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Le sommet "Choose France" dopé par un projet à 5,7 milliards d'euros

La cinquième édition du sommet "Choose France", conçu pour promouvoir l'attractivité économique hexagonale, s'est tenu lundi à Versailles. Quatorze projets ont été annoncés à cette occasion, avec en tête d'affiche un investissement de 5,7 milliards d'euros dans une nouvelle usine de semi-conducteurs près de Grenoble.

Un investissement phare dans les semi-conducteurs et 180 patrons étrangers invités : le président Emmanuel Macron et le gouvernement ont tenu, lundi 11 juillet au château de Versailles, le cinquième sommet "Choose France", l'occasion de vanter l'attractivité française.

La journée a débuté par l'annonce de l'investissement de 5,7 milliards d'euros du Franco-Italien STMicroelectronics et de l'Américain GlobalFoundries pour construire une usine de semi-conducteurs à Crolles, près de Grenoble.

"C'est le plus grand investissement industriel des dernières décennies hors nucléaire et un grand pas pour notre souveraineté industrielle : c'est 1 000 emplois à la clé", a commenté le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur Twitter.

.@ST_World et @GlobalFoundries construiront en France une mega-usine de semi-conducteurs. C’est le plus grand investissement industriel des dernières décennies hors nucléaire et un grand pas pour notre souveraineté industrielle : c’est 1 000 emplois à la clé. #ChooseFrance

— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) July 11, 2022

Automobile, industrie, Internet, infrastructures de communication

Les projets d'investissements industriels présentés dans l'après-midi à Versailles (6,7 milliards d'euros d'investissements, "plus de 4 000 emplois créés") tombent à point nommé pour le gouvernement, pressé par l'inflation qui pèse sur le pouvoir d'achat.

La future usine de semi-conducteurs s'inscrit dans le cadre du "Chips Act", le programme de l'UE pour retrouver une place aux côtés de l'Asie et de l'Amérique dans la production mondiale de semi-conducteurs. Marquée par la pénurie de ces précieux composants qui a fait suite à la crise sanitaire, l'Europe veut remonter sa part à 20 % de la production mondiale, contre moins de 10 % aujourd'hui.

Les premières productions, rendues possibles par un "soutien financier important de l'État français", selon les deux groupes, devraient être lancées à partir de la fin 2023, avec une montée en charge jusqu'à 2025-2026, selon l'Élysée. La production sera pour environ 58 % destinée à GlobalFoundries, le reste étant pour STMicroelectronics, ont indiqué les deux entreprises.

Emmanuel Macron à Crolles mardi

"C'est une annonce qui est clé pour la France", s'est réjoui, devant la presse à Versailles, le PDG de STMicroelectronics, Jean-Marc Chery, qui dit espérer qu'elle ouvre la voie pour "d'autres types d'investissements de ce type dans le pays".

Emmanuel Macron se rendra mardi sur place pour présenter ce projet d'usine qui sera à terme "le plus important site de production de puces français et l'un des plus importants d'Europe".

Ces annonces surviennent toutefois dans un climat tendu après des révélations dimanche soir dans Le Monde sur les liens qui ont uni Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie (2014-2016), et la société Uber. S'appuyant sur différents témoignages et documents, ces "Uber Files" concluent à l'existence d'un "deal" secret, visant à aider la plateforme à consolider ses positions en France, ce qu'ont vivement dénoncé des élus de gauche.

Pour l'Élysée, la participation record de patrons étrangers à "Choose France" – ils étaient 120 à 130 lors des précédentes éditions – montre un "très fort intérêt des patrons étrangers, suite à la réélection du président".

"C'est incroyable de voir qu'autant d'entreprises investissent en France"

Lors du déjeuner marquant le début du sommet, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a d'ailleurs tenu à confirmer devant les patrons invités que pendant les cinq prochaines années, l'exécutif continuera "de baisser les impôts de production, d'améliorer les compétences de notre main-d'œuvre et de réduire les formalités administratives pour l'installation de nouveaux sites industriels", selon le texte de son discours transmis à l'AFP.

Dans le climat d'inflation en Europe, il a aussi vanté l'électricité "peu chère et bas carbone" de la France, ainsi que le plan France 2030 de 30 milliards d'euros, qui offre des "opportunités aux investisseurs étrangers".

Les dirigeants de Coca Cola, Disney, Siemens, Merck Allemagne, des banques américaines Citi, JP Morgan, Morgan Stanley, du conglomérat chinois Fosun ou du groupe australien de services financiers Macquarie se sont retrouvés sous les ors de Versailles. Emmanuel Macron a aussi rencontré de grands fonds souverains du Golfe, mais aussi de Corée du Sud ou canadiens.

"C'est une opportunité unique de parler (...) à beaucoup d'acteurs majeurs et pas seulement en France, mais au niveau international", s'est réjoui Luigi Corradi, PDG de la compagnie ferroviaire Trenitalia, qui vient d'entrer sur le marché français.

"C'est incroyable de voir qu'autant d'entreprises investissent en France, cela signifie que probablement nous n'avons pas eu tort" de le faire aussi, a-t-il ajouté auprès de l'AFP, saluant la "bonne collaboration" avec le gouvernement français.

Parmi les autres projets annoncés dans le cadre de "Choose France", le spécialiste des colis exprès Fedex va créer 1 000 emplois permanents à Roissy (Val-d'Oise), l'Espagnol Amadeus (gestion de réservations touristiques) 800 emplois, notamment à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), le cabinet de conseil Accenture 500 en Bretagne et le Vietnamien Vinfast (automobile) 350 à 400 dans des showrooms et ateliers, selon l'Élysée.

Près de 80 projets depuis 2018

Le géant britannique du médicament GlaxoSmithKline (GSK) va investir dans des essais cliniques, l'Américain Collins Aerospace (avionique, systèmes d'information – groupe Raytheon) dans la recherche-développement et l'Allemand Vorwerk se doter d'une deuxième usine Thermomix, en Eure-et-Loir.

Le groupe néerlandais de travail temporaire Randstad va recruter par ailleurs 7 000 collaborateurs en CDI intérimaire d'ici la fin 2022.

La France s'enorgueillit d'être le pays le plus attractif en Europe pour les investisseurs étrangers par le nombre de projets – 1 222 en 2021 –, leur taille étant en revanche généralement plus petite, selon le baromètre du cabinet EY.

Près de 80 projets d'investissements, représentant 12 milliards d'euros et 21 000 emplois, ont été annoncés dans le cadre des sommets "Choose France" depuis 2018 : 25 ont été réalisés, 50 sont en cours et cinq ont été abandonnés ou reportés.

Avec AFP