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À la une de la presse, ce mardi 22 février, la décision de la Russie de reconnaître l'indépendance des régions séparatistes prorusses de l'est de l’Ukraine. Une annonce présentée comme une "déclaration de guerre" par une partie de la presse internationale.

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À la une de la presse, la décision de la Russie de reconnaître l’indépendance des régions séparatistes prorusses de l'est de l’Ukraine.

"Tous les membres du vonseil de sécurité se sont prononcés en faveur de l’indépendance de Donetsk et de Louhansk" : d’après le quotidien russe Kommersant, cette annonce "ouvre la voie à une entrée des troupes russes" dans les territoires séparatistes du Donbass, situés dans l'est de l’Ukraine. "Vladimir Poutine reconnaît de facto l’indépendance des républiques populaires autoproclamées en 2014" : selon un politologue cité par le journal Vedomosti, le but de la manœuvre du Kremlin serait de "jouer sur les nerfs" de Washington et ceux de  ses alliés pour les forcer à "faire pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky afin qu'il respecte les accords de Minsk" sur les territoires séparatistes prorusses.

La presse ukrainienne, parcourue par Courrier International, estime que l’annonce du Kremlin est la suite logique des événements de ces derniers jours, qui auraient déjà montré "sans ambiguïté que la partie russe n’était pas disposée à la désescalade". Le journal Den, notamment, affirme que "les agents et les marionnettes de la Russie reproduisent le scénario qui avait déjà été appliqué avant la guerre de Géorgie en 2008, de la même manière grossière", en se livrant à des provocations sur le front et en organisant l’évacuation de la population civile vers la Russie, au nom d’une supposée et imminente "offensive ukrainienne à grande échelle".

La presse européenne, elle, est un peu plus partagée. Une partie des quotidiens semble simplement prendre acte de l’annonce du Kremlin, à l’image du Financial Times, qui rappelle "l’incrédulité" exprimée ces derniers jours, par de nombreux diplomates et dirigeants occidentaux face aux briefings alarmistes des services de renseignement américains, l’opinion de ces "sceptiques" étant que les combats resteront confinés à l'est de l'Ukraine ou que l'objectif de Poutine est avant tout de "créer une pression" suffisante pour le gouvernement ukrainien s'effondre ou que les Occidentaux fassent d’importantes concessions diplomatiques. Sur ce terrain précisément, beaucoup de questions. "Un sommet entre Poutine et Biden a-t-il encore la moindre chance de voir le jour ?» Quid de la rencontre prévue, jeudi 24 février, entre les chefs de la diplomatie russe et américaine à Genève ? Le  journal suisse Le Temps exprime sa perplexité face aux "jeux de pression, de manipulations et de propagande" auxquels se livrent aussi bien Moscou que Washington.

Pour d’autres quotidiens, l'heure n’est plus aux questions sur les intentions de Vladimir Poutine. "Peut-on encore éviter une guerre majeure en Europe ?" Pour The Guardian, la question est purement rhétorique, puisque le quotidien britannique affirme que "la Russie avance vers une action militaire majeure" - une intervention qui aurait été en germe depuis 15 ans, depuis que Vladimir Poutine aurait déclaré "sa guerre personnelle contre l'Occident dans son discours à la conférence de Munich de 2007 sur la sécurité". Le président russe dénonçait, déjà, l’unilatéralisme des États-Unis. 

Le patron du Kremlin est accusé de "poursuivre l’escalade", l’annonce d’hier signant "la fin du processus de paix sous médiation franco-allemande", selon le journal belge Le Soir.

#LeSoirDuJour « Le coup de force de Poutine »
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— Le Soir (@lesoir) February 22, 2022

Le quotidien Le Figaro accuse également Vladimir Poutine de "torpiller les efforts de paix". Pour le journal, la décision de reconnaître l’indépendance des territoires ukrainiens pro-russes "résonne comme une déclaration de guerre". Même son de cloche du côté du Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui voit le président russe "sur le chemin de la guerre". "Personne ne doit plus se faire d’illusions sur à qui nous avons à faire au Kremlin et les Européens doivent tout faire en faveur de la dissuasion – y compris nucléaire", assène le quotidien allemand, qui voit arriver "l'heure des sanctions sévères de l'UE contre la Russie". "L'Union européenne, prévient le journal, doit répondre immédiatement à Poutine. Ne pas le faire, serait continuer à l’encourager".

D’après The New York Times, la réplique occidentale dépendra de l’ampleur de l’attaque russe. Cette attaque prendra-t-elle la forme d’une "incursion mineure" ou d’une "guerre éclair" et massive ? D’après le journal, "le choix de Vladimir Poutine va définir la réaction" de la communauté internationale. The New York Times, qui estime que ce qui est en train de se passer est certes "la guerre de Poutine", mais que "les États-Unis et l’Otan ont leur part de responsabilité". "Le seul endroit où se trouver pour comprendre cette guerre est d’être dans la tête de Vladimir Poutine, le dirigeant russe le plus puissant et le plus incontrôlé depuis Staline. Cela étant dit, l'Amérique n'est pas entièrement innocente dans le déclenchement de cet incendie", écrit le journal, qui met en cause, notamment, "la décision irréfléchie des États-Unis d'élargir l'OTAN après -malgré- l'effondrement de l'Union soviétique".

Plusieurs quotidiens occidentaux s’alarment du ton particulièrement agressif de l’allocution de Vladimir Poutine. Evoquant le discours "décousu" du président russe, The Times semble interloqué par la "leçon d'histoire souvent bizarre" qu’il a livrée hier. "L'Ukraine moderne a été entièrement créée par la Russie, plus précisément la Russie bolchevique et communiste", a déclaré Poutine, ajoutant que Vladimir Lénine était "l'auteur et l'architecte" de l'Ukraine. Des propos qui amènent le quotidien britannique à s’interroger sur la santé mentale du dirigeant, qui a passé une grande partie de la pandémie de Covid-19 enfermé dans sa résidence de campagne, ce qui lui a d’ailleurs valu le surnom, en Russie, de "vieil homme dans le bunker".

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