Des partisans de l'influent leader politique chiite Moqtada al-Sadr ont une nouvelle fois envahi, samedi, le Parlement, dans l'ultra-sécurisée zone verte de Bagdad. Dénonçant la candidature au poste de Premier ministre de Mohamed Chia al-Soudani, choisi par les adversaires de Moqtada al-Sadr, ils comptent occuper les lieux "jusqu'à nouvel ordre".
Pour la deuxième fois en quelques jours, des partisans de l'influent leader politique chiite Moqtada al-Sadr ont envahi, samedi 30 juillet, le Parlement irakien, après avoir pénétré dans l'ultra-sécurisée zone verte de Bagdad, abritant institutions gouvernementales et ambassades. Ils souhaitent désormais occuper le bâtiment jusqu'à nouvel ordre, a annoncé le Courant sadriste.
"Les manifestants annoncent un sit-in (qui durera) jusqu'à nouvel ordre", a indiqué le Courant sadriste dans un bref communiqué partagé avec les journalistes via le groupe WhatsApp de son équipe de communication. L'agence de presse étatique INA a lui aussi relayé l'annonce.
Plus tôt, des milliers de partisans de l'influent leader Moqtada al-Sadr ont manifesté dans le centre de Bagdad, trois jours après avoir déjà brièvement occupé le Parlement sur fond d'une crise politique qui ne fait qu'empirer.
Brandissant des drapeaux irakiens et des portraits du responsable chiite Moqtada, les manifestants se sont rassemblés à l'entrée d'un pont de Bagdad menant à la zone verte, abritant institutions gouvernementales et ambassades, a constaté un correspondant de l'AFP. Des gaz lacrymogènes ont été tirés par les forces de sécurité.
Ils ont escaladé des blocs en béton bloquant l'accès au pont. "Tout le peuple est avec toi Sayyed Moqtada", ont scandé les contestataires, utilisant son titre de descendant du prophète de l'islam.
Les manifestants dénoncent la candidature au poste de Premier ministre de Mohamed Chia al-Soudani, choisi par les adversaires de Moqtada al-Sadr et jugé proche de l'ancien chef du gouvernement Nouri al-Maliki.
"Le corrompu nous n'en voulons pas"
"Nous sommes là pour une révolution de la réforme (...) pour rendre victorieux le peuple et Sayyed Moqtada al-Sadr le leader", a lancé Haydar al-Lami, un manifestant.
"Le corrompu nous n'en voulons pas, et nous ne voulons pas essayer ceux qu'on a déjà vu" au pouvoir, a-t-il dit. "Ils ne nous apportent rien, depuis 2003 jusqu'à maintenant ce sont les mêmes, ils nous ont porté préjudice".
En prévision de la manifestation de samedi, les forces de sécurité ont fermé à l'aide d'imposants blocs de béton plusieurs grands axes routiers de la capitale menant à la zone verte.
Mercredi, des milliers de manifestants sadristes avaient envahi ce quartier et brièvement occupé le Parlement pour rejeter la candidature de Mohamed Chia al-Soudani, ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans.
Issu du sérail politique, Soudani est le candidat du "Cadre de coordination", alliance de factions chiites pro-Iran regroupant la formation de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et les représentants du Hachd al-Chaabi, ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières.
L'impasse politique est totale en Irak dix mois après les législatives d'octobre 2021. Les tractations pour former un nouveau gouvernement piétinent, sur fond de marchandages en coulisses et querelles virulentes entre les barons de la politique qui dominent la vie publique depuis la chute du président Saddam Hussein en 2003.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les partisans de al-Sadr ont saccagé à Bagdad des bureaux du parti Daawa de Nouri al-Maliki, ainsi que des locaux du Courant Hikma, la formation du politicien Ammar al-Hakim, qui fait partie du Cadre de Coordination, selon une source de sécurité.
Avec AFP