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La pression monte à l'approche de la conférence de Copenhague

Alors que la France et le Brésil s'allient pour tenter de sauver la conférence de l'ONU sur le climat d'un fiasco annoncé, les États-Unis et les pays membres de l'Apec jugent "irréaliste" la signature de tout accord contraignant.

REUTERS - France et Brésil d'un côté, Etats-Unis et pays du Forum de coopération Asie-Pacifique (Apec) de l'autre, ont fait monter ce week-end la pression, à trois semaines de la conférence de Copenhague sur le climat.

Le président français, Nicolas Sarkozy, et son homologue brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, ont rendu publique samedi une position commune à laquelle ils veulent rallier le reste du monde pour isoler les Etats-Unis et la Chine et amener ce "G2" à des concessions.

"Il nous faut l'Amérique du Sud, l'Afrique et la majeure partie des pays d'Asie pour créer le mouvement nécessaire pour convaincre les Etats-Unis, la Chine et éventuellement d'autres pays de faire les efforts voulus", souligne l'Elysée.

Les présidents français et brésilien ont promis de se rendre "personnellement" dans la capitale danoise pour la conclusion de la conférence sur le climat, qui débutera le 7 décembre.

Nicolas Sarkozy a précisé qu'il allait demander à tous les dirigeants européens d'en faire autant afin de soutenir leurs ministres de l'Environnement. "C'est une affaire de chefs d'Etat, de chefs de gouvernement", a-t-il dit à la presse.

A l'autre bout du monde, à Singapour, Barack Obama et les autres dirigeants des pays de l'Apec ont jugé "irréaliste" la conclusion à Copenhague d'un accord légalement contraignant.

Le président américain, qui rencontrera mardi à Pékin son homologue chinois Hu Jintao, avait déjà torpillé l'idée d'un sommet intermédiaire à Singapour, parallèle à celui de l'Apec.

De plus, la référence à un objectif de réduction globale des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 50% d'ici 2050 a disparu de la déclaration finale de l'Apec, semble-t-il à l'insistance de la Chine, selon une source française.

La Chine détient une grande partie de la clef de Copenhague, estime la présidence française.

Mais plus que la Chine, qui a engagé des efforts importants en matière d'énergie renouvelable, ce sont les Etats-Unis qui constituent le problème, estime cependant le ministre français de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo.

Barack Obama est confronté au Congrès à la résistance des républicains et de certains démocrates à son projet de loi sur le climat prévoyant des réductions des émissions GES. Il a admis que ce texte ne serait probablement pas voté avant Copenhague.

Les dirigeants des pays de l'Apec se sont ralliés à l'idée d'un accord en deux temps, présentée par le Premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen : un accord politique d'abord, la signature de clauses contraignantes ensuite.

Axe Franco-Brésilien

Une démarche également préconisée par la France pour éviter que les négociations ne s'enlisent dans des arguties juridiques, mais à condition que le futur accord politique aille au-delà de la simple pétition de principes.

"Est-ce que vous pensez qu'en 35 jours on est capable de mettre au point un texte juridique qui réponde à toutes les questions et tous les problèmes ? Non", a déclaré samedi Nicolas Sarkozy à l'issue de son entretien avec le président Lula.

Mais pas question pour la France et le Brésil d'accepter un "accord au rabais", a ajouté le président français. "L'accord a minima et l'accord de principe qui n'engagerait personne, ce n'est pas notre position."

Les 192 pays invités à la conférence de Copenhague devront "prendre des engagements contraignants, précis, à la fois sur le plan des objectifs et sur le plan financier, notamment pour les pays les plus pauvres", a-t-il insisté.

C'est l'objet du projet français d'accord autour duquel Jean-Louis Borloo s'est efforcé ces derniers mois de rallier les pays africains et d'Amérique latine, l'Inde, le Bangladesh, le Laos et le Cambodge.

Il assure que la "philosophie générale" de cette proposition recueille aujourd'hui "une adhésion très large" et qu'il a reçu la semaine dernière à New Delhi un accueil "extrêmement attentif et positif" du Premier ministre indien, Manmohan Singh.

Jean-Louis Borloo testera de nouveau cette proposition, auprès de 40 de ses collègues, lundi et mardi à Copenhague.

En attendant, c'est la position commune franco-brésilienne rendue publique samedi qui constitue le "coeur" de la stratégie de la France, dit-on à l'Elysée.

Elle reprend l'objectif de réduction de 50% des émissions de GES d'ici 2050 et plaide pour une aide financière substantielle aux pays pauvres mais en reste à des principes assez généraux.

Elle a néanmoins le mérite d'être le premier engagement de ce genre d'un grand pays émergent. Le Brésil a en outre annoncé son intention de réduire de 36% à 39% ses émissions d'ici 2020, par rapport aux projections si aucune mesure n'était prise.