La Haute Autorité de la communication du Mali a rendu publique, mercredi, sa décision de suspension définitive de France 24 et de RFI dans le pays. FMM conteste avec force une telle mesure et entend utiliser "toutes les voies de recours possibles". La France a appelé le Mali à "reconsidérer" sa décision.
La Haute Autorité de la communication du Mali a rendu publique, mercredi 27 avril, sa décision de suspension définitive de France 24 et de RFI au Mali.
"France Médias Monde (FMM) – France 24, RFI et MCD – conteste avec force une telle mesure. Elle utilisera toutes les autres voies de recours possibles", souligne FMM dans un communiqué.
"Nous continuerons à couvrir l'actualité au Mali qui intéresse l'Afrique toute entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessibles nos médias aux Maliennes et aux Maliens qui souhaitent continuer à recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde. FMM rappelle son attachement à l'indépendance et à la liberté d'informer."
L'ONU "profondément consternée"
L'ONU s'est dite, vendredi 29 avril, "profondément consternée" par la suspension définitive de RFI et France 24, au Mali et s'inquiète plus largement des atteintes à la liberté de la presse et d'expression de la part de l'autorité de transition.
"Nous demandons à l'autorité militaire de transition du Mali d'annuler cette interdiction et de permettre aux médias indépendants de travailler librement dans le pays", a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l'homme lors d'un briefing de l'ONU à Genève.
"Ces suspensions ne sont que le dernier acte d'une série d'actions qui limitent la liberté de la presse et la liberté d'expression au Mali et cela se produit à un moment où il faut plus de supervision et non pas moins", a souligné Ravina Shamdasani.
La junte malienne avait ordonné dans la nuit du 16 au 17 mars la suspension de la diffusion de France 24 et de RFI au Mali en raison, selon elle, de "fausses allégations" d'exactions commises par l'armée et rapportées par les deux médias français.
Le gouvernement malien évoquait notamment un reportage des 14 et 15 mars, dans lequel RFI avait donné la parole à des victimes présumées d'exactions qui auraient été commises par l'armée malienne et le groupe privé russe Wagner.
Dans le communiqué signé du colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, le gouvernement malien rejetait "catégoriquement ces fausses allégations contre les vaillantes FAMa" (Forces armées maliennes) et disait engager "une procédure […] pour suspendre jusqu'à nouvel ordre la diffusion de RFI […] et France 24".
FMM avait alors protesté "vivement contre les accusations infondées mettant gravement en cause le professionnalisme de ses antennes" et promis d'étudier toutes les voies de recours.
Une telle suspension de deux grands médias d'information étrangers n'a pas de précédent récent au Mali. RFI et France 24 qui couvrent de près l'actualité africaine, y sont très suivies.
La France fait part de sa "vive préoccupation"
La France a appelé, jeudi 28 avril, le Mali à "reconsidérer" la suspension définitive de RFI et France 24.
"Il s'agit d'une grave atteinte à la liberté de la presse et à la liberté d'expression, dans un contexte de tentatives répétées de manipulation de l'information au Mali. Ces chaînes diffusent leurs programmes dans le plein respect des principes d'intégrité, d'impartialité et d'indépendance. La France appelle les autorités de transition à reconsidérer leur décision", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.