Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est à Berlin jeudi dans le cadre d'une tournée diplomatique. Cette visite vise à trouver avec ses partenaires européens une porte de sortie aux tensions croissantes entre Kiev et Moscou. Le secrétaire d'État américain a jugé que la menace que faisait planer la Russie, soupçonnée de vouloir envahir l'Ukraine en déployant d'importantes troupes aux frontières, rappelait l'époque de la Guerre froide.
De passage à Berlin jeudi 20 janvier, lors d'une tournée diplomatique visant à s'assurer le soutien européen sur le dossier ukrainien, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, s'est inquiété de l'importante présence militaire russe sur la frontière ukrainienne, accusant Moscou de raviver le spectre de la Guerre froide.
"Dissuader la Russie de toute attaque"
"Laisser la Russie violer ces principes (de souveraineté d'un État, NDLR) en toute impunité nous ramènerait tous à une époque bien plus dangereuse et instable, lorsque ce continent et cette ville étaient divisés en deux, séparés par des no man's land où patrouillent des soldats, avec au-dessus de nos têtes la menace d'une guerre totale", a déclaré le diplomate dans un discours dans la capitale allemande.
Anthony Blinken a également mis en garde Moscou contre la moindre incursion militaire en Ukraine. "Tout" franchissement de la frontière ukrainienne par la Russie entraînerait une réaction "rapide et sévère" des États-Unis, a-t-il assuré, alors que les tensions sont au plus haut entre Moscou et les Occidentaux.
"Nous avons toujours été très clairs : tout franchissement par des forces militaires russes de la frontière ukrainienne pour y commettre de nouveaux actes d'agression contre l'Ukraine, entraînera une réponse rapide et sévère des États-Unis, et de nos alliés", a souligné Antony Blinken à l'issue d'un entretien avec son homologue allemande, Annalena Baerbock.
Washington a approuvé les demandes des pays baltes d'expédier des armes de fabrication américaine à l'Ukraine, avait déclaré un responsable américain plus tôt jeudi. Les États-Unis "accélèrent les transferts autorisés d'équipements d'origine américaine provenant d'autres alliés", a indiqué un responsable du département d'État depuis Berlin.
Les quantités exactes et les types d'armes n'ont pas été précisés, mais les arsenaux des pays baltes comprennent notamment des missiles antichar Javelin.
"Nous avons décidé d'envoyer des armes et d'autres aides à l'Ukraine, a confirmé à l'AFP le ministre lituanien de la Défense, Arvydas Anusauskas, selon lequel cette démarche vise à "dissuader" la Russie de toute attaque. "L'histoire nous montre que faire des concessions à l'agresseur finit par aboutir à une grande guerre. Nous ne voulons pas de cela. Tout pays qui se défend doit avoir la possibilité de le faire", a ajouté le ministre.
Les Occidentaux "agissent ensemble"
Les Occidentaux "agissent ensemble d'une seule voix lorsqu'il s'agit de la Russie. Cette unité nous donne de la force – une force, pourrais-je ajouter, que la Russie n'a pas et ne peut pas égaler", a déclaré Antony Blinken à l'issue de ses entretiens avec le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne. Après Berlin, il doit rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à Genève vendredi.
Le président américain Joe Biden avait auparavant suscité la controverse en semblant indiquer qu'une "incursion mineure" de la Russie pourrait entraîner une réponse plus modeste des alliés de l'Otan. La Maison Blanche a ensuite clarifié cette remarque, assurant que la réponse serait "sévère" en cas d'attaque militaire contre l'Ukraine.
"Nous exhortons la Russie à prendre des mesures en vue d'une désescalade", a déclaré la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, lors de cette conférence de presse. "Toute nouvelle position agressive, toute nouvelle agression, aurait de graves conséquences", a ajouté la ministre. Selon elle, "rien de moins n'est en jeu que la préservation de l'ordre de paix européen".
Agir malgré les retombées économiques
Annalena Baerbock a assuré que les alliés occidentaux n'hésiteraient pas à agir, même si cela incluait des mesures qui "pourraient avoir des conséquences économiques pour nous-mêmes". Le gazoduc Nord Stream 2, récemment achevé mais pas encore certifié, qui devrait doubler l'approvisionnement en gaz russe de l'Allemagne, a longtemps été considéré comme une monnaie d'échange possible dans la crise.
Principal soutien du projet, l'Allemagne a régulièrement insisté sur le fait que le gazoduc n'était qu'un projet commercial et ne devait pas être arrêté pour des raisons politiques. Mais le chancelier Olaf Scholz a dissipé cette semaine les ambiguïtés sur l'avenir de ce projet, affirmant que l'Allemagne s'était engagée auprès des Américains à bloquer sa mise en service si la Russie attaquait l'Ukraine.
La Russie nie toute velléité belliqueuse en Ukraine, se dit menacée par le renforcement de l'Otan dans la région et assure que ses milliers de soldats à la frontière ukrainienne ne sont pas une menace.
Avec AFP