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Jean-Pierre Bemba attendra son procès derrière les barreaux

La chambre d'appel de la CPI a décidé que l'ex-vice-président, accusé de meurtres, crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Centrafrique, resterait en prison jusqu'à son procès. En août, un juge avait ordonné sa libération provisoire.

AFP - L'ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) Jean-Pierre Bemba restera en détention dans l'attente de son procès en avril 2010, a ordonné mercredi la Cour pénale internationale (CPI) en appel.

"La chambre d'appel a décidé que la décision de la chambre de première instance doit être inversée", a déclaré la juge Akua Kuenyehia, lors d'une audience de la chambre d'appel à La Haye.

"La chambre de première instance n'a pas correctement apprécié ni tenu compte de certains facteurs pertinents", a-t-elle ajouté.

Une juge de la CPI avait ordonné le 14 août la libération provisoire de Jean-Pierre Bemba, qui doit être jugé à partir du 27 avril 2010 à La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en République centrafricaine en 2002 et 2003.

La magistrate avait néanmoins ordonné son maintien en détention tant que la Cour n'aurait pas décidé quel Etat l'accueillerait.

Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo avait immédiatement interjeté appel, arguant que l'accusé risquait de fuir et d'entraver les poursuites. Il avait obtenu que la libération de M. Bemba, 47 ans, soit suspendue en attendant la décision de la chambre d'appel.

"La chambre de première instance a commis une erreur en accordant la remise en liberté à M. Bemba sans spécifier de conditions ou identifier un Etat prêt à l'accueillir", a souligné la chambre d'appel.

"La longueur potentielle de la peine de M. Bemba, s'il était condamné, est une motivation supplémentaire pour lui de s'enfuir", a-t-elle poursuivi.

Jean-Pierre Bemba, qui risque la prison à vie, est accusé de meurtre, viol et pillage commis par les hommes de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), en Centrafrique.

Les combattants du MLC avaient été envoyés en Centrafrique pour appuyer le régime du président Ange-Félix Patassé menacé par une rébellion du général François Bozizé, qui avait fini par s'emparer du pouvoir.

"La situation financière de M. Bemba", qui possède des propriétés et des comptes bancaires notamment en Belgique où ses enfants sont scolarisés, est un autre "facteur important dans la possibilité qu'il s'enfuie", a souligné la juge Kuenyehia.

"Sur le plan du droit, nous n'acceptons pas la décision" rendue en appel, a indiqué à la presse l'avocat de M. Bemba, Me Aimé Kilolo, à l'issue de l'audience.

Il a précisé qu'il allait bientôt demander à nouveau la remise en liberté de son client. "Même si nous ne le demandons pas, la chambre de première instance a l'obligation d'examiner la question" tous les 120 jours, a-t-il rappelé. "Nous nous attendons donc à ce qu'elle soit mise sur la table de la chambre dans les tous prochains jours".

M. Bemba, qui avait fui la RDC en avril 2007 après avoir perdu les élections présidentielles de 2006 face à Joseph Kabila, avait été arrêté en mai 2008 à Bruxelles.