Du nouveau dans l'affaire des moines de Tibéhirine : le ministère français des Affaires étrangères a transmis des documents "susceptibles d'être utiles à la recherche de la vérité" au juge chargé de l'enquête.
REUTERS - Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé mardi avoir transmis des documents au juge chargé de l'enquête sur la mort de sept moines français en Algérie en 1996 après la levée du secret défense.
Le juge d'instruction Marc Trévidic avait saisi les ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Intérieur pour qu'ils remettent les documents secrets qu'ils
détiendraient éventuellement sur ce dossier.
"Le ministère a transmis le 9 novembre au juge d'instruction compétent, en réponse à une demande de ce dernier, des documents émis par les services de ce ministère et susceptibles d'être utiles à la recherche de la vérité", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, lors d'un point de presse.
La transmission est intervenue "après l'avis favorable rendu le 5 novembre" par la commission consultative du secret défense, a-t-il précisé.
Le président Nicolas Sarkozy avait souhaité le 9 juillet que le secret défense soit levé dans l'affaire des sept moines français de Tibéhirine, ajoutant qu'il en serait de même pour l'affaire de l'attentat de Karachi, au Pakistan, dans lequel 11 Français ont été tués en 2002.
L'avocat des familles des victimes, Me Patrick Baudouin, avait demandé cette démarche au juge Trévidic afin de déterminer ce que le gouvernement français connaît de cette affaire, où l'armée algérienne est soupçonnée d'avoir joué un rôle.
Une enquête judiciaire n'a été ouverte en France qu'en 2004, huit ans après les faits, et le juge se demande si ce retard pourrait être dû à des pressions politiques pour ne pas nuire aux relations entre la France et l'Algérie.
Le général François Buchwalter, attaché militaire à l'ambassade d'Alger en 1996, a déclaré le 25 juin dernier à Marc Trévidic que, selon ses informations, les moines de Tibéhirine n'avaient pas été tués par les islamistes qui les détenaient mais par l'armée algérienne lors de l'assaut donné aux insurgés.
Le juge souhaite prendre connaissance des rapports que François Buchwalter dit avoir remis aux autorités françaises à l'époque.
Les autorités algériennes ont toujours désigné le groupe islamique armé (GIA), qui a revendiqué les assassinats, comme responsable du crime.
Les sept moines français avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère de Tibéhirine, situé près de Médéa, à 100 km d'Alger, dans les montagnes de l'Atlas. En mai, les médias algériens avaient fait état de la découverte de leurs dépouilles.