Simple manœuvre politique ou réelle volonté de se mettre en retrait de la vie politique, le renoncement du président de l'Autorité palestinienne à briguer un nouveau mandat pose la question de sa succession. Tour d'horizon des potentiels candidats.
Frustré par l’enlisement du processus de paix et par la division du camp palestinien, Mahmoud Abbas a annoncé, jeudi, qu'il ne briguerait pas de deuxième mandat lors des élections générales qu’il a récemment convoquées pour le 24 janvier. Abou Mazen, 74 ans, avait été élu à la présidence de l’Autorité palestinienne en janvier 2005, quelques semaines après la mort de son prédécesseur, Yasser Arafat. Coup de poker politique ? Décision irrévocable du raïs ? Il n'en demeure pas moins que la question de sa succession est posée.
Même si aucun héritier ne se détache sur l’échiquier politique palestinien pour l'instant, quelques personnalités peuvent légitimement faire acte de candidature. N’étant affilié à aucun parti, le Premier ministre actuel, Salam Fayyad, ancien économiste au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale, jouit d’une bonne réputation sur la scène internationale. "Ses chances sont réelles, car il jouit d’un soutien international et de la confiance du monde économique, analyse Natheer Taha, correspondant de FRANCE 24 à Ramallah. Son point faible est interne : il n’a aucune structure politique sur laquelle s’appuyer, et celà est problématique en période électorale", relativise toutefois ce dernier.
Deux ambitions contrariées
Mohammed Dahlan, 48 ans, fait également parti des favoris. Ce dirigeant du Fatah n’a jamais caché ses ambitions, mais son profil fait débat. Originaire de la bande de Gaza, l'ancien chef de la sécurité préventive de Yasser Arafat est l’ennemi juré du Hamas, qui l’accuse d’être à la solde d’Israël et de l’Occident. Contrairement à Fayyad, il peut cependant s’appuyer sur l’appareil du Fatah, même s'il n'y fait pas tout à fait l'unanimité. "Dahlan jouit, lui aussi, d’un appui international, mais la rue ne lui est pas totalement acquise, décrypte encore Natheer Taha. Même au Fatah, certains préféreraient investir un candidat originaire de Cisjordanie."
Populaire dans les Territoires palestiniens, le plus célèbre prisonnier d’Israël, Marwan Barghouti, n’hésitera pas non plus à se présenter si la défection de Abbas se confirme. Arrêté en 2002, il a été condamné à cinq peines de prison à perpétuité en 2004 par l'État hébreu. Mais même s’il est légitime, son incarcération plombe ses ambitions. À moins que, par opportunisme politique, Tel-Aviv ne décide de le libérer… s'il est élu.
De son côté, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, rejette pour l’instant la tenue du scrutin décidé par Mahmoud Abbas. Mais en cas de revirement, Ismaël Haniyeh, ancien Premier ministre, et Khaled Mechaal, le chef en exil du parti islamiste, seraient les deux candidats légitimes aux yeux de leurs partisans et de leurs alliés dans la région. Au grand dam d’Israël.