logo

Lors du procès de quatre suspects jugés par contumace aux Pays-Bas, les familles des victimes de l'avion abattu en 2014 au-dessus de l'Ukraine ont demandé lundi à la Russie de faire enfin la lumière sur les circonstances du drame.

Un deuil impossible pour les proches des 298 personnes tuées dans le crash du vol MH17. Les familles des victimes ont réclamé justice à la Russie, en témoignant lundi 6 septembre dans le procès de quatre suspects jugés aux Pays-Bas par contumace.

Les proches des victimes du crash de l'avion de la compagnie Malaysian Airlines, abattu en 2014 au-dessus de l'Ukraine, ont expliqué aux juges ne pouvoir faire vraiment leur deuil tant que les responsables ne seraient pas jugés.

L'équipe internationale d'enquêteurs a établi en 2018 que l'avion avait été abattu par un missile russe au-dessus de la zone de conflit armé avec les séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, mais Moscou a toujours nié avec véhémence toute implication dans le crash. 

Mensonge d'État

Ria van der Steen, qui a perdu son père Jan et sa belle-mère Nell, a cité l'écrivain russe Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) : "Ils mentent, nous savons qu'ils mentent, ils savent que nous savons qu'ils mentent".

"Je suis remplie de sentiments de vengeance, de haine, de colère et de peur", a ajouté celle qui était la première à témoigner parmi les proches des victimes.

"Je sais qu'ils sont morts et que je ne les reverrai pas, mais je ne peux mettre un terme à ce processus d'adieu, certainement jusqu'à ce que ceux qui sont responsables de leur mort soient déclarés coupables pour ce qu'ils ont fait."

L'Australienne Vanessa Rizk dont les parents Albert et Maree avaient pris ce vol au retour de vacances en Europe, les responsables "méritent d'être punis pour leurs actes de haine".

"Comment les auteurs se sentiraient-ils s'il s'agissait de leurs proches ? Comment (le président russe Vladimir) Poutine et son gouvernement russe corrompu répondraient-ils à cela ?", a-t-elle lancé, en liaison vidéo depuis l'Australie.

Les Russes Sergueï Doubinski, Igor Guirkine et Oleg Poulatov, ainsi que l'Ukrainien Leonid Khartchenko, quatre hauts gradés des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, sont poursuivis par le parquet néerlandais pour meurtre. Seul Oleg Poulatov a un représentant légal.

Pouvoir "se regarder dans un miroir"

Environ 90 proches, tant des 196 victimes néerlandaises que des victimes australiennes ou malaisiennes, doivent s'exprimer devant le tribunal les jours prochains.

En larmes, Peter van der Meer a raconté au tribunal qu'il avait perdu "sa vie et son avenir" à la mort de ses trois filles Sophie, Fleur et Bente respectivement âgées de 12, 10 et 7 ans, ainsi que de son ex-femme Ingrid. 

"J'espère que les auteurs ressentiront une urgence à s'exprimer après l'histoire que je vous ai racontée aujourd'hui, afin qu'ils puissent se regarder dans un miroir et qu'ils n'aient pas à mentir à leurs enfants ou petits-enfants sur ce qu'ils ont fait le 17 juillet 2014", a-t-il déclaré. 

Robbert van Heijningen, qui a perdu son frère Erik, sa belle-sœur Tina et leur fils Zeger, 17 ans, a déclaré que les auteurs savaient "qu'ils tiraient sur un avion de ligne civil vulnérable, comme un pigeon d'argile".

Sander Essers, dont le frère Peter, sa belle-sœur Jolette Eusink et leurs deux enfants Emma, 20 ans, et Valentijn, 17 ans, ont été tués dans l'accident, a déclaré que son frère lui avait téléphoné 20 minutes avant le départ du vol "avec un sentiment d'appréhension." 

"Je me reproche de ne pas avoir pris sa prémonition au sérieux. J'en fais des nuits blanches", a déclaré Sander Essers.

Le juge principal, Hendrik Steenhuis, a retenu le 22 septembre 2022 comme date possible pour le verdict mais a également donné d'autres dates en novembre et décembre de cette année-là.

Avec AFP