À la une de la presse, ce mardi 31 août, les réactions au retrait des États-Unis d’Afghanistan, 24 heures avant la date butoir.
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Le retrait des États-Unis d’Afghanistan, 24 heures avant la date butoir, fait la une de nombreux quotidiens à travers le monde, ce matin.
"America exits Afghanistan" ("L'Amérique quitte l'Afghanistan") : trois mots, seulement, ce matin, à la une du quotidien américain The Washington Post. Trois mots qui claquent comme une porte qu'on ferme, après 20 ans de guerre, des milliers de morts et des milliers de milliards de dollars dépensés. Trois mots, seulement, alors que "la plus longue guerre des États-Unis prend fin".
USA Today évoque un conflit qui a "mis à l’épreuve et défié" successivement quatre présidents américains – et dont la fin ne donne lieu à "aucune célébration". "Vingt ans après que George W. Bush a donné l’ordre aux premiers B52 de bombarder les bastions d’Al-Qaïda en Afghanistan, le dernier C-17 a décollé cette nuit de l'aéroport international Hamid Karzaï de Kaboul", écrit le journal. La fin d'une guerre, "la fin amère d’une guerre": le quotidien britannique
Le site britannique The Independent s’interroge sur le "futur sombre et incertain" qui attend l’Afghanistan, après 20 ans de violence. Les États-Unis, rappelle The I, laissent derrière eux un pays en proie à "la fureur" et à "la peur" - la peur des dizaines de milliers d’Afghans qui ont collaboré de près ou de loin avec les Occidentaux. Celles et ceux qui n’ont pas pu quitter le pays avec les quelque 140 000 personnes évacuées par les États-Unis et leurs alliés, et qui craignent, désormais, les représailles des Taliban. Les nouveaux maîtres de l'Afghanistan, que l'on voit en train de hisser leur drapeau à la une du quotidien panarabe Al-Araby Al-Jadid. Le journal basé à Londres annonce le début d’une "nouvelle ère pour le pays, sans les États-Unis".
صحيفة "العربي الجديد" في عددها الصادر لهذا اليوم، اقرأها هنا: https://t.co/lR4mYYP8Ag pic.twitter.com/TuHD0yTJcj
— العربي الجديد (@alaraby_ar) August 31, 2021Le retrait américain est largement critiqué par la presse internationale. En Chine, The Global Times fustige une "débâcle" résultant selon lui du "retrait irresponsable" des États-Unis. Un échec "trop incontestable pour pouvoir être caché", selon le quotidien officiel, qui dénonce le "bain de sang" et la "honte" de la mort de plusieurs civils afghans dans un bombardement effectué à Kaboul vendredi dernier, par un drone américain. "Les États-Unis cherchent à présent de l’aide pour régler le désordre qu’ils ont eux-mêmes créé en Afghanistan", ironise le journal à propos des démarches entreprises auprès de l’ONU pour la mise en place d’une "zone protégée", qui permettrait de poursuivre les évacuations.
Le rival chinois n’est pas le seul à étriller les États-Unis, très critiqués, également, par leurs alliés. En France, Le Figaro regrette une "déroute qui pouvait être évitée", tandis que L'Humanité accuse Washington de laisser l’Afghanistan "dans la détresse et aux mains des théocrates". "C’est parce que l’intervention américaine était pensée dans une logique impérialiste que les vingt années d’occupation n’ont pas permis de faire émerger une alternative démocratique dans le pays et ont étouffé toute perspective progressiste", assène le journal.
Retrait américain, le jour d’après, "le joug d’après" : Libération a choisi pour sa une un tableau du peintre afghan Mohsin Taasha, intitulé "Rebirth of the reds" ("La renaissance des rouges"). Le journal s’alarme du sort qui attend les Afghans, et du vide culturel que les Taliban pourraient chercher à créer. Les Talibansqui ont ainsi tué cette semaine Fawad Andarabi, un chanteur folklorique "dont le seul crime était de troubler le silence que les nouveaux maîtres du pays entendent faire régner".
À la une de Libération ce mardi :
⚫️ Afghanistan : le joug d'après
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Le retrait américain inspire aussi les dessinateurs de presse. Les États-Unis laissent derrière eux un pays en ruines. "Pour la construction de la nation, merci de rien, bisous. Signé: les États-Unis", indique la banderole qui flotte derrière un avion américain quittant l’Afghanistan, dans le dessin de Benjamin Slyngstad publié sur Twitter.
Thus ends America’s occupation of Afghanistan. What lies ahead for the Afghan people is unclear. #AfghanEvac #Aghanistan #AfganistanWomen #AfghanRefugees #WarInAfghanistan #AfghanWarEnds pic.twitter.com/4R3LxEl6h4
— Benjamin Slyngstad (@SlyngCartoons) August 31, 2021Des ruines, et le chaos. Dans celui de David Simonds, également trouvé sur Twitter, les impacts de balles ont remplacé les étoiles du drapeau américain - une allusion aux roquettes tirées hier matin sur l'aéroport de Kaboul, par le groupe État islamique. L'organisation, Al-Qaïda, et consorts, dont on voit les avions se poser à l’aéroport de Kaboul, dans le dessin de Bill Bramhall pour The New York Daily News, prenant le relais, en quelque sorte, des avions américains qui viennent tout juste de décoller.
Quant à ceux qui veulent croire aux promesses de mansuétude des Taliban, Ann Tealnes, pour The Washington Post, les met en garde contre cette illusion. Les Taliban, prévient la dessinatrice américaine, n’ont pas changé et ne vont pas se transformer en Cendrillon démocratique, d'un simple coup de baguette magique occidentale…
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