Trois militants prodémocratie hongkongais, dont le magnat de la presse Jimmy Lai, ont été reconnus coupables jeudi de rassemblement non autorisé lors d'une veillée en mémoire des victimes de la répression de la place Tiananmen.
Le magnat de la presse de Hong Kong Jimmy Lai et deux autres militants prodémocratie ont été condamnés jeudi 9 décembre pour leur participation, le 4 juin 2020, à un rassemblement interdit qui rendait hommage aux victimes de la répression meurtrière du pouvoir chinois en 1989 sur la place Tiananmen à Pékin.
Jimmy Lai, 74 ans, propriétaire du journal prodémocratique aujourd'hui fermé Apple Daily, l'ancienne journaliste Gwyneth Ho et l'avocate des droits de l'Homme Chow Hang-tung ont été reconnus coupables, entre autres, d'incitation et de participation à un rassemblement illégal. Les peines seront prononcées lundi.
Les autorités ont inculpé une vingtaine de responsables politiques et de militants prodémocratie. Jimmy Lai et ses coaccusés, Chow Hang-tung et Gwyneth Ho, sont les derniers à connaître leur verdict, car ils avaient plaidé non coupable. Ils ont fait valoir qu'ils étaient allés allumer des bougies à titre personnel et n'avaient pas "incité" d'autres personnes à se joindre à un rassemblement interdit.
Déjà derrière les barreaux
La juge du tribunal de district de Wanchai Amanda Woodcock a rejeté ces arguments. "La réalité est que toute intention de sortir et de participer à la veillée aux chandelles dans le parc Victoria cette nuit-là était un acte de défi et de protestation contre la police", a déclaré la juge.
Jimmy Lai, Chow Hang-tung et Gwyneth Ho sont déjà derrière les barreaux, comme des dizaines d'autres militants, et font l'objet de poursuites distinctes en vertu de la stricte loi sur la sécurité nationale.
"Le gouvernement de Hong Kong a une fois de plus bafoué le droit international en condamnant des militants simplement pour avoir participé à une veillée pacifique", a réagi Amnesty International dans un communiqué. "Les gens devraient être libres de pleurer et de se souvenir pacifiquement des victimes de la répression de Tiananmen – et poursuivre des gens pour cela constitue une attaque flagrante contre les droits à la liberté d'expression et de réunion", a ajouté l'ONG.
Depuis plus de trois décennies, chaque 4 juin, des dizaines de milliers de personnes se réunissaient dans le parc Victoria pour participer à ces veillées en commémoration de la sanglante répression en 1989 de la place Tiananmen. Ces rassemblements, au cours desquels étaient scandés des slogans en faveur de la démocratie en Chine, étaient devenus l'un des symboles des libertés politiques dont jouissait le territoire semi-autonome.
Cette année, Pékin a clairement indiqué que ces commémorations ne seraient plus tolérées à Hong Kong ou à Macao. Il y a quelques mois, seize responsables politiques et militants, parmi lesquels Joshua Wong, le visage le plus connu de la contestation hongkongaise, avaient été condamnés à des peines de six à dix mois d'emprisonnement pour leur participation en 2020 à cette veillée, et quelques-uns ont écopé de peines avec sursis.
Les opposants voient dans l'interdiction de ces veillées et ces poursuites judiciaires une manière pour la Chine d'imprimer sa marque autoritaire sur Hong Kong, après les immenses et souvent violentes manifestations prodémocratie de 2019.
En juin 2020, Pékin a imposé à la ville une loi draconienne sur la sécurité nationale, visant notamment à criminaliser toute dissidence. Plus de 70 personnes ont été inculpées en vertu de cette législation, et plus de 140 ont été arrêtées, dont Jimmy Lai, Chow Hang-tung et Gwyneth Ho.
Avec AFP