Sept personnes ont été tuées et 140 blessées par des tirs de l'armée soudanaise, lundi, à Khartoum, lors de manifestations massives dénonçant un coup d'État et l'arrestation de la quasi-totalité des dirigeants civils par le général Abdel Fattah al-Burhane. Ce putsch met fin au processus de transition dans le pays, après des semaines de tensions entre autorités civiles et militaires.
Le général soudanais, Abdel Fattah al-Burhane, a dissous, lundi 25 octobre, les autorités du gouvernement de transition dont la quasi-totalité des membres civils sont déjà aux mains de l'armée, décrétant l'état d'urgence alors que des tirs ont fait sept morts et 140 blessés parmi les milliers de manifestants pro-démocratie.
Le coup d'État, dénoncé par la communauté internationale, s'est déroulé en plusieurs étapes. Le Premier ministre Abdallah Hamdok, son épouse, nombre de ses ministres et tous les membres civils du Conseil de souveraineté – plus haute autorité de la transition – ont été arrêtés par des militaires. Lundi soir, ils étaient toujours dans "un lieu inconnu", a indiqué son bureau.
Ces événements interviennent deux jours seulement après qu'une faction soudanaise appelant à un transfert du pouvoir vers un régime civil a mis en garde contre un "coup d'État rampant", lors d'une conférence de presse qu'une foule de personnes non identifiées avait cherché à empêcher.
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2 h : les États-Unis "condamnent fermement" le putsch au Soudan
"Nous rejetons totalement la dissolution du gouvernement civil de transition et de ses institutions et appelons à leur rétablissement immédiat", a affirmé le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un communiqué.
- 23 h 50 : le bilan est de sept morts
Selon un responsable du ministère de la Santé soudanais, au moins sept manifestants ont été tués par balles près du quartier-général de l’armée et 140 autres blessés au cours d’affrontements avec les militaires.
- 22 h 50 : réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU attendue mardi
Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait tenir mardi après-midi une réunion d'urgence à huis clos sur le Soudan à la demande de six pays occidentaux, ont indiqué lundi des diplomates à l'AFP.
Cette session a été réclamée par le Royaume-Uni, l'Irlande, la Norvège, les États-Unis, l'Estonie et la France, a-t-on précisé de mêmes sources.
- 20 h 26 : Washington suspend 700 millions de dollars d'aide
Les États-Unis réclament le "rétablissement immédiat" du gouvernement civil renversé par les militaires au Soudan, et annoncent la suspension d'une aide financière importante de 700 millions de dollars à la transition soudanaise.
"Les responsables militaires doivent libérer immédiatement tous les acteurs politiques et garantir leur sécurité", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, demandant aussi de ne pas "avoir recours à la violence contre des manifestants" et particulièrement de ne pas utiliser de balles réelles.
"Le gouvernement de transition dirigé par des civils doit être rétabli immédiatement, ils représentent la volonté du peuple", a-t-il ajouté.
"À la lumière de ces développements, les États-Unis suspendent" une aide de 700 millions de dollars consacrée à la transition démocratique, a-t-il dit. "Nous suspendons l'ensemble de ce montant."
- 18 h 40 : un "résultat logique" pour la Russie
Contrairement à la réaction de ses homologues européens, la Russie estime que ce putsch est "le résultat logique d'une politique ratée qui a été menée ces deux dernières années". "Les autorités de transition et leurs parrains étrangers se moquaient dans la pratique du désespoir et de la situation pitoyable de la majeure partie de la population", a ajouté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Une ingérence étrangère d'ampleur dans les affaires intérieures de la république a abouti à la perte de confiance des citoyens du Soudan envers les autorités de transition (...), provoquant une instabilité générale dans le pays", a-t-il encore écrit.
- 18 h 40 : le Conseil européen réaffirme son soutien "au processus de transition"
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a exhorté "toutes les parties à garantir l'intégrité du Premier ministre et des responsables civils" soudanais.
- 18 h 30 : trois manifestants tués
Le bilan est désormais de trois morts. Trois personnes ont été tuées et 80 blessées par des tirs de l'armée à Khartoum, a indiqué un syndicat soudanais de médecins prodémocratie.
- 17 h 30 : deux manifestants pro-civil tués et plus de 80 autres blessés
L'identité des deux manifestants tués par des tirs de l'armée se précise. Il s'agit de manifestants partisans d'un pouvoir civil. Le nombre de blessés s'alourdit : "plus de 80 autres blessés" par des tirs de l'armée à Khartoum, annonce un syndicat de médecins prodémocratie à l'AFP.
- 16 h 00 : deux manifestants tués et au moins 40 autres blessés par des tirs de l'armée
Des milliers de manifestants pro-civil essaient de rejoindre le quartier général de l'armée pour exprimer leur mécontentement, ce qui déplaît à l'armée, qui a ouvert le feu. Deux manifestants ont été tués par l'armée à Khartoum, ont indiqué des médecins à l'AFP. Au moins une quarantaine de personnes aurait été blessée par des tirs militaires selon des sources médicales, a rapporté de son côté, notre envoyé spécial Bastien Renouil.
De nombreux tirs ont également été entendus dans le quartier occupé par des manifestants pro-militaires, et ce malgré les promesses du général al-Burhane, qui assurait que ce coup d'État serait effectué sans violences, ajoute notre envoyé spécial.
Les militaires ont tenté de forcer la main au Premier ministre toujours détenu, en essayant de lui faire signer une déclaration disant qu'il reconnaissait le pouvoir militaire. Abdallah Hamdok a refusé de signer ce document et a appelé les Soudanais à continuer de manifester via un communiqué, indique Bastien Renouil.
- 15 h 00 : l'ONU réclame la libération du Premier ministre
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné "le coup d'État militaire en cours" au Soudan et réclamé la libération "immédiate" du Premier ministre Abdallah Hamdok. "Il faut assurer le plein respect de la charte constitutionnelle pour protéger la transition politique obtenue de haute lutte", a-t-il affirmé sur Twitter.
I condemn the ongoing military coup in Sudan. Prime Minister Hamdok & all other officials must be released immediately. There must be full respect for the constitutional charter to protect the hard-won political transition. The UN will continue to stand with the people of Sudan.
— António Guterres (@antonioguterres) October 25, 2021- 13 h 40 : "Les journalistes ont très peur"
"J’habite dans le quartier de l’aéroport, je n’ai pas osé sortir de chez moi aujourd'hui", témoigne auprès de France 24 une journaliste soudanaise, sous couvert d'anonymat. "Depuis ma fenêtre, je vois la fumée des pneus brûlés", poursuit-elle, évoquant des manifestants traversant un pont menant au QG de l'armée. "Cette dernière les a dispersés en tirant en l'air, faisant quelques blessés".
"Il y a aussi eu des échanges de jets de projectiles entre des manifestants soutenant la révolution et d’autres manifestants pro-armée (soutenus par le gouverneur du Darfour, Minni Minawi, et le ministre des Finances, Gibril Ibrahim, tous deux représentants de groupes armés et appelant à dissoudre l’actuel gouvernement)", explique encore la journaliste. "C’est ce qui est le plus triste à voir : des Soudanais qui s’affrontent deux ans après la révolution."
Alors que plusieurs responsables issus de la société civile ont été arrêtés, lundi matin, "les journalistes ont désormais très peur", dit-elle.
- 13 h 05 : la France condamne la tentative de coup d'État
La France condamne "avec la plus grande fermeté" le coup de force militaire au Soudan, a déclaré le président Emmanuel Macron sur Twitter.
La France condamne avec la plus grande fermeté la tentative de coup d'État au Soudan. J’exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l’intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 25, 2021"J'exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l'intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils", ajoute le chef de l'État dans son message.
- 12 h 34 : l'UE appelle à "la libération rapide" des dirigeants civils arrêtés
La Commission européenne a appelé à la "libération rapide" des dirigeants civils du gouvernement du Soudan et réclamé un rétablissement "urgent" des communications dans le pays.
"Nous demandons la libération rapide" des dirigeants arrêtés "et nous appelons urgemment à ce que les moyens de communication ne soient pas entravés pour permettre de joindre ceux qui en ont besoin", a déclaré Nabila Massrali, une porte-parole de l'exécutif européen, ajoutant que "toute violence et bain de sang devaient être évités à tout prix".
- 12 h 15 : le général Abdel Fattah al-Burhane annonce la dissolution des autorités de transition
Abdel Fattah al-Burhane, militaire qui dirige le Conseil de souveraineté au Soudan, a décrété lundi la dissolution de cette instance de transition et du gouvernement, ainsi que l'état d'urgence dans l'ensemble du pays.
Ce dernier, qui a par ailleurs annoncé la formation d'un "gouvernement de personnes compétentes", a affirmé qu'il restait lié par les accords internationaux signés par son pays.
Alors que les rues de Khartoum sont noires de monde dénonçant un "coup d'État", le général al-Burhane a semblé donner des gages à une communauté internationale qui a multiplié les appels à "revenir à une transition civile" pour satisfaire des Soudanais sortis par dizaines de milliers la semaine passée pour réclamer "un pouvoir civil".
- 12 h : l'Union africaine appelle à une "reprise immédiate" du dialogue entre civils et militaires
L'Union africaine a appelé à une "reprise immédiate" du dialogue entre civils et militaires au Soudan après que les forces de sécurité ont arrêté, lundi matin, plusieurs des dirigeants civils du gouvernement, dont le Premier ministre.
"Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki, a appris avec une profonde consternation la grave évolution de la situation au Soudan", affirme un communiqué de l'organisation panafricaine, en appelant à "la reprise immédiate des consultations entre civils et militaires" qui se partagent le pouvoir depuis 2019.
- 11 h 37 : le Premier ministre appelle à "manifester" contre "un coup d'État"
Le bureau du Premier ministre soudanais, aux mains de l'armée lundi matin, a appelé dans un communiqué diffusé par le ministère de l'Information à "manifester" contre "un coup d'État".
"Nous appelons la population soudanaise à protester par tous les moyens pacifiques possibles", a indiqué le bureau de Premier ministre Abdallah Hamdok. Celui-ci a été arrêté tôt lundi par des militaires qui l'ont emmené vers une destination inconnue.
- 11 h 21 : l'armée tire sur des manifestants "refusant le coup d'État"
Le ministère de l'Information soudanais a annoncé que les forces armées tiraient sur des manifestants "refusant le coup d'État militaire" à Khartoum.
L'armée a tiré "à balles réelles" sur des protestataires devant les quartiers généraux de l'armée, dans le centre de Khartoum, dont l'accès est bloqué par des blocs de béton et des soldats depuis plusieurs jours, a ajouté le ministère sur Facebook.
- 11 h 08 : la tentative de coup d'État "doit cesser immédiatement", exhorte Berlin
L'Allemagne a "clairement condamné" la tentative de coup d'État au Soudan qui "doit cesser immédiatement" pour permettre la poursuite d'une "transition politique pacifique vers la démocratie", selon un communiqué du ministre des Affaires étrangères.
"Les informations faisant état d'une nouvelle tentative de coup d'État au Soudan sont atterrantes", a déclaré Heiko Maas, appelant au "dialogue" entre responsables politiques alors que l'armée soudanaise a arrêté les dirigeants civils, notamment le Premier ministre.
- 10 h 01 : l'émissaire de l'ONU au Soudan évoque des arrestations "inacceptables"
Les arrestations des dirigeants civils au Soudan sont "inacceptables", a estimé l'émissaire de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, se disant "très inquiet des informations sur un coup d'État".
"J'appelle les forces armées à relâcher immédiatement les détenus", ajoute-t-il alors que selon le ministère soudanais de l'Information, la quasi-totalité des civils au sein des autorités de transition sont aux mains de "militaires".
- 9 h 42 : la Ligue arabe "préoccupée"
La Ligue arabe s'est dite "préoccupée" par les "développements" au Soudan.
Le secrétaire général de l'organisation panarabe Ahmed Aboul Gheit a fait part dans un communiqué de sa "profonde préoccupation face aux développements" au Soudan et appelé "toutes les parties à respecter" l'accord de partage du pouvoir de transition établi en 2019 après le renversement de l'autocrate Omar el-Béchir.
- 9 h 33 : la télévision d'État prise d'assaut par des soldats
Des soldats ont pris d'assaut le siège de la radiotélévision d'État soudanaise à Omdurman, ville jumelle de Khartoum uniquement séparée par un pont sur le Nil, a indiqué lundi le ministère de l'Information.
"Des employés sont retenus", ajoute le ministère alors que la télévision d'État diffuse actuellement un long concert de musique traditionnelle.
- 9 h 01 : l'Union européenne inquiète de la situation au Soudan
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a fait part, lundi sur Twitter, de la grande préoccupation de l'Union européenne concernant l'évolution de la situation au Soudan.
Il a également appelé les parties prenantes et les partenaires régionaux à remettre sur les rails le processus de transition en cours dans le pays.
Following with utmost concern ongoing events in #Sudan.
The EU calls on all stakeholders and regional partners to put back on track the transition process.
- 8 h 29 : des forces armées détiennent le Premier ministre, Abdallah Hamdok
Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok, placé en résidence surveillée lundi matin par un groupe de combattants armés, a été transféré dans un lieu inconnu après avoir refusé de soutenir le coup d'État militaire en cours à Khartoum, annonce le ministère soudanais de l'Information.
Selon ce ministère, les militaires détenant le Premier ministre ont fait pression sur lui pour qu'il publie un communiqué soutenant le putsch en cours à Khartoum mais il a appelé dans un communiqué les Soudanais à descendre dans les rues pour "défendre la révolution" pacifiquement.
- 8 h 27 : les États-Unis "inquiets"
Les États-Unis se sont dits "profondément inquiets" par les annonces d'arrestations de dirigeants civils au Soudan par des forces militaires.
Ces annonces d'une prise de pouvoir par les militaires vont "à l'encontre de la déclaration constitutionnelle (qui régit la transition dans le pays) et des aspirations démocratiques du peuple soudanais", a tweeté l'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman.
Special Envoy Feltman: The US is deeply alarmed at reports of a military take-over of the transitional government. This would contravene the Constitutional Declaration and the democratic aspirations of the Sudanese people and is utterly unacceptable. (1/2)
— Bureau of African Affairs (@AsstSecStateAF) October 25, 2021- 8 h 20 : fermeture de l'aéroport de Khartoum et suspension des vols
La chaîne de télévision Al Arabiya, basée à Dubaï, a signalé la fermeture de l'aéroport de Khartoum et la suspension des vols internationaux.
Aucun commentaire n'a été effectué dans l'immédiat par l'armée. La télévision publique diffusait ses programmes habituels.
- 8 h : les ministres arrêtés détenus par "les forces militaires"
"Des forces militaires" sont derrière les arrestations de dirigeants civils de la transition appréhendés à leur domicile avant l'aube au Soudan, assure dans un communiqué publié sur Facebook le ministère de l'Information.
"Les membres civils du Conseil de souveraineté" qui chapeaute la transition "et la plupart des ministres (...) ont été emmenés vers une destination inconnue", ajoute le texte.
- 7 h 37 : la plupart des ministres et membres civils du Conseil de transition arrêtés
Le ministre de l'Information a confirmé, lundi, l'arrestation de la plupart des ministres et membres civils du Conseil de souveraineté qui chapeaute la transition au Soudan.
Dans son communiqué, le ministère ne précise toutefois pas si le Premier ministre, Abdallah Hamdok, fait partie des dirigeants arrêtés, alors que des médias ont rapporté qu'il avait été placé en résidence surveillée.
Selon la chaîne Al Hadath, citant des sources non identifiées, le Premier ministre a été placé en résidence surveillée lundi matin après qu'un groupe de combattants armés ont fait le siège de sa maison.
Reuters a de son côté appris, de sources familiales, l'arrestation lundi matin à son domicile du conseiller en communication d'Abdallah Hamdok.
- 6 h 58 : manifestations à Khartoum, l'armée déployée
Un groupe à la tête du mouvement pro-démocratie, l'Association des professionnels soudanais (SPA), a appelé à une grève générale et à la désobéissance civile face au "coup d'État militaire".
"Nous exhortons la population à descendre dans les rues pour les occuper et les bloquer avec des barricades, à organiser une grève générale et à ne pas coopérer avec les putschistes, en utilisant la désobéissance civile pour leur résister", déclare la SPA dans un communiqué publié sur Facebook.
Des manifestants brandissant le drapeau national ont incendié des pneus en différents endroits de Khartoum, a rapporté un journaliste de Reuters.
L'armée s'est déployée dans la capitale Khartoum pour y restreindre les déplacements.
- 6 h : des dirigeants soudanais arrêtés, Internet coupé
Des hommes armés non identifiés ont arrêté tôt, lundi, plusieurs dirigeants soudanais à leur domicile, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale, après des semaines de tensions entre les autorités militaires et civiles de transition dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Le réseau internet a été coupé dans tout le pays, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Depuis l'éviction du président Omar el-Béchir, en avril 2019, le Soudan connaît une transition précaire entachée de divisions politiques et de luttes de pouvoir. Depuis août 2019, le pays est dirigé par une administration composée de civils et de militaires chargée de superviser la transition vers un régime entièrement civil.
Selon des analystes, les récentes manifestations de masse témoignent d'un fort soutien à une démocratie dirigée par des civils, mais les manifestations de rue risquent d'avoir peu d'impact sur les puissantes factions qui font pression pour un retour au régime militaire
Avec AFP et Reuters