Le journaliste américain Danny Fenster, détenu en Birmanie depuis presque six mois pour incitation à la violence, risque la prison à vie. Il est visé par deux nouveaux chefs d'accusation de sédition et de terrorisme, a annoncé son avocat. Mercredi, Washington a demandé sa libération immédiate.
Les États-Unis ont appelé, mercredi 10 novembre, la Birmanie à libérer "immédiatement" le journaliste américain Danny Fenster. L'homme, arrêté en mai, est désormais passible de la prison à vie après une nouvelle inculpation pour terrorisme et sédition.
"Danny devrait être libéré immédiatement. Son maintien en détention est inacceptable. Le journalisme n'est pas un crime", a déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine. Disant être "au courant" des nouveaux chefs d'accusation à l'encontre de Danny Fenster, il a dénoncé "la nature profondément injuste" de cette détention.
Le journaliste, qui a été arrêté alors qu'il tentait de quitter le pays en mai et était déjà poursuivi pour incitation à la dissidence, association illégale et pour avoir enfreint la loi sur l'immigration, est désormais visé par ces deux nouveaux chefs d'accusation de terrorisme et sédition, a déclaré, mercredi, à l'AFP, son avocat Than Zaw Aung.
Une condamnation en Birmanie au titre de la loi antiterroriste est passible d'une peine allant jusqu'à la prison à vie.
Un négociateur d'otages américain envoyé à Rangoun
"Il est devenu très maigre", a déclaré Than Zaw Aung, au sujet de son client de 37 ans, ajoutant qu'il était "déçu" d'être visé par ces nouvelles accusations.
Elles interviennent quelques jours après que l'ancien diplomate américain et négociateur d'otages Bill Richardson a rencontré le chef de la junte, Min Aung Hlaing, dans la capitale Naypyidaw. Les deux hommes ont discuté de la livraison de vaccins contre le Covid-19 et de matériel médical, d'après l'armée. Mais Bill Richardson n'a pas voulu donner plus de détails sur sa visite en Birmanie.
Elle n'a pas précisé si le cas de Danny Fenster a été évoqué par Bill Richardson, qui a participé par le passé à des négociations pour la libération d'otages américains dans le monde.
Une presse étranglée
"Le cas de Danny est devenu emblématique du mépris total que les militaires birmans ont pour les médias indépendants", a déclaré Emerlynne Gil, directrice régionale adjointe chargée de la recherche à Amnesty International, dans un communiqué. "Ces nouvelles accusations sévères ne font que souligner davantage la tentative maladroite de poursuivre un journaliste indépendant qui devrait être libéré immédiatement et sans condition afin qu'il puisse retrouver sa famille et ses amis."
Le journaliste aurait contracté le Covid-19 pendant sa détention, ont déclaré des membres de sa famille lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes américains en août.
La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le coup d'État militaire du 1er février, qui a mis fin à une brève parenthèse démocratique de 10 ans. La presse est étranglée par la junte, qui tente de renforcer son contrôle de l'information, limitant l'accès à Internet et annulant les licences des médias.
Plusieurs journalistes critiques à l'égard du gouvernement militaire figuraient toutefois parmi les personnes libérées le mois dernier, lors d'une amnistie accordée par la junte à l'occasion d'un festival bouddhiste. Plus de 100 journalistes ont été arrêtés depuis le putsch, selon Reporting ASEAN, une association de défense des droits, qui indique que 31 d'entre eux sont toujours en détention.
Avec AFP