L'Afghanistan et ses voisins vont bénéficier d'un milliard d'euros d'aide européenne, a annoncé l'UE mardi. À long terme, le soutien des 27 sera toutefois conditionné au respect de critères fixés par l'exécutif bruxellois, au titre desquels la protection des droits humains fondamentaux.
Les Taliban afghans ont rencontré pour la première fois une délégation conjointe des États-Unis et de l'Union européenne (UE) mardi 12 octobre à Doha, le jour même où les dirigeants du G20 se sont engagés à travailler ensemble pour éviter une catastrophe humanitaire en Afghanistan.
L'UE a elle promis, lors du sommet virtuel du G20 organisé par l'Italie, de fournir une aide humanitaire d'un milliard d'euros à l'Afghanistan. L'exécutif européen s'était déjà engagé à verser 300 millions d'euros pour éviter la pénurie alimentaire et l'effondrement des services de première nécessité dans ce pays.
"Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter un effondrement humanitaire et socio-économique majeur en Afghanistan. Le peuple afghan ne doit pas payer le prix des actions des Taliban. C'est pourquoi le paquet de soutien est destiné au peuple afghan et aux voisins du pays qui ont été les premiers à leur apporter de l'aide", a précisé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un communiqué.
"Le paquet comprend les 300 millions d'euros à des fins humanitaires déjà convenus. Cette aide humanitaire s'accompagne d'une aide supplémentaire spécialisée pour les vaccinations, l'hébergement, ainsi que la protection des civils et des droits de l'Homme", a précisé la Commission.
Soutenir la population sans légitimer les Taliban
La décision a été prise en concertation avec les États membres au cours d'une réunion des ministres du Développement qui ont décidé "d'adopter une approche calibrée pour apporter un soutien direct à la population afghane afin d'éviter une catastrophe humanitaire sans légitimer le gouvernement intérimaire des Taliban", souligne le communiqué.
Depuis que les Taliban sont revenus au pouvoir à Kaboul le 15 août à l'issue d'une offensive éclair, la crise économique s'est amplifiée en Afghanistan, frappé par ailleurs par une vaste sécheresse, ce qui laisse craindre un exode massif de réfugiés.
"Il y a eu une convergence d'opinions sur la nécessité de répondre à l'urgence humanitaire", a déclaré Mario Draghi aux journalistes à l'issue du sommet, soulignant que le G20 envisageait "un mandat général" à l’ONU afin de superviser la réponse internationale aux problèmes socio-économiques de l’Afghanistan.
Le financement européen sera destiné à soutenir directement la population locale et sera acheminé vers les organisations internationales sur le terrain. L'aide au développement globale de l'UE à l'Afghanistan reste en revanche "gelée", rappelle la Commission. L'UE a établi cinq critères et "ils doivent être atteints avant que la coopération au développement régulière puisse reprendre", a précisé l'exécutif bruxellois.
Pas de reconnaissance des Taliban
Les Taliban doivent notamment respecter les droits humains fondamentaux, en particulier les droits des femmes, le gouvernement afghan doit être inclusif et permettre l'accès à l'aide humanitaire. "C'est très compliqué d'imaginer comment aider le peuple afghan sans impliquer les Taliban (...) mais cela ne veut pas dire les reconnaître", a déclaré Mario Draghi, répétant que le mouvement islamiste serait jugé sur ses actions et non pas ses paroles.
"Il y a une différence entre un dialogue pragmatique, pratique, sur nos intérêts nationaux majeurs que sont pour nous le contreterrorisme, la liberté de déplacement, les droits humains", et "toute sorte de reconnaissance ou de légitimisation des Taliban", a aussi prévenu à Washington le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, tout en saluant des rencontres "positives" et "productives".
Dans un communiqué commun diffusé après le sommet, les dirigeants du G20 appellent les Taliban à agir face aux groupes extrémistes opérant depuis l'Afghanistan. Ils soulignent que les futurs programmes humanitaires devront privilégier les femmes et les filles, et que les Afghans souhaitant quitter le pays doivent pouvoir le faire en toute sécurité.
Avec AFP