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Biélorussie : Londres et Washington durcissent les sanctions, un an après l'élection de Loukachenko

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé une nouvelle série de sanctions contre des personnalités, entreprises et entités en Biélorussie, renforçant ainsi la pression internationale sur la président Alexandre Loukachenko, un an après sa réélection. 

Londres et Washington haussent le ton. Les États-Unis vont dévoiler lundi 9 août une volée de sanctions contre des personnalités, entreprises et entités en Biélorussie, faisant monter la pression sur le régime autoritaire d'Alexandre Loukachenko, a fait savoir à l'AFP un haut responsable de la Maison Blanche.

Joe Biden va signer un décret qui durcit le régime de sanctions américaines en vigueur depuis 2006, en l'élargissant à plusieurs secteurs clé de l'économie de ce pays frontalier de la Russie, selon cette même source. 

Comité olympique, responsables économiques...

Parmi les entités visées, le Comité national olympique du Bélarus. L'institution est visée peu après que la sprinteuse Krystsina Tsimanouskaya dit avoir été victime d'une tentative de rapatriement forcé des Jeux olympiques de Tokyo, pour avoir critiqué des responsables sportifs de son pays. La jeune femme, qui dit craindre la prison, est désormais en Pologne, voisine du Biélorussie et fervent soutien de l'opposition exilée.  

En plus de ce scandale qui illustre "l'incapacité (de cette institution) à protéger les athlètes de la répresssion politique", les États-Unis accusent le Comité olympique biélorusse de "faciliter le blanchiment d'argent".

Washington va également sanctionner l'entreprise publique Balruskali OAO, l'un des plus gros producteurs d'engrais à base de potasse du monde, "source d'enrichissement illégal du régime", selon la même source.

Seront aussi visés "des responsables économiques de premier plan soutenant le régime", ainsi que quinze entreprises avec lesquelles ces personnes sont liées, dont la banque privée Absolutbank, et enfin des "entités" actives dans l'industrie du tabac, dans le BTP, l'énergie et les transports.

Les États-Unis appellent Alexandre Loukachenko, entre autres, à "libérer immédiatement tous les prisonniers politiques" et à engager un "dialogue" avec l'opposition en vue d'organiser une élection présidentielle libre, faute de quoi, indique la source, "l'administration américaine continuera à faire usage" de son pouvoir de sanctions.

Peu avant cette annonce, le Royaume-Uni a affirmé durcir ses sanctions contre la Biélorussie, visant lui aussi les industries clés des produits pétroliers et des engrais.

"En réaction aux atteintes répétées à la démocratie et droits humains de la part du régime de Loukachenko", le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a annoncé dans un communiqué de nouvelles mesures.

Elles interdisent notamment toute assistance technique à la flotte d'avions privée du président bélarusse, restreignent le commerce de potasse (un matériau nécessaire aux engrais agricoles dont le Bélarus est un producteur clé), de produits pétroliers et de certaines technologies, afin de réduire les revenus du régime.

"Il n'y a pas et il n'y aura jamais de répression dans mon pays (...).

L'annonce américaine intervient peu après la conférence de presse annuelle du président bélarusse, qui a proclamé une fois de plus sa victoire lors d'un scrutin "totalement transparent" face à une opposition qui préparait un "coup d'État".

Le président biélorusse a par ailleurs nié toute répression dans le pays, malgré les arrestations et l'exil forcé de milliers de ses opposants un an après sa réélection.

Interrogé sur les arrestations massives, les fermetures forcées de médias ou d'ONG, Alexandre Loukachenko a récusé le terme de répression. "Il n'y a pas et il n'y aura jamais de répression dans mon pays (...) Je n'en ai pas besoin", a-t-il même dit. "Quelle répression ? J'ai fusillé quelqu'un ? J'ai tué quelqu'un ?", a-t-il demandé à l'assistance après une question d'un journaliste américain.

"Nous ne nous mettrons jamais à genoux !"

Alexandre Loukachenko a par ailleurs démenti toute implication dans la mort suspecte de Vitali Chychov, un opposant réfugié en Ukraine. "Chychov, mais c'est qui pour moi ou pour le Bélarus? (...) c'est personne pour nous, qui serait allé le pendre ?", a-t-il lancé.

Il s'en est aussi pris à la sprinteuse, Krystsina Tsimanouskaya, l'accusant d'avoir été "téléguidée" par Varsovie après qu'elle a affirmé avoir été victime d'une tentative de rapatriement forcé des Jeux olympiques de Tokyo.

Alexandre Loukachenko n'a eu cesse de qualifier ses détracteurs de suppôts de l'Occident, qui, selon lui, veut renverser son régime pour pouvoir s'en prendre à Moscou et Vladimir Poutine. "Nous ne nous mettrons jamais à genoux !", a-t-il affirmé.

Des manifestations à l'étranger

À Minsk, une chape de plomb s'est abattue sur les critiques du pouvoir. À force de répression, il n'y a plus de manifestations, alors qu'elles rassemblaient il y a moins d'un an des dizaines de milliers de personnes.

La campagne électorale de 2020 avait en effet vu une mobilisation inattendue de foules de Biélorusses autour d'une candidate surprise, Svetlana Tikhanovskaïa, qui avait remplacé au pied levé son mari incarcéré, puis réuni tous les courants de l'opposition derrière elle, le pouvoir ayant exclu tous les autres rivaux du président biélorusse.

Mais à l'issue du scrutin du 9 août, Alexandre Loukachenko s'était proclamé vainqueur avec plus de 80 % des voix. Ce résultat avait déclenché un mouvement de contestation d'ampleur historique dans cette ex-république soviétique, dirigée d'une main de fer par son autoritaire président depuis 1994.

Svetlana Tikhanovskaïa a été contrainte à l'exil, devenant la représentante des siens à l'étranger. Elle est reçue par tous les dirigeants occidentaux, notamment en juillet dernier par l'Américain Joe Biden. Lundi, elle a estimé que le régime biélarusse était devenu "terroriste".

Pour marquer ce premier anniversaire de la contestation anti-Loukachenko, les rassemblements de Biélorusses se font donc à l'étranger, en Pologne et en Ukraine, où nombre de dissidents se sont réfugiés.

Avec AFP