
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé lundi les membres de l'UE à prendre de nouvelles sanctions contre les autorités biélorusses, responsables d'un afflux de migrants à la frontière de la Pologne, qui craint une escalade "de nature armée".
"L'instrumentalisation des migrants dans un but politique est inacceptable", a dénoncé dans un communiqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elle a appelé, lundi 8 novembre, les États membres à approuver de nouvelles sanctions contre les autorités biélorusses, responsables, selon elle, d'un afflux de migrants à la frontière de la Pologne.
L'UE accuse précisément Alexandre Loukachenko, qui le nie, d'avoir orchestré une vague de migrants et de réfugiés en représailles aux sanctions imposées par Bruxelles à la suite d'une répression brutale de son régime contre l'opposition.
Crainte d'une escalade "de nature armée"
Varsovie s'est en effet inquiété lundi d'une escalade "de nature armée" à sa frontière avec la Biélorussie, limite orientale de l'Union européenne où des milliers de migrants sont massés.
"Les forces du ministère de l'Intérieur et des soldats ont réussi à stopper la première tentative de passer la frontière en masse", a assuré sur Twitter le ministre polonais de la Défense. "Les migrants ont installé un camp dans les environs de Kuznica. Ils sont gardés en permanence par les services biélorusses", a-t-il ajouté.
La police aux frontières polonaise a diffusé des vidéos sur Twitter montrant des migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, munis de cutters et de branches pour essayer de forcer le passage de la frontière, hérissée de barbelés coupants, tandis que des policiers polonais en tenue antiémeute veillaient au grain.
Le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Muller a déclaré à la presse qu'au total 3 000 à 4 000 migrants s'étaient massés près de la frontière.
Minsk dément
Les autorités biélorusses démentent avoir organisé l'afflux de migrants. "Tous ces gens, dont des femmes et des enfants, ne présentent aucune menace pour la sécurité et n'ont rien d'agressif", a assuré un responsable des garde-frontières biélorusses, Anton Bychkovsky.
Les garde-frontières biélorusses avaient auparavant confirmé dans un communiqué qu'"un grand groupe de réfugiés transportant des effets personnels se (déplaçait) le long de l'autoroute vers la frontière avec la Pologne".
"Selon ces réfugiés, ils se sont rassemblés pour former un groupe assez large pour empêcher leur expulsion forcée par la Pologne et attirer l'attention de la communauté internationale sur le non-respect des droits de l'homme par Varsovie", a ajouté Anton Bychovsky.
Des médias polonais ont cependant diffusé des interviews de migrants contredisant cette version et expliquant que les Biélorusses les forcent à franchir la frontière.
Nouvelles sanctions
Outre une extension des sanctions contre Minsk, Ursula von der Leyen indique que l'UE "va examiner comment sanctionner les compagnies aériennes de pays tiers" qui acheminent les migrants en Biélorussie.
Belarus must stop putting people’s lives at risk.
I spoke to @MorawieckiM @IngridaSimonyte @krisjaniskarins
I call for approval of extended sanctions, possible sanctions on third country airlines involved.
We also want to prevent a humanitarian crisis and ensure safe returns
"Nous n'hésiterons pas à adopter des sanctions si nécessaire contre les compagnies et les pays qui font le jeu des passeurs", avait averti à la mi-octobre, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
"Les migrants sont munis de visas, de billets d'avions et un appareil est prêt pour les transporter jusqu'à Minsk d'où ils sont acheminés jusqu'aux frontières de la Lituanie, de la Lettonie et de la Pologne", avait-il expliqué. "La route de l'Irak a été fermée cet été, mais d'autres routes ont été ouvertes", avait déploré Josep Borrell.
Le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas, va se rendre "dans les prochains jours dans les principaux pays d'origine et de transit pour s'assurer qu'ils agissent pour empêcher que leurs propres ressortissants tombent dans le piège tendu par les autorités biélorusses", précise le communiqué.
"Inacceptable", selon l'Otan
Les États-Unis ont eux aussi condamné "fermement l'exploitation politique et la manipulation de personnes vulnérables par le régime" biélorusse, par la voix du porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price. "L'utilisation des migrants par le régime Loukachenko en tant que tactique hybride est inacceptable", a également mis en garde l'Otan, appelant la Biélorussie à "respecter le droit international".
De son côté, l'Allemagne a appelé, mardi, l'Union européenne à "faire front commun" pour parer à la situation, assurant par la voix de son ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, que "la Pologne ou l'Allemagne ne peuvent pas faire face à ceci toutes seules". "Nous devons aider le gouvernement polonais à sécuriser sa frontière extérieure. Cela devrait être l'affaire de la Commission européenne. Je l'appelle maintenant à prendre des mesures", a-t-il insisté.
De premières sanctions économiques adoptées fin juin contre Minsk ont frappé les secteurs clés de la potasse, du pétrole et du tabac. Les sanctions individuelles de l'UE contre des responsables du régime biélorusse visent actuellement 166 personnes, dont le président Loukachenko et deux de ses fils. L'adoption de sanctions nécessite l'unanimité des Vingt-Sept.
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Avec AFP