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Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique Rafael Grossi a affirmé mardi chercher un "terrain d'entente" avec l'Iran, sur fond d'inquiétude occidentale après l'augmentation par Téhéran de son stock d'uranium hautement enrichi en riposte aux sanctions américaines.

En visite à Téhéran, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a affirmé mardi 23 novembre au soir vouloir chercher un "terrain d’entente" avec la république islamique. Alors que les négociations autour du programme nucléaire iranien sont sur le point de reprendre, les Occidentaux s’inquiètent de l’augmentation par l’Iran de son stock d’uranium hautement enrichi.

La visite de Rafael Grossi intervient à moins d'une semaine de la reprise prévue à Vienne des négociations pour sauver l'accord international sur le nucléaire iranien suspendues depuis juin.

Arrivé lundi soir à Téhéran, le responsable du gendarme du nucléaire a rencontré le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, et le chef de la diplomatie, Hossein Amir-Abdollahian. Ce dernier a appelé à ne pas politiser les discussions.

"Notre travail a été intense (...) Nous poursuivons nos négociations afin de trouver un terrain d'entente", a affirmé Rafael Grossi lors d'une conférence de presse avec le chef de l'OIEA. "Nous travaillons aussi sur d'autres sujets", a souligné le patron de l'AIEA. "C'est très important de mettre le tout dans la perspective du programme nucléaire pacifique de l'Iran", qui a toujours nié vouloir se doter de l'arme nucléaire, a-t-il dit.

Dans un bref communiqué, l'OIEA a pour sa part affirmé que "l'établissement d'un cadre clair de coopération entre l'OIEA et l'AIEA était l'un des principaux sujets de discussion entre les deux responsables".

Téhéran appelle le gendarme du nucléaire à "ignorer les pressions politiques"

Rafael Grossi a également eu au cours de cette visite son premier entretien avec Hossein Amir-Abdollahian, depuis la mise en place du nouveau gouvernement en août, après l'élection présidentielle remportée en juin par l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi.

Le ministre des Affaires étrangères, qui a la haute main sur le dossier nucléaire, a appelé l'AIEA à éviter de politiser les discussions autour du programme nucléaire iranien. "L'agence doit coopérer avec Téhéran dans le cadre de ses fonctions techniques et éviter de prendre des positions politiques", a-t-il dit, selon une vidéo publiée sur le site de son ministère.

"Notre ministre a insisté sur l'importance du travail technique et impartial de l'Agence, qui doit ignorer les pressions politiques étrangères", selon un communiqué officiel. "L'Iran et l'AIEA ont convenu de résoudre au cours des mois à venir les problèmes techniques qu'il reste encore à régler entre les deux parties ", ajoute le texte.

Taux d'enrichissement 12 fois supérieur à l’autorisé par l’accord de 2015

Le déplacement du chef de l’agence intervient après que l'AIEA a fait état la semaine dernière d'une nette augmentation du stock d'uranium hautement enrichi par Téhéran.

Selon un rapport de l'instance onusienne consulté par l'AFP, la quantité d'uranium accumulée dépasse désormais de plus de douze fois la limite autorisée par l'accord de 2015: elle était ainsi estimée début novembre à 2.489,7 kg.

Surtout, l'Iran a dépassé le taux d'enrichissement de 3,67% fixé par l'accord sur le nucléaire, montant d'abord à 20% : il dispose maintenant de 113,8 kg, contre 84,3 kg fin août.

Puis il a franchi le seuil inédit de 60%, se rapprochant des 90% nécessaires à la confection d'une bombe : il en a produit 17,7 kg, contre 10 kg il y a trois mois.

Ce rapport sera examiné lors du Conseil des gouverneurs de l'AIEA qui s'ouvre mercredi 24 novembre, quelques jours avant le retour lundi 29 novembre des négociateurs à Vienne pour tenter de sauver l'accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire. Les États-Unis participeront de manière indirecte aux discussions.

L'accord international sur le nucléaire iranien a été conclu en 2015 à Vienne entre l'Iran d'une part et les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie, la France et l'Allemagne de l'autre.

Il offrait à Téhéran la levée d'une partie des sanctions internationales étranglant son économie en échange d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l'ONU. Mais Washington a quitté unilatéralement l'accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, et rétabli les sanctions contre Téhéran. En retour, l'Iran a progressivement abandonné ses engagements.

L'actuel président américain Joe Biden s'est dit prêt à revenir dans le pacte, à condition que l'Iran renoue parallèlement avec les restrictions à son programme nucléaire.

Avec AFP