Les premiers électeurs d'outre-mer et de l'étranger ont voté dès samedi, décalage horaire oblige, pour un scrutin présidentiel aux enjeux colossaux, avant l'ouverture des bureaux de vote dimanche matin en métropole.
Les Français d'outre-mer et à l'étranger ont voté, samedi 23 avril, décalage horaire oblige, pour le second tour de l'élection présidentielle opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen.
Au large du Canada, l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon était le premier territoire ultramarin à mettre un bulletin dans l'urne à partir de 8 h locales (12 h à Paris), suivi de la Guyane puis des Antilles, du Pacifique et de l'océan Indien.
En Guyane, à l'école Henri-Agarande de Cayenne, certains électeurs comme des pompiers ou des employés des services techniques sont venus voter en tenue de travail. D'autres ont fait le déplacement en couple ou en famille. Pour Sandy Doro, une étudiante de 18 ans, "c'est un droit essentiel qu'il faut exercer". Lyvio Francius, étudiant du même âge, vote aussi pour la première fois, mais sans grand enthousiasme : "C'est ma mère qui m'y a poussé et qui m'a emmené, sinon ça ne m'intéresse pas vraiment."
Au Palais des congrès de Montréal, au Canada, de longues files d'électeurs, chaudement vêtus et masques anti-Covid sur le visage, étaient visibles samedi.
Depuis vendredi minuit, la campagne est officiellement terminée. Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats sont interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne peut être publié avant les résultats dimanche à 20 h.
Quelque 48,7 millions de Français ont le choix, comme en 2017, entre deux candidats aux programmes radicalement opposés pour diriger un pays moteur de l'Union européenne, dans un contexte international particulièrement tendu avec une guerre qui fait rage aux frontières de l'Union européenne.
Europe, économie, pouvoir d'achat, relations avec la Russie, retraites, immigration : ce sont deux projets avec des divergences profondes qui semblent incarner plus que jamais deux France, après un quinquennat émaillé de crises multiples, des Gilets jaunes à la pandémie de Covid-19.
D'un côté, Emmanuel Macron, 44 ans, qui se veut au-delà des clivages gauche/droite. Donné favori dans les sondages, il espère devenir le premier président de la Ve République réélu au suffrage universel hors cohabitation en appelant à faire barrage à l'extrême droite, promettant baisse d'impôts, réforme des retraites et davantage d'écologie.
De l'autre, Marine Le Pen, 53 ans, candidate d'extrême droite - un terme qu'elle récuse - en est à sa troisième tentative. Sèchement battue il y a 5 ans (33,9 % des voix), elle espère faire mentir les enquêtes d'opinion en mobilisant un front anti-Macron sur la thématique de la défense du pouvoir d'achat et de la lutte contre l'immigration.
Risque d'une abstention élevée
Mais "quel que soit le vainqueur, le pays sera forcément plus difficile à gouverner dans les cinq ans qui viennent", a estimé à l'AFP la politologue Chloé Morin. "Si Emmanuel Macron est réélu, le mode de scrutin aux législatives devrait conduire à ce que (les) oppositions plus radicales soient assez faiblement représentées au Parlement. Elles seront donc davantage dans une opposition médiatique ou dans la rue que dans une opposition parlementaire ou dans une culture de compromis", selon elle.
Arbitre et grande inconnue du scrutin : l'abstention risque d'être élevée, voire plus forte dimanche qu'au premier tour (26,31 %). Tout comme les bulletins blancs et nuls qui avaient atteint un record en 2017, attestant du refus de millions de Français de choisir entre les deux finalistes.
Dans leurs dernières enquêtes, les instituts Ifop et Ipsos Sopra Steria évaluent l'abstention entre 26 % et 28 %, en dessous du record pour un second tour de 1969 (31,1 %).
Risque supplémentaire pour la participation, les trois zones scolaires seront en vacances ce week-end, avec notamment le début du congé de printemps pour la région parisienne.
Dans plusieurs villes françaises, on assiste à une ruée sur les procurations. Selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, 601 833 nouvelles procurations ont été établies entre le lendemain du premier tour et mercredi 20 avril, sachant qu'il est possible de donner procuration jusqu'au jour-même de l'élection, le dimanche 24 avril.
La participation en Outre-mer donnera donc samedi une première tendance. D'autant plus que le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, fort de sa troisième place le 10 avril avec 21,95 % des voix au niveau national, était arrivé largement en tête dans les Antilles, particulièrement en Guadeloupe et en Martinique.
Son électorat - plus grosse réserve de voix de l'entre-deux-tours - a été particulièrement courtisé par les deux finalistes. Mais de nombreux sympathisants LFI pourraient être tentés de bouder les urnes.
Avec AFP