dû sortir l'artillerie lourde.

A l’heure où la planète entière s’est donné rendez-vous à Copenhague, au Danemark, pour tenter de juguler le réchauffement climatique, la presse britannique se repaît des nombreux rebondissements qui jalonnent  ce qu’elle appelle le "Climategate". Dernier épisode en date, la réponse du service météorologique du Royaume-Uni aux climato-sceptiques. Soucieux de tordre le cou à des thèses que le scandale n’a fait que raviver, l’organisme a promis, samedi, de publier sur Internet 150 années de données censées apporter la preuve de l’inquiétante montée du mercure. Pas sûr que cela suffise à apaiser la polémique.

Un webdocumentaire FRANCE 24 - RFI

Tout a commencé à la fin novembre lorsque des milliers de mails rédigés par les scientifiques de la prestigieuse Unité de recherche climatique (CRU) de l’université d’East Anglia, à Norwich, ont été publiés sur Internet. Des échanges électroniques qui prouveraient que les chercheurs n’ont pas hésité à "manipuler" des données pour surévaluer le risque d'un réchauffement climatique dû à l'activité humaine.

Cette fuite, que l’on doit à un hacker non identifié, a tôt fait d’affoler les nombreux adeptes des théories du complot sur la Toile et, plus largement, les climato-sce

ptiques. Les sites consacrés à cette affaire ont fleuri en ligne. Sur l’encyclopédie participative Wikipédia, l’entrée "Climategate" a fait son apparition. Le site de micro-blogging Twitter a également été largement mis à contribution. La plupart des intervenants remettent en cause ce qu’ils appellent le "consensus mondial" et espère que le sommet de Copenhague sera l’occasion d’un débat sur la question.

"On-nous-ment-on-nous-cache-tout"

Le dossier de TV5MONDE

Au-delà du traditionnel "on-nous-ment-on-nous-cache-tout", les tenants de la thèse conspirationniste affirment que les données ont été modifiées par des scientifiques en quête de substantielles subventions. D'autres croient voir la main de la Russie qui n’aurait aucun intérêt industriel à ce qu’un accord émerge du sommet de Copenhague.

Mais contrairement à bon nombre de thèses farfelues qui circulent sur le Net, ce dernier lièvre levé par les internautes s’est largement invité dans le débat public. L’université d’East Anglia a lancé une enquête, indépendante de celle menée par la police, pour débusquer le délinquant à l’origine de la fuite. Pour le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), le piratage est bien "trop sophistiqué pour être l’œuvre d’un amateur". Mais serait plutôt celle de "mercenaires russes du piratage informatique". Un travail de sape qui, quelqu’en soient ses auteurs, remporte un certain succès.

Plusieurs pays ou responsables politiques se sont en tout cas emparés de la thèse défendue par les "climato-sceptiques". Tel ce responsable saoudien chargé des négociations sur le réchauffement climatique qui a affirmé sur la BBC que cette affaire aurait un "énorme impact" sur les débats à Copenhague. Aux Etats-Unis, des élus du Congrès ont également repris ces arguments pour s’opposer à une loi contre le réchauffement climatique.

Quelque soit l’origine du scandale, son retentissement se fait déjà ressentir auprès des populations, notamment au Royaume-Uni. Un sondage publié, dimanche, dans le "Sunday Telegraph", montre que 39 % des Britanniques pensent que le réchauffement climatique n’est pas dû à l’activité humaine…