
Yvan Colonna, le militant indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac, est décédé lundi soir des suites de son agression à la prison d'Arles le 2 mars.
Le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, qui se trouvait en mort cérébrale à la suite d'une agression par un codétenu à la prison d'Arles au début du mois, est décédé, lundi 21 mars, à l'hôpital à Marseille, a annoncé sa famille, via son avocat Patrick Spinosi.
"La famille d'Yvan Colonna confirme son décès ce soir à l'hôpital de Marseille. Elle demande que son deuil soit respecté et ne fera aucun commentaire", a précisé Me Spinosi à l'AFP, par texto, confirmant ainsi une information également obtenue par l'AFP de source policière et donnée initialement par le quotidien Le Parisien.
"Yvan Colonna, patriote corse, bien vivant pour l'éternité ! Nous serons toujours à tes côtés", a rapidement réagi sur Twitter, en langue corse, le parti Femu a Corsica de Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de l'île.
Yvan Colonna, Patriottu corsu, vivu è arrittu per l’eternità !
Sarei sempre à fianc’à noi ! pic.twitter.com/B6mZXCHd8O
"Yvan Colonna, mort pour la Corse", a posté, toujours en corse, et encore sur le même réseau social, Core in Fronte, le principal parti indépendantiste, accompagnant son message d'une photo en noir et blanc du militant nationaliste indépendantiste flanquée du message "à toi l'étreinte de cette terre".
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MORTU PER A CORSICA pic.twitter.com/75cMNaoJIm
La seule élue en Corse à réagir en son nom propre a été Marie-Antoinette Maupertuis, la présidente autonomiste de l'assemblée de Corse, qui a présenté ses "condoléances et son soutien" à la famille d'Yvan Colonna.
La mort du militant corse a été doublement saluée en Espagne. Sur Twitter, l'Assemblée nationale de Catalogne a présenté ses "condoléances (...) à l'ensemble du mouvement indépendantiste corse", tout en redisant son "soutien aux mobilisations contestataires". "Deux peuples, un combat. Solidarité et condoléances", a salué de son côté le parti basque Sortu.
Rassemblement à Ajaccio
L'annonce de ce décès n'a pas bouleversé le calme sur l'île de Beauté lundi soir. À Bastia, seules quelques dizaines de personnes se sont réunies, devant les grilles du palais de justice, où elles ont accroché deux banderoles frappées du slogan "Statu francese assassinu" (NDLR : "État français assassin"). Un autre rassemblement avait lieu à Ajaccio, devant la cathédrale, dans le silence.
Le seul message de colère est venu de l'association de défense des prisonniers politiques corses, Sulidarita, qui, via sa secrétaire générale, a tweeté : "Malheur à cet état français assassin".
La candidate de droite à la présidentielle Valérie Pécresse a déploré de son côté "un drame" à l'annonce de la mort d'Yvan Colonna, appelant "à ne pas embraser la Corse".
Tentative d'assassinat terroriste
Yvan Colonna était dans le coma depuis son agression début mars à la maison centrale d'Arles (Bouches-du-Rhône), où il purgeait sa peine de prison pour sa participation à l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998 à Ajaccio.
Il avait été violemment agressé dans la salle de sport de la prison par Franck Elong Abé, un Camerounais de 36 ans présenté comme un "jihadiste", qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans d'emprisonnement pour "association de malfaiteurs terroriste". Ce détenu radicalisé a depuis été mis en examen pour tentative d'assassinat terroriste.
Selon plusieurs sources, l'agresseur d'Yvan Colonna avait justifié son acte par le fait que le militant corse aurait blasphémé et "mal parlé du Prophète".
Le militant indépendantiste, qui était âgé de 61 ans, a été victime "d'une strangulation à mains nues puis d'un étouffement", avec un sac plastique, avait précisé le procureur de Tarascon Laurent Gumbau.
Cette agression avait provoqué une explosion de colère, avec des manifestations parfois violentes, à travers toute la Corse, et ce pendant près de deux semaines. Cette colère avait culminé en émeutes le 13 mars à Bastia, avec une manifestation qui avait fait 102 blessés, dont 77 du côté des forces de l'ordre.
Le calme est revenu la semaine passée avec une visite de trois jours en Corse du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, visite lors de laquelle le locataire de la place Beauvau a promis des discussions avec les élus corses et les forces vives de l'île qui pourraient mener à une éventuelle autonomie pour la collectivité.
Yvan Colonna purgeait depuis 2003 une peine de prison à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac à Ajaccio en 1998.
Une enquête pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" a été ouverte par le parquet national antiterroriste (Pnat) à la suite de son agression, du fait des circonstances de celle-ci et des premiers éléments d'enquête.
Son agresseur Franck Elong Abé, qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans d'emprisonnement pour "association de malfaiteurs terroriste", est mis en examen pour tentative d'assassinat terroriste depuis le 6 mars.
Avec AFP et Reuters