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La Chine demande à "ne pas monter en épingle" l'affaire Peng Shuai

Dans une rare réaction officielle, un porte-parole du gouvernement chinois, Zhao Lijian a appelé à ne pas faire de l'affaire Peng Shuai une "question politique". 

La Chine a appelé mardi 23 novembre à ne pas "politiser" et "monter en épingle" l'affaire Peng Shuai dans une rare réaction officielle aux accusations de rapport sexuel "forcé" formulées par la joueuse de tennis envers un ex-haut responsable du régime.

La sportive de 35 ans, championne du double à Roland-Garros en 2014, avait publié début novembre sur le réseau social chinois Weibo un long message sur sa relation avec l'ex-vice Premier ministre Zhang Gaoli, de 40 ans son aîné.

Dans ce texte en forme de lettre ouverte, elle s'épanchait longuement sur ses sentiments à l'égard de l'ex-dirigeant, retraité depuis 2018. Elle lui reprochait notamment de l'avoir forcée à une relation sexuelle il y a trois ans.

Jusqu'à présent, le ministère chinois des Affaires étrangères se refusait à tout commentaire sur cette affaire, affirmant qu'elle ne relevait pas de la sphère diplomatique.

Interrogé à nouveau, mardi, sur l'impact de la polémique sur l'image de la Chine, un porte-parole, Zhao Lijian, a toutefois brièvement réagi lors d'un point presse.

"Je pense que certains doivent cesser de délibérément monter en épingle cette question à des fins hostiles, et surtout d'en faire une question politique", a-t-il déclaré.

Le porte-parole n'a pas précisé qui il visait précisément par ses propos.

Outre de nombreuses stars du tennis mondial, de Chris Evert à Novak Djokovic, plusieurs pays occidentaux, notamment la France et les États-Unis, ont demandé à Pékin de faire la lumière sur le sort de Peng Shuai.

Plusieurs semaines de disparition

Après la censure de son message début novembre, la championne n'était pas apparue publiquement, ce qui a alimenté les inquiétudes quant à sa situation.

Peng Shuai est finalement réapparue ce week-end dans un restaurant de Pékin et lors d'un tournoi de tennis organisé dans la capitale chinoise, selon des vidéos publiées par des médias officiels.

Dimanche, elle a aussi dialogué par visioconférence avec Thomas Bach, le président du Comité international olympique (CIO).

Selon le CIO, Peng Shuai a expliqué qu'elle était "saine et sauve à son domicile à Pékin mais qu'elle aimerait que sa vie privée soit respectée".

La WTA, l'instance chapeautant le circuit professionnel féminin de tennis, s'est toutefois montrée sceptique. "C'était bien de voir Peng Shuai dans des vidéos récemment, mais elles n'atténuent ni ne répondent à l'inquiétude de la WTA concernant son bien-être et sa capacité à communiquer sans censure ni coercition", a indiqué lundi l'organisation dans un communiqué.

"Cette vidéo ne change rien à notre appel à une enquête exhaustive, équitable et transparente, sans censure, sur ses allégations d'agression sexuelle."

La WTA menace de retirer la Chine de son circuit de tournois si les autorités chinoises ne font pas la lumière sur les accusations de la joueuse.

"Collaboration active"

Perplexe après la visioconférence de Thomas Bach avec Peng Shuai, l'association Human Rights Watch (HRW) a accusé le CIO de "collaboration active" avec Pékin.

"Le CIO semble accorder plus d'importance à sa relation avec un pays qui viole les droits humains qu'aux droits et à la sécurité des athlètes olympiques", a indiqué dans un communiqué l'organisation basée à New York.

Dans son message, Peng Shuai évoquait aussi ses sentiments pour Zhang Gaoli, leurs "personnalités qui collent bien", leurs "sujets de discussions inépuisables", leurs parties de tennis de table ou encore de billard.

Elle lui reprochait également de l'avoir entraînée dans une relation amoureuse toxique, à savoir une cohabitation inconfortable avec sa femme et une histoire cachée du grand public, la vie privée des dirigeants étant taboue en Chine.

Les deux sont restés amants jusqu'à une dispute quelques jours avant le début de l'affaire, selon le message de la championne. 

Zhang Gaoli, âgé de 75 ans, était jusqu'à début 2018 membre permanent du bureau politique du PCC et à ce titre l'un des sept hommes les plus puissants de Chine. 

La plupart des Chinois ne sont pas au courant de l'affaire, car celle-ci est censurée en Chine dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Avec AFP