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Vingt ans après la chute du Mur, où en est Bucarest ?

À l'avant-veille de l'élection présidentielle du 22 novembre, la campagne électorale s'achève en Roumanie. Le débat a été monopolisé par le conflit à couteaux tirés entre le président et le Parlement.

La Roumanie est entrée dans le tourbillon de la présidentielle, dont le premier tour aura lieu le 22 novembre. Le président en fonction, le centriste Traian Basescu, brigue un deuxième mandat et promet aux Roumains d’éradiquer la corruption qui gangrène le pays. Il a déclaré une véritable guerre au Parlement, que les Roumains considèrent comme l’institution nationale la plus corrompue. "Je suis en conflit avec une majorité parlementaire qui refuse de réformer le pays", a-t-il déclaré le 8 novembre devant la foule enthousiaste de Craiova, une ville située dans le sud du pays.

Les discours au vitriole de cet homme providentiel font toujours de l’effet. L’ancien capitaine de vaisseau devenu président en 2004 sait chauffer la foule. Aujourd’hui, il promet aux Roumains une réforme radicale des institutions de l’État. Un État contre lequel il ne mâche pas ses mots. "L’État ne travaille pas pour le contribuable, l’administration trop lourde l’empêche de fonctionner, affirme-t-il. L’État devrait servir ses 22 millions de citoyens mais ne fait que vivre sur leur dos."
Même les policiers sont dans la rue
Le Parlement roumain, aménagé dans l’ancienne maison bâtie par feu le dictateur Nicolae Ceausescu, est menacé. Une bonne partie des 471 parlementaires risquent de perdre leur place. À l’occasion de l’élection présidentielle, le président Traian Basescu organise aussi un référendum. Il demande à ses concitoyens de limiter le nombre de parlementaires à 300. "Basescu a choisi de convoquer ce référendum en même temps que l’élection présidentielle du 22 novembre parce que la haine contre le Parlement est très populaire en Roumanie, explique Sorin Ionita, politologue auprès de la Société académique roumaine. Il a décidé de rassembler son électorat autour de ce thème."
Alors que les parlementaires jouissent de nombreux privilèges, les Roumains ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Les manifestations se succèdent, rassemblant toujours plus de monde. "Je n’ai jamais vu autant de gens depuis la révolution de 1989 !", s’exclame Viorel Toader, un professeur venu manifester avec ses collègues devant le siège du gouvernement. La crise économique touche tout le monde. Même les policiers sont dans la rue. Une bonne occasion pour Traian Basescu de s’immerger dans les bains de foule qu’il aime tant. "Je vous donne rendez-vous au palais présidentiel de Cotroceni, lance-t-il au milieu de la foule de policiers. Je vous réserve une heure et demie pour discuter." Séduire les foules, voilà l’argument de Traian Basescu pour sécuriser son fauteuil présidentiel.