L’armée éthiopienne a mené vendredi des frappes aériennes sur Mekele, la capitale de la région du Tigré, quatre jours après le début de l’offensive gouvernementale contre des cibles rebelles.
L'armée éthiopienne a mené, vendredi 22 octobre, de nouvelles frappes sur la capitale de la région en guerre du Tigré, lors d'une quatrième journée d'opérations aériennes cette semaine, a annoncé le gouvernement.
Les frappes de vendredi visaient un centre d'entraînement utilisé par le groupe rebelle du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), a déclaré une porte-parole, Billene Seyoum, indiquant que ce site "servait également de plaque tournante dans les combats" menés par "l'organisation terroriste" du TPLF.
Le gouvernement du Premier ministre, Abiy Ahmed, est confronté depuis onze mois à un conflit dévastateur dans la région septentrionale du Tigré.
Presque un an de conflit
Abiy Ahmed y a envoyé l'armée le 4 novembre 2020 pour chasser les autorités régionales dissidentes issues du TPLF, qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des bases militaires.
Le prix Nobel de la paix 2019 avait proclamé la victoire fin novembre, mais en juin le TPLF a réussi à reprendre la majeure partie de la région, dont Mekele. L'armée éthiopienne s'était alors largement retirée.
Lundi, l'armée de l'air éthiopienne a mené deux frappes sur Mekele qui, selon l'ONU, ont tué trois enfants et blessé plusieurs autres personnes.
Mercredi, elle a bombardé des caches d'armes du TPLF à Mekele et dans la ville d'Agbe, située à environ 80 kilomètres à l'ouest. Un responsable de l'hôpital de la ville a indiqué à l'AFP que cette frappe avait fait au moins huit blessés, dont une femme enceinte.
Une quatrième frappe a visé la capitale régionale jeudi, sans faire de victimes, selon les médecins et le TPLF.
Aucune information n'était disponible immédiatement sur les victimes dans l'opération de vendredi.
"Escalade"
La communauté internationale s'inquiète de ces récentes frappes.
Un porte-parole du département d'État américain a affirmé mercredi que Washington "condamne l'escalade continue de la violence, qui met les civils en danger".
Ces frappes aériennes surviennent alors que des informations font également état d'intenses combats dans la région de l'Amhara, au sud du Tigré, où les rebelles du TPLF ont déclenché une offensive en juillet.
Mercredi, le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a affirmé sur Twitter que les combattants rebelles avaient pris le contrôle d'au moins deux nouvelles villes de la région, plaçant les villes de Kombolcha et de Dessie – où des dizaines de milliers de personnes ont cherché refuge face à l'avancée du TPLF – "à portée d'artillerie".
Une grande partie du nord de l'Éthiopie est soumise à un black-out des communications et l'accès des journalistes est restreint, rendant difficile une vérification indépendante des positions sur le terrain.
Des habitants de Dessie ont signalé jeudi une forte présence militaire dans la région, alors que les civils venant de villes situées plus au nord continuaient d'arriver.
Pénurie de carburant
L'ONU continue d'alerter sur la situation humanitaire désastreuse au Tigré.
Le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha) a souligné dans son rapport hebdomadaire sur le conflit au Tigré, publié dans la soirée de jeudi, que plusieurs organisations humanitaires ont été contraintes de suspendre leur distribution de nourriture, faute de carburant.
Quelque 14 camions-citernes d'essence sont bloqués dans la région de l'Afar, où se trouve la seule route terrestre praticable vers le Tigré, bien qu'ils aient obtenu l'autorisation de circuler, souligne notamment l'agence onusienne.
L'AFP a pu confirmer des décès causés par la faim dans plusieurs parties de la région, sur la base de documents internes et d'une organisation humanitaire sur place.
Détresse alimentaire
L'ONU a déclaré la semaine dernière que le nombre d'enfants admis à l'hôpital souffrant de malnutrition sévère entre février et août était le double de celui de l'année dernière à la même période.
Quelque 2,5 % des enfants examinés ont été diagnostiqués avec une malnutrition sévère durant la semaine dernière, a annoncé jeudi l'ONU, contre 2,3 % la semaine précédente.
Le rapport souligne également qu'entre les 6 et 13 octobre, seules 52 000 personnes ont reçu une aide alimentaire, soit 1 % des 5,2 millions de personnes ciblées par les organisations humanitaires.
"Pour atteindre 5,2 millions de personnes sur un cycle de six semaines, les partenaires devraient pouvoir toucher en moyenne au moins 870 000 personnes par semaine", indique le rapport.
Avec AFP