Le ministère grec des Affaires étrangères a accusé l'Iran, vendredi, de "piraterie" après la saisie par Téhéran de deux pétroliers battant pavillon grec dans le Golfe. Les Gardiens de la révolution iraniens, eux, dénoncent la saisie par la Grèce mi-avril d'un navire transportant du pétrole iranien.
La tension monte dans les eaux du Golfe persique : le chef de la diplomatie grecque a accusé, vendredi 27 mai, Téhéran de "piraterie", suite à la saisie par l'Iran de deux pétroliers battant pavillon grec. Confirmée par Téhéran, cette saisie fait suite à celle d'un navire transportant du pétrole iranien par Athènes, quelques semaines plus tôt.
"Ces actes sont assimilables à de la piraterie", a affirmé le ministère grec des Affaires étrangères dans un communiqué, appelant les citoyens grecs à éviter de se rendre en Iran. Athènes a assuré que des hélicoptères de la marine iranienne avaient hélitreuillé des hommes armés à bord des deux pétroliers plus tôt dans la journée de vendredi.
L'un d'eux, le Delta Poseidon, naviguait alors dans les eaux internationales, a précisé le ministère. Le second, qui n'a pas été nommé, se trouvait près des côtes iraniennes, selon la même source.
Le ministère a indiqué que neuf Grecs faisaient partie des équipages des deux navires, mais a refusé de donner le nombre d'autres marins à bord. Athènes a informé l'UE et l'Organisation maritime internationale de l'incident, a ajouté le ministère.
Les Gardiens de la révolution iraniens, l'armée idéologique de la République islamique, ont annoncé le même jour s'être emparés de deux pétroliers grecs dans les eaux du Golfe, peu après avoir protesté contre la saisie par la Grèce d'un navire transportant du pétrole iranien.
La guerre en Ukraine au cœur des tensions
Dans un communiqué publié sur leur site, les Gardiens de la révolution ont indiqué que leurs forces navales avaient "saisi aujourd'hui deux pétroliers grecs dans le Golfe persique en raison de violations qu'ils ont commises".
Plus tôt vendredi, l'Iran avait de nouveau appelé à "lever immédiatement" la saisie d'un navire transportant du pétrole iranien retenu depuis mi-avril par la Grèce sur demande des États-Unis.
En vertu des sanctions européennes liées à la guerre en Ukraine, les autorités grecques ont saisi le 19 avril au large de l'île d'Eubée le pétrolier russe Pegas, rebaptisé quelques jours plus tard Lana. Selon des informations à l'époque, le tanker transportait 115 000 tonnes de pétrole iranien.
Mercredi 25 mai, une porte-parole de la police portuaire grecque a dit à l'AFP que ce pétrole serait "transféré aux États-Unis (...) à la suite d'une demande de la justice américaine".
Le ministère des Affaires étrangères iranien a convoqué, vendredi, le chargé d'affaires suisse, qui représente les intérêts américains en raison de la rupture des relations diplomatiques entre Washington et Téhéran après la Révolution islamique de 1979.
Téhéran accuse Washington de "violation claire du droit maritime et des conventions internationales" et appelle à "lever immédiatement la saisie du navire et de son chargement", d'après un communiqué publié sur le site du ministère des Affaires étrangères.
L'Iran a rappelé son opposition à "la pression et à l'intervention du gouvernement américain" qui ont mené à la saisie du navire, qu'il estime être sous la "souveraineté de la République islamique". Mais selon les documents aux mains des garde-côtes grecs, le pétrolier est toujours sous pavillon russe. Une source au sein des garde-côtes a indiqué à l'AFP que le transfert du pétrole vers un navire battant pavillon du Libéria avait débuté jeudi et allait "durer quelques jours".
Ces incidents surviennent alors que les négociations entre l'Iran et les puissances mondiales pour rétablir l'accord nucléaire sont au point mort depuis mars. L'un des principaux points de friction est la demande de Téhéran de retirer les Gardiens de la liste noire américaine des "organisations terroristes", une demande rejetée par Washington.
Avec AFP