logo

Séisme en Afghanistan : les survivants attendent de l'aide dans des conditions difficiles

Les rescapés du séisme le plus meurtrier en plus de deux décennies en Afghanistan continuaient vendredi à attendre dans leurs villages dévastés, sans abri, nourriture, ou eau, que l'aide d'urgence leur parvienne, les fortes pluies aggravant encore la situation.

Le tremblement de terre, d'une magnitude de 5,9, qui a frappé mercredi 22 juin, une région pauvre et isolée du sud-est de l'Afghanistan, à la frontière avec le Pakistan, a fait plus de 1 000 morts, 3 000 blessés et des milliers de sans-abris.

Les fragiles maisons aux murs en briques de terre n'ont pas résisté aux secousses sismiques et les survivants se retrouvent complètement démunis. Ils ont besoin d'abris, pour se protéger de la pluie et du froid, inhabituel en cette saison, mais aussi de nourriture, eau et produits de premier secours.

"Il n'y a pas de couvertures, pas de tentes, pas d'abris […]. Nous avons besoin de nourriture et d'eau. Tout notre système de distribution d'eau est détruit. Tout est dévasté, les maisons sont détruites. Les gens ne peuvent que retirer des morts [des décombres] et les enterrer", a expliqué à l'AFP Zaitullah, un habitant du district de Bermal, dans la province de Paktika, la plus affectée.

Les opérations de secours sont compliquées par l'isolement de cette région et la météo. Les pluies ont provoqué des glissements de terrain qui ralentissent l'acheminement de l'aide, et ont endommagé les lignes téléphoniques et électriques.

Ce séisme représente un défi majeur pour les Taliban, qui ont pris le pouvoir à la mi-août 2021 après vingt années d'insurrection et se sont aliénés la communauté internationale avec leur conception ultra-rigoriste de l'islam. L'aide internationale, qui portait le pays à bout de bras depuis deux décennies, a été coupée après leur accession au pouvoir, et ne revient depuis qu'au compte-gouttes. Et le pays est depuis enlisé dans une profonde crise financière et humanitaire.                  

L'ONU "pleinement mobilisée"

Le gouvernement taliban a dit faire au mieux de ses capacités pour venir en aide aux victimes et appelé à l'aide la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a assuré que l'ONU était "pleinement mobilisée" pour aider l'Afghanistan.

Selon ses services, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a distribué des tentes, des couvertures et des bâches plastiques. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a délivré de la nourriture pour environ 14 000 personnes à Paktika ; et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fourni 10 tonnes de matériel médical suffisant pour permettre 5 400 opérations chirurgicales.

L'Union européenne a estimé que 270 000 personnes vivant dans les zones touchées par le séisme auraient besoin d'assistance et a dégagé une aide d'urgence initiale de 1 million d'euros. Le Pakistan, l'Iran et le Qatar ont aussi fait parvenir de l'aide aux sinistrés. Et les États-Unis, qui se sont retirés d'Afghanistan fin août, après vingt années de guerre, ont indiqué travailler avec leurs partenaires humanitaires à l'envoi d'équipes médicales.

Certains pays sont réticents à doter directement en aide les Taliban, de peur qu'elles ne soit détourné. "La distribution de l'aide sera transparente", a toutefois assuré à l'AFP le porte-parole adjoint du gouvernement, Bilal Karimi. "Plusieurs pays nous ont soutenus et ont été à nos côtés".

L'urgence est grande pour les plus fragiles : les personnes âgées et les enfants. L'ONG Save the Children a estimé jeudi que plus de 118 000 enfants étaient touchés par la catastrophe. "Beaucoup d'enfants n'ont très probablement maintenant plus accès à de l'eau potable, de la nourriture et un endroit sûr où dormir", a-t-elle déclaré.

L'Afghanistan est fréquemment frappé par des séismes, en particulier dans la chaîne montagneuse de l'Hindu Kush, qui se trouve à la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne. 

Le séisme le plus meurtrier de son histoire récente (5 000 morts) a eu lieu en mai 1998 dans les provinces de Takhar et Badakhshan dans le nord-est du pays.

Avec AFP