Le Premier ministre britannique Boris Johnson fait face mercredi aux députés, parmi lesquels une vingtaine de jeunes élus conservateurs se sont réunis mardi pour discuter d'un vote de défiance. Un membre de son parti, le député Christian Wakeford, a décidé de rejoindre l'opposition travailliste.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est montré combatif mais à nouveau fragilisé, mercredi 19 janvier, face aux députés et la rébellion de jeunes élus de sa majorité exaspérés par le scandale des fêtes à Downing Street.
La séance hebdomadaire des questions au Premier ministre a débuté par une cinglante défection : celle du député Christian Wakeford qui rejoint l'opposition travailliste.
"Vous et le parti conservateur dans son ensemble vous êtes montrés incapables d'offrir le leadership et le gouvernement que ce pays mérite", lui a lancé dans un message rendu public le député du Bury South, une circonscription du nord de l'Angleterre ravie par les conservateurs aux travaillistes lors des élections législatives.
Malgré une série d'annonces politiques aux accents populistes visant à reconquérir sa base et l'annonce de la fin la semaine prochaine de l'essentiel des restrictions anti-Covid en Angleterre, le dirigeant conservateur se trouve en position de plus en plus précaire.
La presse britannique rapporte qu'une vingtaine de jeunes députés conservateurs se sont réunis mardi pour discuter d'un vote de défiance envers Boris Johnson.
Ces Tories, issus des circonscriptions raflées au Parti travailliste lors des législatives de 2019, pensent avoir réunis assez de voix pour le renverser dans ce que la presse surnomme déjà le "complot du pork pie", cette tourte au porc qui est une spécialité de la circonscription de l'une de ces élus.
"L'ambiance tourne au vinaigre" selon le Guardian. "Les députés rebelles conspirent pour évincer Boris Johnson", titre le Telegraph, journal habituellement favorable au gouvernement.
Tourbillon de révélations
Pris dans un tourbillon de révélations sur des fêtes organisées à Downing Street alors que le Royaume-Uni vivait sous de strictes contraintes sanitaires, Boris Johnson, 57 ans, traverse actuellement sa pire crise depuis son éclatante accession au pouvoir à l'été 2019.
Ses excuses au Parlement -où il a reconnu sa présence à l'une de ces fêtes en mai 2020 tout en affirmant avoir pensé qu'il s'agissait d'une réunion de travail- n'ont pas calmé le jeu.
Pour l'évincer de la tête du parti conservateur - et par là de Downing street-, il faudrait qu'au moins 54 Tories envoient un courrier au "comité 1922" réclamant un vote de défiance. Pour le moment, sept députés ont reconnu avoir fait cette démarche, mais une trentaine l'aurait fait selon la presse qui se demande si la barre sera atteinte avec la révolte des jeunes élus.
"Je pense qu'on l'a fait, mais c'est difficile à dire", a confié à la BBC un participant. Un autre affirme au Telegraph que "l'heure est venue" pour le Premier ministre. Selon le Financial Times cependant, l'indécision règne encore et certains veulent encore attendre les conclusions de l''enquête menée sur ces événements festifs par la haute fonctionnaire Sue Gray.
Cette dernière doit notamment interroger l'ex-conseiller de Boris Johnson, Dominic Cummings, devenu son ennemi juré, qui l'a accusé de mensonge.
De nouvelles excuses
Sur Sky News, le secrétaire d'État aux Armées James Heappey a relativisé la rébellion des jeunes élus, "pas surprenante" : "J'ai de la sympathie pour ces collègues, ce n'est pas facile" vis-à-vis de leurs électeurs, "beaucoup sont sous pression parce que le public britannique est absolument furieux".
Outre les fêtes pendant le confinement, le Premier ministre est éclaboussé par plusieurs scandales de favoritisme et fait face à une crise du pouvoir d'achat, l'inflation atteignant son plus haut niveau en 30 ans au Royaume-Uni en décembre.
Disant comprendre la colère du public, Boris Johnson a réitéré mardi ses excuses pour ses "mauvais jugements", lors d'une interview où il est apparu particulièrement abattu.
Mais interrogé à plusieurs reprises sur une possible démission, il a systématiquement éludé, renvoyant aux conclusions attendues prochainement de l'enquête interne.
Selon les médias britanniques, Boris Johnson prévoit une série de mesures aux accents populistes surnommées "Opération os à ronger" pour sauver son poste. Son gouvernement a ainsi dit vouloir recourir à l'armée pour bloquer les arrivées de migrants par la Manche et envisager de supprimer la redevance finançant la BBC, deux sujets sensibles pour sa base.
Avec AFP