Des hommes armés ont tué samedi au moins 20 civils près de la ville de Gao, dans le nord du Mali où la situation sécuritaire se détériore. Un Casque bleu du contingent guinéen de la Minusma a de son côté été tué dimanche dans l'explosion d'une mine à Kidal.
Le nord du Mali est de nouveau pris dans la spirale de la violence. Des hommes armés ont tué au moins 20 civils samedi 18 juin près de la ville de Gao et un Casque bleu est mort dimanche 19 juin à Kidal, dans le nord de ce pays sahélien où la situation sécuritaire se détériore.
"Des terroristes criminels ont assassiné samedi au moins vingt civils dans plusieurs hameaux de la commune d'Anchawadj", à quelques dizaines de kilomètres au nord de Gao, a assuré par téléphone à l'AFP un responsable de la police de la région sous couvert d'anonymat.
Un autre responsable policier à Bamako, également sous couvert de l'anonymat, a confirmé à l'AFP "l'assassinat samedi d'une vingtaine de civils à Ebak, à 35 km au nord de Gao, et dans des localités voisines", évoquant un "acte perpétré par des criminels armés".
"Les jihadistes ont assassiné samedi 24 civils dans la commune d'Anchawadj. C'est la panique générale", a pour sa part affirmé une autorité locale à l'AFP.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné "fermement" cette attaque dans un communiqué. Il "rappelle que les attaques visant les Casques bleus peuvent constituer des crimes de guerre au regard du droit international et que leurs auteurs sont passibles de poursuites".
Aucune autre source n'a confirmé que les jihadistes étaient les auteurs des attaques. Mais dans cette immense région sahélienne, les attaques des jihadistes affiliés au groupe État islamique au grand Sahara (EIGS) sont de plus en plus fréquentes et leur champ d'action s'élargit.
Les maigres informations remontant de cette zone reculée et difficilement accessible font état de centaines de civils tués et de milliers de déplacés ces derniers mois dans les régions de Ménaka, près de la frontière avec le Niger, et de Gao, plus à l'ouest.
Mercredi, le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), un des groupes luttant contre les jihadistes, a assuré que 22 personnes avaient été tuées par "des hommes armés" dans la localité d'Izingaz, dans la région de Ménaka. Aucune autre source n'a confirmé ou infirmé l'information.
"Menace terroriste"
L'élu de la région de Gao a décrit dimanche à l'AFP "une situation très préoccupante dans la commune d'Anchawadj" avec de nombreux civils fuyant les exactions "des jihadistes" dans les villages voisins. "Une bonne partie de la région de Gao et de celle de Ménaka" est "occupée par des jihadistes", a-t-il poursuivi. "L'État doit faire quelque chose."
Cette région est le théâtre de violences depuis le début du conflit en 2012, quand des groupes armés rebelles s'étaient levés contre Bamako. Ceux-ci ont signé en 2015 un accord de paix avec le Mali, qui peine toujours à être appliqué.
Outre ces groupes armés, des mouvements jihadistes – affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique – opèrent dans la zone, combattant contre les symboles de l'État, ceux qu'ils accusent de le soutenir, ainsi qu'entre eux pour le contrôle des territoires. Des trafiquants et autres bandits sont également présents dans cette région désertique où l'État est presque inexistant.
La situation sécuritaire s'est récemment "fortement détériorée" dans la région de Gao et de celle de Ménaka, a indiqué dans son dernier rapport le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. La "menace terroriste continue de (s'y) étendre", a-t-il déploré, s'inquiétant de "l'absence d'une présence soutenue des forces de sécurité et de l'administration publique dans ces zones".
Sont basés à Gao des militaires maliens, des Casques bleus de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma, 13 000 soldats) ainsi que des soldats français de l'opération Barkhane. Ces derniers, qui ont entamé un retrait progressif du Mali au début de l'année, doivent définitivement quitter la base de Gao, dernière enclave où ils sont encore présents au Mali, "à la fin de l'été", selon l'état-major français.
La Minusma à nouveau endeuillée
Dimanche dans la matinée, un Casque bleu guinéen a été tué dans l'explosion d'une mine à Kidal, plus au nord, alors qu'il participait à une patrouille de sécurité dans une opération de recherche et de détection de mines, selon la Minusma.
Ce nouveau décès intervient dans un contexte tendu de négociations sur le renouvellement du mandat de la Minusma, la mission de maintien de la paix de l'ONU ayant subi le plus de pertes humaines.
Depuis sa création en 2013, 175 de ses Casques bleus sont morts dans des actes hostiles.
Attristé par la mort ce matin, à #Kidal, d’1 de nos #casquesbleus qui a sauté sur 1 #mine alors qu’il participait à 1 patrouille. Terrible nouvelle qui vient allonger la longue liste de nos collègues ayant perdu la vie dans le cours de leur service au #Mali. #ServiceandSacrifice
— El-Ghassim Wane (@elghassimw) June 19, 2022Avec AFP