
La participation au troisième et dernier référendum d'autodétermination s'établissait à 41,60 % dimanche à 17 h, en forte baisse par rapport aux précédents scrutins. Ce référendum s'inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de violences entre les Kanaks, peuple premier, et les Caldoches, d'origine européenne.
C'est un scrutin qui n'attire pas les foules. La participation au troisième et dernier référendum d'autodétermination s'établissait à 41,60 % dimanche 12 décembre à 17 h (7 h à Paris), selon le Haut-commissariat. Une très forte baisse par rapport aux deux précédents, ce scrutin étant marqué par l'appel à la "non-participation" des partis indépendantistes, qui doit favoriser le camp du "non" à l'indépendance.
Les 307 bureaux de vote ont ouvert dimanche à 7 h (21 h, samedi, à Paris) pour un troisième référendum d'autodétermination, après ceux du 4 octobre 2020 et du 4 novembre 2018, qui ont vu le "non" à l'indépendance l'emporter respectivement à 56,7 %, et 53,3 %.
Lors de la première consultation, la participation s'établissait à 17 h à 73,68 %, et elle était de 79,63 % en 2020.
"Les bureaux de vote ont tous ouvert leurs portes ce matin et les opérations électorales s'y tiennent sans qu'aucun incident n'ait été signalé à ce stade", a assuré le Haut-commissariat dans un communiqué. Il a cependant indiqué "une tentative de barrage routier sur un axe de l'île des Pins", qui a nécessité l'intervention des gendarmes – sans donner plus de détails.
Au bureau de vote de Candide-Koch, dans le quartier mixte de la Vallée-des-Colons, il y avait à 9 h une queue de plusieurs mètres à l'extérieur, sous une chaleur accablante.
Pour Cathy, libraire à Nouméa, "ce référendum n'a pas trop de sens car la moitié de la population a décidé de ne pas voter. Je suis venue par civisme. Ce qui m'intéresse, c'est la société qu'on va construire après", a-t-elle indiqué à l'AFP.
"C'est de la provocation"
Les indépendantistes ont en effet annoncé qu'ils ne se rendraient pas aux urnes, invoquant l'impossibilité d'organiser une "campagne équitable" alors que l'archipel est fortement touché depuis septembre par l'épidémie de Covid-19.
Le président du Sénat coutumier, Yvon Kona, a lancé un "appel au calme" jeudi tout en demandant "aux citoyens kanaks et aux progressistes calédoniens d'observer une journée nationale de 'deuil kanak' le 12 décembre 2021 en ne se rendant pas aux bureaux de vote".
Les autorités ont mis en place dans l'île un important dispositif de sécurité de 2 000 gendarmes, policiers et militaires qui, avant même le référendum, s'étaient déployés ostensiblement à Nouméa et aux alentours.
Cette présence des forces de l'ordre, "c'est une provocation pour les jeunes", a déclaré dans la matinée à l'AFP un habitant à Saint-Louis, tribu kanake aux portes de Nouméa, théâtre de violents incidents lors du premier référendum.
À Montravel, cité populaire kanake au nord de Nouméa, le bureau de vote était quasi désert vers 11 h et les forces de police contrôlaient les papiers à l'entrée. Les forces de l'ordre ont également détourné une route de la cité qui longeait le bureau de vote et des hélicoptères ont survolé Montravel, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Pour nous, c'est un jour normal. On ne comprend pas ce déploiement de forces de police et de militaires alors qu'il ne se passe rien. Pour nous, c'est de la provocation. C'est n'importe quoi, on dirait qu'il y a la guerre", déclarent à l'AFP des jeunes de la cité, assis à l'écart du bureau de vote sous un flamboyant en fleurs, et qui se disent plus préoccupés par l'alerte précyclonique déclarée dimanche matin que par le scrutin.
"On dirait Montravel au moment des événements" des années 1980, estime Irène, responsable d'association, qui vient d'aller mettre son bulletin de vote dans l'urne.
Le jour d'après
Ce référendum s'inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de violences entre les Kanaks, peuple premier, et les Caldoches, d'origine européenne. Ces affrontements avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, qui avaient fait 25 morts.
Quel que soit le résultat du référendum, "le jour d'après, il y aura une vie ensemble" avec la France, notamment "compte tenu de la réalité géopolitique de la région", a assuré jeudi le président Emmanuel Macron.
En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l'État qu'après le 12 décembre s'ouvrirait "une période de stabilité et de convergence" avant un "référendum de projet" d'ici juin 2023, qui, en cas de "oui" dimanche, porterait sur la Constitution d'un nouvel État et, en cas de "non", sur un nouveau statut dans la République.
Le dialogue ne sera cependant pas si facile : le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi dans un communiqué qu'ils refusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l'élection présidentielle française, en avril 2022.
La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser de l'ONU.
Avec AFP