
Selon "Le Figaro", la France n'exclut plus de renforcer sa présence en Afghanistan. De son côté, Barack Obama pourrait annoncer, ce mardi, l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires dans le pays.
Alors que le président américain, Barack Obama, n'a toujours pas dévoilé les grandes lignes de sa nouvelle stratégie pour l’Afghanistan, son administration presse déjà ses alliés - dont la France - d’y renforcer leur présence.
Lundi, le quotidien "Le Monde" révélait que Washington avait demandé à Paris 1 500 hommes supplémentaires aux 3 750 soldats français déjà présents en Afghanistan. Des membres du ministère des Affaires étrangères ont par ailleurs confirmé que la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, s’était entretenue en fin de semaine dernière avec son homologue français Bernard Kouchner.
De son côté, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a refusé de commenter les chiffres rapportés dans la presse, tout en confirmant que "les Américains réclamaient davantage de troupes aux Européens" pour l'Afghanistan. Selon lui, la France n’est pas disposée à envoyer des troupes supplémentaires dans la zone du conflit, mais continuera de se concentrer sur la formation des forces afghanes, afin que ces dernières puissent jouer un plus grand rôle dans la lutte contres les insurgés.
"S'il fallait qu'il y ait un effort supplémentaire, le seul effort qui aurait un sens serait celui porté sur la formation de l'armée et de la police afghanes", a déclaré Hervé Morin, à l’AFP. "Il ne peut y avoir qu’une réponse militaire", a-t-il poursuivi, ajoutant que les alliés devaient aussi se concentrer sur "la construction des institutions afghanes et améliorer la gouvernance".
Sarkozy, prêt à revenir sur ses déclarations ?
Alors que de nombreux rapports font état de la pression américaine exercée sur la France pour qu’elle augmente ses effectifs en Afghanistan, "Le Figaro" afirme que le président Nicolas Sarkozy pourrait revenir sur sa décision de n'envoyer aucun homme supplémentaire sur le front afghan. Dans une interview accordée au quotidien, le 15 octobre, le chef de l’Etat avait en effet déclaré que Paris n’enverrait "pas un soldat de plus" combattre dans le pays.
"L’annonce du président Obama ne saurait entraîner, de façon mécanique, l’envoi de troupes supplémentaires, peut-on lire, ce mardi, dans les colonnes du Figaro. La décision américaine doit être suivie d’engagements beaucoup plus précis du président afghan, en terme d’amélioration du recrutement de l’armée, de formation de la gendarmerie et de lutte contre la corruption."
Engagement américain doublé
Lundi, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a annoncé que le Royaume-Uni augmenterait son contingent de 500 hommes, portant le nombre des soldats de Sa Majesté à 9 500 en Afghanistan d’ici la fin de l’année.
Mardi en fin de journée, Barack Obama devrait annoncer depuis la très prestigieuse académie militaire de West Point, dans l’État de New York, un renfort de 30 000 hommes supplémentaires qui viendraient s’ajouter, dans les mois à venir, aux 21 000 autres soldats déployés en mars. Ce qui signifie que le président américain aura doublé ses forces engagées dans le conflit afghan depuis son arrivée à la Maison Blanche, en janvier.
Selon des experts militaires, 30 000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan représenteraient un coût compris entre 20 et 40 milliards de dollars.
En amont de la déclaration de Barack Obama, la Maison Blanche a fait savoir que le président américain avait d'ores et déjà informé son état-major de sa stratégie pour que celle-ci soit mise en application.
"Le commandant en chef [le président américain, ndlr] a donné des ordres", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, ajoutant que Barack Obama abordera également un calendrier de réduction des troupes dans une guerre qui entre dans sa neuvième année. "Notre temps là-bas sera limité, a-t-il précisé. Nous ne serons plus là-bas dans huit ou neuf ans."