
Au lendemain d'une journée marquée par des hommages rendus dans les classes, la mémoire de Samuel Paty est honorée samedi dans les villes où il vivait et où il enseignait. À Paris, une plaque a été inaugurée à l'entrée du ministère de l'Éducation nationale par le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer.
Un an jour pour jour après son assassinat, des hommages au professeur Samuel Paty ont lieu, samedi 16 octobre, dans le Val-d'Oise où il vivait, dans les Yvelines où il enseignait, et à Paris où sa famille sera reçue à l'Élysée.
Dès 10 h 30, dans l'entrée du ministère de l'Éducation nationale, a été inaugurée "une plaque qui pour toujours rendra hommage à Samuel Paty", selon les mots du ministre Jean-Michel Blanquer. L'inscription "Hommage à Samuel Paty, 18 septembre 1973 - 16 octobre 2020, professeur d'histoire-géographie et d'enseignement moral et civique. Assassiné par un terroriste islamiste pour avoir enseigné et défendu les valeurs de la République dont la liberté d'expression" figure dessus.
"Nous continuerons, professeur, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes désormais le visage"
Le Premier ministre, Jean Castex, d'autres membres du gouvernement et de nombreux anciens ministres de l'Éducation étaient présents aux côtés de la famille du professeur. Le chef du gouvernement a présenté Samuel Paty comme "un serviteur de la République (...) victime du terrorisme islamiste et de la lâcheté humaine".
Il a été "frappé à mort dans les conditions les plus abjectes qui soient au nom de l'obscurantisme le plus barbare, tout simplement parce qu'il remplissait sa mission dans un de ces collèges de France", a affirmé le chef du gouvernement. "Rendre hommage à Samuel Paty c'est rendre hommage à la République", a-t-il ajouté.
EN DIRECT | Hommage à Samuel Paty. https://t.co/IGoh4vYnum
— Gouvernement (@gouvernementFR) October 16, 2021En début d'après-midi, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), lors d'une rare prise de parole, des enseignants du collège du Bois d'Aulne, où Samuel Paty enseignait, ont prononcé un discours, notamment devant des élèves et des parents, l'ancienne principale de l'établissement et le ministre de l'Éducation nationale. Quelques 300 personnes étaient réunies pour évoquer l'enseignant qui "semblait toujours calme, serein, bienveillant", selon les mots d'un collègue.
En fin de journée, le président de la République, Emmanuel Macron, s'est joint aux hommages en postant, sur les réseaux sociaux, un clip vidéo de 40 secondes honorant la mémoire du professeur. La voix du chef de l'État répète : "À Samuel Paty. Nous continuerons, professeur, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes désormais le visage." Emmanuel Macron devait recevoir la famille de Samuel Paty à l'Élysée.
Vendredi, déjà, d'innombrables écoles, collèges et lycées à travers la France avaient honoré la mémoire de l'enseignant d'histoire-géographie, sauvagement assassiné le 16 octobre 2020 – poignardé et décapité – pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves lors d'un cours sur la liberté d'expression.
À Samuel Paty.
Nous continuerons, professeur. pic.twitter.com/QnW2vXj59E
Un square Samuel Paty à Paris
C'est dans une rue d'Eragny-sur-Oise (Val-d'Oise) que l'attentat s'était produit, à quelques centaines de mètres seulement du collège de l'enseignant. Des habitants de cette commune de près de 16 000 habitants où vivait Samuel Paty, père d'un petit garçon, se sont réunis pour une cérémonie. Des jeunes ont lu des textes évoquant la liberté d'expression et une fresque colorée a été dévoilée sur le mur d'un gymnase, accompagnée d'une citation de Victor Hugo : "La liberté commence là où l'ignorance finit".
À Paris, place Paul-Lainlevé face à la Sorbonne, rue des Écoles, un square a été rebaptisé square Samuel Paty, lors d'une cérémonie que la mairie de Paris voulait simple et recueillie. La maire de la capitale y a participé. "Paris n'oubliera jamais Samuel Paty", a tweeté Anne Hidalgo.
Ce soir, dans l’intimité avec sa famille, la Maire de Paris @Anne_Hidalgo a rendu l’hommage de notre capitale à #SamuelPaty ds le square qui porte désormais son nom, place Paul Painlevé. Demain les parisiennes et les parisiens pourront aller s’y recueillir. #memoire #Laicite pic.twitter.com/X02yhPJg52
— Laurence Patrice (@lau_patrice) October 16, 2021Dans un entretien à La Croix cette semaine, l'une des sœurs de Samuel Paty, Gaëlle, l'avait décrit comme un enseignant "qui ne cherchait pas à révolutionner la terre entière" mais "voulait changer les choses par l'action ordinaire".
Depuis un an, les professeurs traumatisés du collège du Bois d'Aulne, sollicités par les médias, avaient gardé le silence.
Des slams récités par les élèves
Mais la commémoration approchant, sept des cinquante enseignants du collège ont accepté cette semaine de raconter à Libération et à France Inter "leur Samuel Paty", impliqué auprès de ses élèves et toujours prêt à débattre avec ses collègues : "un être humain comme les autres" et non "l'espèce de mythe" que l'attentat l'a fait devenir malgré lui, a dit l'un d'eux.
Après l'attentat, de nombreux professeurs du collège avaient demandé des arrêts de travail. "Jusqu'à quinze enseignants ont pu être absents simultanément", indique le rectorat de Versailles, qui a remis en place une ligne d'écoute jusqu'à la fin de ce mois d'octobre.
La communauté du collège aura aussi été frappée par le fait que cinq élèves, âgés de 13 à 15 ans lors des faits, ont été mis en examen, soupçonnés d'avoir désigné le professeur à son assassin.
L'attentat a été "un bouleversement à plusieurs égards" et sa "répercussion demeure considérable", note Jean-Jacques Brot, préfet des Yvelines. D'un point de vue sécuritaire, "cela a impliqué un sursaut dans la réflexion de tous les services, que ce soit du ministère de l'Intérieur ou de l'Éducation nationale, en matière de renseignements, d'analyse ou de prévision".
Avec AFP