Après deux jours de violences, un calme relatif est revenu au Kazakhstan secoué par une contestation. Le président russe Vladimir Poutine et son homologue kazakh Kassym-Jomart Tokaïev ont eu une "longue" conversation téléphonique afin de discuter de la situation de crise et sont convenus de rester en contact "permanent".
Depuis le début de l'année, le Kazakhstan fait face, sur son territoire, à une fronde de grande ampleur déclenchée par une hausse du prix du gaz et qui a conduit à une violente répression. Après deux jours de violences, la capitale Almaty avait des allures de ville fantôme, samedi 8 janvier, la plupart des banques, supermarchés et restaurants restant fermés, tandis que des blindés de la police patrouillaient les rues, toujours jonchées de carcasses de véhicules calcinés.
"Il y a encore eu quelques tirs ce (samedi 8 janvier au) matin qui ont été entendus vers 8 h. C'est un calme relatif. C'est une situation particulière, mais on a l'impression que l'ordre revient peu à peu dans cette ville qui a été le théâtre d'affrontements très violents", décrit Régis Gente, le correspondant de RFI dans la région.
"Dans le reste du pays, les manifestations continuent, mais beaucoup moins importantes que précédemment avec des manifestants qui pour certains disent, 'il faut continuer, il faut obtenir des réformes politiques' et d'autres qui disent 'on a obtenu ce qu'on voulait, le prix du gaz, du carburant, a repris son cours normal'", ajoute Régis Gente.
L'arrestation de l'ancien chef de la sécurité
À la suite des émeutes, le Comité national de sécurité (KNB) a indiqué, samedi, que son ancien directeur, Karim Massimov, avait été placé en détention jeudi après le lancement d'une enquête pour haute trahison.
"Le 6 janvier de cette année, le Comité national de sécurité a lancé une enquête préliminaire pour haute trahison", est-t-il précisé dans un communiqué. "Le même jour, l'ancien directeur du KNB, K. K. Massimov, soupçonné d'avoir commis ce crime, a été arrêté et placé dans un centre de détention provisoire avec d'autres personnes", poursuit le communiqué.
Allié proche de l'ex président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, Karim Kajymkanouli Massimov, ancien Premier ministre, a été démis de ses fonctions de chef du KNB cette semaine.
"Ce qui se joue, c'est un changement d'élite, en tout cas une reprise en main par un président qui avait jusque-là un pouvoir assez symbolique", résume Régis Gente.
Un entretien entre Poutine et le président kazakh "pour restaurer l'ordre"
Le chef de l'État, Kassym-Jomart Tokaïev, a autorisé vendredi les forces de sécurité à "tirer pour tuer" afin d'étouffer toute rébellion et, fort de l'appui de la Russie, a exclu de négocier avec les manifestants.
Il a également eu une une "longue" conversation téléphonique avec son homologue russe afin de discuter de la situation de crise au Kazakhstan, a annoncé samedi le Kremlin dans un communiqué. "Les présidents ont échangé leurs points de vue sur les mesures prises pour restaurer l'ordre au Kazakhstan", indique le communiqué, ajoutant que les deux dirigeants sont convenus de rester en contact "permanent".
Moscou a par ailleurs dénoncé les commentaires "grossiers" du secrétaire d'État américain Antony Blinken, qui avait prévenu vendredi qu'il serait "très difficile" pour le Kazakhstan d'obtenir le retrait des troupes russes une fois le feu vert octroyé pour une intervention sur son territoire. "Le secrétaire d'État américain a essayé de faire de l'humour sur la tragédie qui se déroule au Kazakhstan", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur Facebook.
Un contingent de troupes russes et d'autres pays alliés de Moscou sont arrivés jeudi au Kazakhstan pour appuyer le pouvoir en place en protégeant les bâtiments stratégiques et en épaulant les forces de l'ordre.
De son côté, l'ex président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a appelé la population à soutenir le gouvernement pour faire face à la crise que traverse le pays, a déclaré samedi son porte-parole. L'ancien chef de l'État "appelle tous les citoyens à se rassembler autour du président du Kazakhstan pour lui permettre de surmonter cette crise et de garantir l'intégrité du pays", a écrit le porte-parole, Aidos Ukibay, sur Twitter.
Avec AFP