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L'indépendance du Kosovo représente une "violation flagrante" de l'intégrité territoriale de la Serbie, a plaidé Belgrade, mardi, devant la Cour internationale de justice qu'elle a saisie au lendemain de l'initiative de Pristina, en février 2008.

REUTERS - La Serbie a expliqué mardi devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye que la déclaration d’indépendance du Kosovo en février 2008 constituait une « violation flagrante » de son intégrité territoriale.

A la demande de Belgrade, la CIJ a commencé à examiner les arguments des adversaires et des partisans de l’indépendance autoproclamée par l’ancienne province autonome à majorité albanophone de la Fédération yougoslave.

La CIJ doit rendre un avis sur la requête de la Serbie, qui avec l’appui de la Russie, conteste la sécession du Kosovo, entité reconnue par une soixantaine de pays dont 22 des 27 membres de l’Union européenne.

« Le Kosovo est le berceau historique de la Serbie et l’un des piliers essentiels de son identité », a expliqué devant la cour l’ambassadeur de Serbie en France, Dusan Batakovic.

Le diplomate a demandé aux 15 membres de la CIJ de rendre une décision ouvrant la voie à des négociations sur le futur statut du Kosovo et contribuant à la « paix et à la stabilité ».

Les autorités serbes souhaitent transformer cette région en une province dotée d’une large autonomie, une proposition rejetée par Pristina lors des négociations sous l’égide de l’Onu en 2006-2007.

Le Kosovo a déclaré son indépendance neuf ans après la guerre de 1998-99 au terme de laquelle les forces serbes ont été chassées par une campagne de bombardements de l’Otan.

Malcolm Shaw, un des avocats de la Serbie, a expliqué à la CIJ que sa décision était attendue avec une « grande appréhension » par d’autres Etats qui craignent de devoir faire face à des mouvements séparatistes.

« Si sur Terre il existe un seul territoire où la sécession ne devrait pas être autorisée, ce serait le Kosovo », a estimé Marcelo Kohen, un autre avocat de la Serbie.

Indépendance irréversible

Intervenant après l’exposé des arguments serbes, Skender Hyseni, ministre kosovar des Affaires étrangères, a rappelé que l’indépendance a déjà été reconnue par 63 pays et que le territoire fonctionne comme une république indépendante avec une constitution et des élections.

« L’indépendance du Kosovo est irréversible et cela restera le cas, pas seulement pour le salut du Kosovo, mais aussi pour le salut d’une paix et d’une sécurité durables dans la région », a-t-il déclaré.

Le vice-Premier ministre du Kosovo, Rame Manaj, avait auparavant précisé avoir bon espoir que la CIJ rende un avis favorable à l’indépendance de son pays.

« Nous ne pouvons vivre avec la Serbie que comme deux pays indépendants. La Serbie a déporté la moitié de la population du Kosovo, a tué et massacré plus de 12.000 personnes. C’est à cause de tout cela que nous avons déclaré l’indépendance », a-t-il dit à Reuters.

« Après la décision de la Cour, nous bénéficierons de davantage de reconnaissances et Belgrade ne pourra rien faire pour les empêcher. »

Dans sa demande de saisine de la CIJ adressée en août 2008 au Conseil de sécurité, la Serbie avait argué que l’avis de la Cour « contribuerait grandement à calmer les tensions », à éviter de nouveaux événements négatifs dans les Balkans et faciliterait la réconciliation entre Serbes, dont 120.000 vivent encore au Kosovo, et Albanais de souche.

Les juges de la CIJ entendront dans les huit prochains jours les positions de 29 autres nations et notamment celles très attendues de l’Espagne, de la Russie et des Etats-Unis le 8 décembre.

L’avis de la CIJ, principale instance judiciaire des Nations unies, n’aura pas valeur contraignante mais revêtira une grande autorité. Il devrait être connu d’ici quelques mois.

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