Après avoir donné des garanties à la justice suisse qui craignait de le voir fuir en France, Roman Polanski a été autorisé à rejoindre son chalet de Gstaad. Jeudi, le cinéaste a été transféré dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité.
AFP - Le cinéaste Roman Polanski qui doit être libéré sous caution, est attendu aujourd'hui dans son chalet de Gstaad. Il a été déplacé jeudi de la prison de Winterthour dans un lieu tenu secret afin de garantir son transfert "tranquille", loin des médias guettant sa sortie.
"M. Polanski a été déplacé de la prison de Winterthour dans un autre endroit pour des raisons de sécurité et de protection de la personne", a expliqué à l'AFP un porte-parole du ministère suisse de la Justice, Folco Galli.
Il a justifié ce transfert dans un lieu qu'il n'a pas souhaité révéler par la présence de nombreux médias à la prison de Winterthour qui pourraient empêcher que le départ du cinéaste franco-polonais ne se fasse "dans la tranquillité".
"La prochaine étape est désormais Gstaad" (centre) où l'arrivée du réalisateur âgé de 76 ans est prévue vendredi entre "13H30 et 14H00" (entre 12H30 et 13H00 GMT), a ajouté M. Galli.
La petite station de ski, habituée à la discrétion et à la tranquillité, devrait ainsi connaître une nouvelle poussée de fièvre.
Le petit chemin goudronné qui mène au chalet de M. Polanski, à l'entrée de la station huppée, devrait ainsi concentrer l'attention de journalistes, cameramen et camions satellites, à l'affût d'images et de commentaires du réalisateur du "Pianiste", arrêté le 26 septembre à Zurich, où il devait recevoir une distinction au festival du film de la ville.
La police cantonale bernoise a assuré n'avoir pris "aucune mesure spécifique" pour son arrivée.
Recherché par la justice américaine pour une histoire de moeurs vieille de plus de 30 ans, M. Polanski devrait en tout cas vivre ce transfert en résidence surveillée comme un soulagement. Il avait été décrit comme très affecté par ces deux mois de détention.
Mais le réalisateur a dû livrer des garanties substantielles à la justice suisse, qui craignait sa fuite vers la France voisine. Afin de bénéficier d'une sortie de prison, exceptionnellement accordée dans les cas d'extradition, M. Polanski a dû déposer une caution de 4,5 millions de francs suisses (3 millions d'euros).
Il doit également remettre ses documents d'identité et porter un bracelet électronique.
Son épouse Emmanuelle Seigner et ses deux enfants Morgane et Elvis devraient être présents pour l'accueillir vendredi, de source proche du dossier. Par ailleurs, l'un de ses avocats français, Me Georges Kiejman, se rendra dans les prochains jours auprès de son client.
Le marathon judiciaire n'est pas pour autant terminé pour M. Polanski, qui risque une extradition vers les Etats-Unis où il est poursuivi pour des "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans en 1977. Le réalisateur avait à l'époque plaidé coupable pour ce chef d'accusation pour lequel il risque deux ans de prison, selon les autorités fédérales.
Les Etats-Unis ont adressé le 22 octobre une demande formelle d?extradition à l'office fédéral de la Justice (OFJ), qui doit transmettre cette demande au canton de Zurich, chargé de la notifier à Roman Polanski.
L'OFJ dispose de plusieurs semaines pour décider s'il accepte l'extradition vers les Etats-Unis du cinéaste. Ce dernier disposera lui-même d'un délai pour s'y opposer auprès du Tribunal pénal fédéral de Bellinzone (sud) et, en dernière instance, auprès du Tribunal fédéral de Lausanne.
La défense de Roman Polanski a d'ores et déjà prévenu que le cinéaste se battrait jusqu'au bout contre son extradition. Selon des sources judiciaires américaines, les avocats du cinéaste ont également l'intention de réclamer la relaxe de leur client à l'occasion d'une audience en appel à Los Angeles, le 10 décembre.