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Les pays de la zone euro prient la Chine de réévaluer le yuan

Réunis ce dimanche à Nankin (est de la Chine), le Premier ministre Wen Jiabao (photo) et les dirigeants des finances du Vieux Continent ont évoqué le taux de change du yuan, sujet de discorde récurrent entre Pékin et les pays de la zone euro.

AFP - Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a déclaré dimanche à Nankin (est de la Chine) que ce n'était pas encore le moment d'arrêter les plans de relance de l'économie en Chine et dans l'Union européenne.

"Nous estimons que le moment n'est pas encore venu de retirer les plans de relance de l'économie en cours dans différentes parties du monde", a affirmé M. Juncker à la presse, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao.

M. Juncker était accompagné des deux autres responsables des finances de la zone euro, le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet.

"Il n'y aura pas de retrait important de mesures de relance dans la zone euro en 2010", a-t-il aussi dit.

Cette rencontre intervient à la veille du sommet Chine-Union européenne, qui va se dérouler à Nankin, une métropole de plus de sept millions d'habitants, située à 300 km de Shanghai, dans l'une des provinces les plus développées de Chine, le Jiangsu.

Outre le chef du gouvernement chinois, les responsables européens ont rencontré le ministre des Finances Xie Xuren, le gouverneur de la Banque centrale de Chine, Zhou Xiaochuan et le président de la Commission pour le développement et la réforme, principal organe de planification économique, Zhang Ping.

Les Européens ont de nouveau appelé Pékin à une "appréciation ordonnée et graduelle" du yuan, a souligné M. Juncker.

"Il semble que ce serait opportun", a déclaré pour sa part M. Trichet.

"Nous ne défendons pas seulement les intérêts de l'économie européenne. Nous défendons ce que nous pensons être l'intérêt supérieur à la fois des Chinois, de l'économie européenne et de l'économie mondiale", a souligné le président de la Banque centrale européenne.

Les Européens, principaux partenaires commerciaux de la Chine, craignent que le taux élevé de l'euro par rapport au yuan ne pèse sur les exportations vers le pays asiatique, ralentissant d'autant la reprise économique.

Le yuan, est de facto arrimé au dollar depuis l'été 2008, ce qui a conduit les industriels européens à réclamer une réévaluation de la monnaie chinoise.

"Depuis un an et demi, le yuan est lié au dollar et cela conduit à une situation qui ne nous satisfait pas", a dit M. Almunia, qui a mis en garde Pékin contre une montée du protectionnisme en Europe s'il n'y avait pas de progrès sur cette question.

"La Chine est le premier exportateur vers l'UE, ses exportations vers l'UE représentent 20% du total de ses exportations. C'est dans l'intérêt de la Chine de ne pas nourrir le protectionnisme et la question du taux de change doit être prise en compte dans cette situation", a lancé le commissaire européen aux Affaires économiques.

Selon les dirigeants des finances de la zone UE, leurs interlocuteurs chinois ont réaffirmé vouloir poursuivre la réforme du système de change, lancé depuis 2005.