A partir du 1er avril 2022, Vladimir Poutine exige le paiement du gaz russe en roubles. Le président russe avait formulé cette exigence pour la première fois la semaine dernière avant de préciser, ce mercredi, qu'elle ne s'appliquait pas à ses "partenaires européens". Ce jeudi voit donc une nouvelle volte-face du maître du Kremlin, inquiétant l'UE.
Face aux changements d'humeurs de Vladimir Poutine, les Européens anticipent une prochaine rupture d'approvisionnement. L'Allemagne et l'Autriche ont enclenché un plan d'urgence, l'Italie s'est placée dès le 27 février en "pré-alerte" ; son gouvernement procède depuis à "un suivi permanent de la situation énergétique nationale".
Pour son approvisionnement en gaz, l'Europe dépend à 40% de la Russie. L'Allemagne en dépendait à 55% le 24 février, jour de l'invasion de l'Ukraine ; elle a depuis réduit ce chiffre à 40% en élargissant la liste de ses fournisseurs. Mais Berlin estime cependant ne pas pouvoir se passer complètement de gaz russe avant la mi-2024.
Cette exigence de paiement en roubles est une mesure de rétorsion de Vladimir Poutine après les sanctions économiques des Occidentaux. Mais les pays du G7 et l'UE y ont opposé une fin de non-recevoir, malgré des effets secondaires lourds. Le chancelier allemand Olaf Scholz estime d'ailleurs que se passer du gaz russe reviendrait à plonger toute l'Europe dans la récession.
Le pétrole aussi pourrait venir à manquer. L'Europe dépend de la Russie à hauteur de 25% à 30% pour ses importations d'or noir. La pression de la guerre en Ukraine a renchérit considérablement le prix du pétrole, passé de 70$ le baril en décembre 2021 alors que la reprise post-Covid s'amorçait à un record de 128$ début mars.
Ces prix élevés inquiètent les économies occidentales, très largement dépendantes des hydrocarbures. Aux Etats-Unis, Joe Biden a annoncé son intention de puiser dans les réserves stratégiques du pays pour produire un million de barils supplémentaires par jour pendant six mois. Cela aura pour effet de faire baisser le prix du carburant et de soulager les ménages américains, déjà malmenés par une inflation exceptionnelle.
L'OPEP+, qui se réunissait ce jeudi, a également été sollicitée pour augmenter sa production. Mais l'organisation des pays producteurs de pétrole et ses partenaires ne feront qu'une augmentation symbolique. Ils ne veulent pas se mettre en danger à long terme pour soulager les intérêts des Occidentaux.