La Grèce promet de meilleures conditions de vie aux réfugiés mais les défenseurs des droits humains s'inquiètent de l'enfermement des demandeurs d'asile dans ce nouveau camp inauguré samedi sur l'île de Samos.
Barbelés et caméras de surveillance, sur l'île de Samos, face à la Turquie, le gouvernement grec inaugure, samedi 18 septembre, le premier camp pour migrants dit "fermé et à accès contrôlé", une expression qui inquiète les défenseurs des droits humains.
Scanners à rayons X et portes magnétiques à l'entrée, centre de rétention intégré, ce nouveau camp ne sera accessible que par les demandeurs d'asile munis de badges dotés de puces électroniques. La nuit, les va-et-vient seront totalement interdits.
La Commission européenne s'est engagée à financer à hauteur de 276 millions d'euros cinq nouveaux camps sur les îles de la mer Égée, qui reçoivent la plupart des migrants arrivant des côtes turques voisines.
"Le modèle des structures contrôlées sera progressivement adopté dans toutes les îles et en Grèce continentale", a expliqué cet été le ministre grec des Migrations, Notis Mitarachi. "De Samos, nous envoyons un message à toutes les îles : les images (des camps insalubres) de Moria (à Lesbos) ou de Vathy appartiennent désormais au passé."
Un camp de ce type devrait être terminé le mois prochain à Léros. À Lesbos, où le camp de Moria a été réduit en cendres l'an dernier, les travaux n'ont pas encore commencé.
De meilleures conditions de vie selon les autorités
Le gouvernement grec assure que ces centres répondront aux normes européennes, avec des hébergements de meilleure qualité, de l'eau courante, des toilettes, des zones séparées pour les familles et plus de sécurité.
La Grèce a souvent été décriée pour les conditions de vie déplorables de ses camps des îles égéennes.
"Le nouveau centre à accès contrôlé et fermé rendra leur dignité perdue à ceux qui cherchent la protection internationale, mais aussi les conditions nécessaires de protection et de rétention aux migrants illégaux qui doivent être renvoyés", a ajouté le ministre grec des Migrations.
À Samos, le bidonville de Vathy, qui doit être totalement vidé d'ici fin septembre, avait abrité près de 7 000 demandeurs d'asile entre 2015 et 2016, pour une capacité initiale de 680 personnes.
L'invasion de rats, les baraquements en bois improvisés sans chauffage, le manque de toilettes et de douches continuent de ponctuer le quotidien des quelque 600 résidents actuels.
Ceux-ci doivent être transférés progressivement à partir de lundi et jusqu'à la fin du mois, dans la nouvelle structure à quelque 5 km de distance.
L'armée démantèlera alors le camp de Vathy, retirera les conteneurs et décontaminera la zone, qui sera ensuite rendue à la municipalité.
"Il s'agit d'une promesse faite à la communauté locale", a noté Notis Mitarachi, qui entend répondre ainsi à la colère des insulaires qui, depuis des années, observaient le camp s'étendre aux portes de Vathy, la principale ville de l'île.
Mais les locaux ne veulent pas non plus du nouveau camp, bien que plus isolé, et exigent que les migrants soient tous transférés sur le continent.
Inquiétudes des ONG
Les défenseurs des droits humains s'inquiètent de l'enfermement des demandeurs d'asile dans le nouveau camp.
Ces nouveaux centres "vont empêcher d'identifier de manière efficace les personnes vulnérables", "limiter l'accès des demandeurs d'asile aux services" et "amplifier l'effet néfaste du confinement sur la santé mentale des personnes", ont fustigé une cinquantaine d'ONG, dont Amnesty International.
"Le mot 'fermé' revient souvent et c'est inquiétant", admet Mireille Girard, la représentante en Grèce du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU (HCR) qui sera présent à Samos lors des transferts pour s'assurer que les migrants sont bien informés de la situation.
"La position du HCR est que le demandeur d'asile a besoin de protection, ce n'est pas un criminel ni quelqu'un qui représente un risque pour la communauté, c'est une personne qui a besoin d'aide. Pour nous, les camps doivent être ouverts, le gouvernement nous a assuré qu'ils le seraient", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Athènes ne cesse de se féliciter de la décongestion significative des camps sur les îles et de la réduction des arrivées de près de 90 % depuis 2019.
Mais les ONG expliquent cette baisse par le refoulement systématique et illégal des migrants vers la Turquie. Le gouvernement conservateur grec l'a toujours nié.
Avec AFP