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Funérailles de Shireen Abu Akleh : enquête sur la police israélienne après un tollé international

La communauté internationale a dénoncé l'intervention violente de la police israélienne aux funérailles, à Jérusalem, de la journaliste Shireen Abu Akleh. De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a "fermement condamné" le meurtre  de la reporter et réclamé une enquête. La police israélienne a annoncé, samedi, en ordonner une.

La police israélienne a annoncé, samedi 14 mai, l'ouverture d'une enquête après le tollé international provoqué par l'intervention de ses membres lors des funérailles de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, dont le cercueil a failli tomber après les coups de matraque contre les porteurs.

Des milliers de Palestiniens ont enterré, la veille, à Jérusalem, la célèbre journaliste tuée alors qu'elle couvrait un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Elle portait un gilet pare-balles siglé "presse" et un casque de reportage.

À la sortie du cercueil de l'hôpital Saint-Joseph à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville également occupé par Israël, la police a fait irruption dans l'enceinte de l'établissement et chargé une foule brandissant des drapeaux palestiniens. Le cercueil a failli tomber des mains des porteurs frappés par des policiers armés de matraques avant d'être rattrapé in extremis, selon des images retransmises par les télévisions locales.

"Le commissaire de la police israélienne, en coordination avec le ministre de la Sécurité publique, a ordonné une enquête sur l'incident. Les conclusions seront présentées au commissaire dans les prochains jours", a indiqué la police dans un communiqué. Elle a répété que les policiers "avaient été exposés à la violence des émeutiers, ce qui les a poussés à recourir à la force".

Un tollé international

Les images de la charge de la police circulant en boucle sur les réseaux sociaux ont provoqué un tollé international. "Nous avons été profondément troublés par les images de l'intrusion de la police israélienne au sein du cortège funéraire", a dit le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, alors que la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Michelle Bachelet a parlé d'images "choquantes".

L'Union européenne a condamné "l'usage disproportionné de la force et le comportement irrespectueux de la police israélienne à l'encontre des participants au cortège funèbre", selon son chef de la diplomatie, Josep Borrell.

"Atterré par les scènes observées aujourd'hui en marge des funérailles et l'usage disproportionné et irrespectueux durant le cortège funèbre", a également commenté sur Twitter Dimiter Tzantchev, ambassadeur de l'UE auprès d'Israël.

Dismayed by the scenes witnessed today at the margins of Ms Abu Akleh's funeral and the disproportionate and disrespectful use of force on a funeral procession. Maintaining public order can be done by other means.

— Dimiter Tzantchev (@DTzantchev) May 13, 2022

Du côté de Washington, la Maison Blanche s'est dite "profondément troublée" par les images des obsèques de la journaliste. "Nous avons tous vu ces images, elles sont profondément troublantes", a déclaré la porte-parole Jen Psaki. "Nous déplorons l'intrusion dans ce qui aurait dû être une procession dans le calme", a-t-elle ajouté.

"Nous avons été profondément troublés de voir les images de l'intrusion de la police israélienne au sein du cortège funéraire" de la journaliste, a dit de son côté le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, dans un communiqué.

We were deeply troubled by the images of Israeli police intruding into the funeral procession of Palestinian American Shireen Abu Akleh. Every family deserves to lay their loved ones to rest in a dignified and unimpeded manner.

— Secretary Antony Blinken (@SecBlinken) May 13, 2022

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit lui aussi "profondément troublé" par le comportement "de certains policiers" israéliens, et son "trouble" concerne également les "affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les Palestiniens rassemblés à l'hôpital Saint-Joseph", a indiqué un porte-parole, Farhan Haq.

"Si vous n'arrêtez pas ces chants nationalistes, nous devrons vous disperser en utilisant la force et nous empêcherons les funérailles d'avoir lieu", a déclaré dans un mégaphone un policier israélien en direction de la foule, selon une vidéo diffusée par la police.

D'après le Croissant-Rouge palestinien, 33 personnes ont été blessées lors des funérailles.

Le Conseil de sécurité unanime

Le meurtre  de la journaliste a suscité, dans la nuit de vendredi à samedi, une déclaration unanime du Conseil de sécurité de l'ONU, qui l'a "fermement condamné".

Initiée par les États-Unis, cette très rare position unanime du Conseil de sécurité sur un sujet concernant Israël s'accompagne également d'une demande d'"enquête immédiate, approfondie, transparente et impartiale" sur ce meurtre. Elle souligne "la nécessité de garantir une mise en responsabilité" de son ou ses auteurs, selon le texte obtenu par l'AFP.

L'Autorité palestinienne, Al-Jazira et le gouvernement du Qatar ont accusé l'armée israélienne de l'avoir tuée.

Israël, après avoir affirmé qu'elle avait "probablement" succombé à un tir palestinien, a ensuite dit ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats. Selon elle, il n'est pas possible de déterminer dans l'immédiat l'origine du tir qui pouvait aussi bien être d'origine palestinienne qu'israélienne.

Israël a réclamé que lui soit remise la balle en vue d'un examen balistique, et proposé que des experts palestiniens et américains soient présents lors de cet examen. Mais le président palestinien Mahmoud Abbas a refusé une enquête conjointe avec Israël. "Les autorités israéliennes ont commis ce crime et nous ne leur faisons pas confiance."

Samedi, Hussein al-Cheikh, un ténor de l'Autorité palestinienne, a déclaré sur Twitter "accueillir la participation de tous les organismes internationaux à l'enquête sur l'assassinat de Shireen Abu Akleh". 

Ces derniers mois, l'armée israélienne a lancé plusieurs opérations à la recherche de suspects palestiniens dans le camp de réfugiés de Jénine, un bastion des factions armées palestiniennes d'où étaient originaires des auteurs d'attaques meurtrières en Israël.

Avec AFP