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Le Vatican souhaite s'attirer les faveurs des anglicans déçus par leur Église

Le Saint-Siège a promulgué, lundi, une loi permettant la conversion de masse des anglicans traditionalistes déçus par le nouveau virage amorcé par leur Église...

Comme annoncé le 20 octobre, le pape Benoît XVI a promulgué, lundi, une loi facilitant la conversion des anglicans qui le souhaitent au catholicisme. Selon le Vatican, cette Constitution apostolique, nom donné aux lois majeures du Saint-Siège, doit permettre de ‘’répondre aux nombreuses requêtes des groupes de prêtres et de fidèles anglicans dans diverses parties du monde’’.

La loi est notamment destinée aux plus traditionalistes des anglicans. ‘’On observe depuis 15 ans une nouvelle vague de conversions d’anglicans au catholicisme, en raison notamment de problèmes d’ordre moral’’, décrypte Odon Vallet, historien des religions, interrogé par france24.com. Nombreux sont ceux en effet qui ‘’ne reconnaissent plus leur Eglise’’ depuis que celle-ci a autorisé l’ordination de femmes prêtres, le mariage des couples homosexuels et le sacrement d’un évêque homosexuel au sein de l’Eglise épiscopalienne américaine, apparentée à l’Eglise anglicane. Selon le site Internet de la Traditional Anglican Communion, quelque 400 000 fidèles ont exprimé le souhait, en 2007, de rejoindre le giron de l’Eglise catholique. Rowan Williams, archevêque de Canterbury et chef de l’Eglise anglicane, doit se rendre à Rome le 21 novembre pour évoquer cette question avec Benoît XVI.

Les convertis pourront conserver leur propre liturgie

Pour se convertir, les fidèles anglicans devront, selon le texte de la loi, manifester cette volonté par écrit et adhérer au "catéchisme de l'Eglise catholique". Mais cela implique d’accepter des principes qui, pour certains, constituent des points de désaccords fondamentaux entre catholiques, protestants et anglicans (primauté du pape, dogme de l’immaculée conception, etc.).

Ceux qu’Odon Vallet appelle les ‘’anglo-catholiques’’ devront également se soumettre à la règle du célibat sacerdotal, qui n’a pas cours dans leur Eglise. Mais, pour eux, les modalités en seront différentes. ‘’Les prêtres déjà mariés pourront se convertir, et les séminaristes anglicans mariés pourront être ordonnés’’, explique l’historien. Le mariage d’un prêtre après son ordination reste toutefois interdit. En clair, ‘’il s’agit exactement du même système que celui des églises orientales catholiques [copte, syriaque, maronite…, ndlr]’’. Autre ressemblance avec ces dernières, les anglicans, qui seront regroupés dans des ‘’diocèses spécifiques’’, pourront continuer à célébrer la messe selon leur propre liturgie.

Le Vatican rallie à droite

Cette ouverture aux traditionnalistes anglicans survient alors que le Vatican a entamé, fin octobre, un dialogue doctrinal avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, dont Benoît XVI avait levé l’excommunication à la fin de janvier 2009. Ce geste du souverain pontife avait soulevé l’indignation dans les rangs de l’Eglise catholique. Pour Odon Vallet, cette ouverture vers les plus conservateurs n’est pas surprenante de la part d’un pape connu pour son goût des traditions, comme la messe en latin, qu’il a réhabilitée dès 2007.

Benoît XVI juge indispensable de "reconstruire l'unité au sein de l'Eglise catholique", a récemment justifié Mgr Tarcisio Bertone, cardinal-secrétaire d'Etat du Vatican, dans une interview à la télévision française KTO.