
Après cinq mois de blocage, Saad Hariri, Premier ministre désigné du Liban, a présenté hier son nouveau gouvernement d'union nationale. Lequel a tenu ce mardi son premier conseil des ministres.
Le Liban tient enfin son gouvernement d’union nationale. Après 135 jours de tractations, de surenchères et d’invectives, la majorité parlementaire et l’opposition se sont entendus, non sans concessions, pour permettre au Premier ministre, Saad Hariri , d’annoncer lundi la formation de son cabinet.
‘’On attendait la formation de ce gouvernement depuis cinq mois, déclare, à france24.com, Tarek Mitri, ministre de l’Information et proche de l’Alliance du 14-Mars. On va enfin pouvoir se pencher sur les dossiers et répondre concrètement aux attentes des citoyens.’’
Au lendemain de sa formation, le gouvernement d'union nationale a tenu son premier conseil des ministres, présidé par le chef d'Etat Michel Sleimane. Le cabinet a laissé entendre qu'il prendrait soin de ne pas aborder la question épineuse de l'armement du Hezbollah dans sa déclaration de politique générale.
Composé de 30 ministres, dont deux femmes, le nouveau gouvernement était attendu depuis la victoire de "l’Alliance du 14-Mars" (la coalition emmenée par Saad Hariri) aux législatives de juin. Il se décompose selon la formule ‘’15 + 10 +5’’, soit 15 ministres pour la majorité, dix pour l’opposition, dont deux issus du Hezbollah, et cinq derniers, désignés par le président Michel Sleimane, qui tiendront de facto un rôle d’arbitrage entre les deux camps.
"Ce gouvernement sera soit une chance de renouveler la confiance dans les institutions de l'Etat et de donner un exemple réussi sur la gestion des affaires du pays à travers l'entente nationale, soit il sera une étape à travers laquelle les Libanais répèteront leur échec", a averti, lundi, Saad Hariri, peu après l’annonce de la formation de son cabinet.
Triple bras de fer
C’est donc au terme d’un bras de fer local, entre les différents partis sur la répartition des maroquins, régional, entre l’Arabie saoudite, soutien indéfectible de la famille Hariri, et la Syrie, allié de l’opposition, et enfin international, par l’entremise des Etats-Unis et du camp occidental, parrains de la majorité que le fils du défunt Premier ministre Rafic Hariri a trouvé la solution. L’intervention de tous ces protagonistes aux intérêts divergents explique en partie le retard et les blocages qui ont paralysé la vie politique libanaise. L’éclaircie n’est intervenue que quelques semaines après la détente survenue dans les relations entre Damas et Riyad, à l’issue d’une double visite de Bachar al-Assad en Arabie saoudite, et du roi Abdallah en Syrie.
De par sa genèse difficile, le nouveau gouvernement ne pourra fonctionner que par le compromis et le consensus. Mais avant de se mettre au travail, Saad Hariri et ses ministres doivent passer un premier test lors de la rédaction d’une déclaration de politique générale. Un exercice d’équilibriste qui permettra de jauger rapidement le poids et les intentions réelles de chaque camp, tant les sujets de discordes restent tenaces.
‘’Au cours de la formation de ce gouvernement, nous avons appris à gérer nos divergences. De toute façon, nous sommes acculés à vivre avec, précise le ministre Tarek Mitri. Il ne faut pas se faire d’illusions sur notre capacité à nous entendre très vite sur tous les sujets, notamment sur les questions stratégiques. Ces thèmes, dont celui de l’arsenal du Hezbollah, seront traités dans le cadre du dialogue national [initiative non-gouvernementale qui réunit les principaux ténors de la scène politique sous le patronage du chef de l’État, ndlr]’’, conclut le ministre.