Le président du Nicaragua Daniel Ortega briguera un quatrième mandat consécutif lors de la présidentielle du 7 novembre. Sa colistière sera à nouveau son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo. Daniel Ortega sera principalement opposé à un ex-guérillero de la "Contra" antisandiniste, après l'arrestation de ses sept adversaires potentiels les plus sérieux.
Le parti au pouvoir au Nicaragua a approuvé lundi 2 août à l'unanimité la candidature du président Daniel Ortega, 75 ans, à un quatrième mandat consécutif lors des élections du 7 novembre.
Sans surprise, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, parti au pouvoir) a approuvé lundi à l'unanimité la candidature de Daniel Ortega, 75 ans. Son épouse Rosario Murillo a également été désignée comme candidate à un deuxième mandat à la vice-présidence du pays (6,5 millions d'habitants).
"Nous proposons la continuité d'un modèle (politique) transformateur", a commenté le président du Parlement Gustavo Porras, proche du couple présidentiel.
31 opposants arrêtés
En l'absence des sept pré-candidats de l'opposition les plus crédibles arrêtés depuis début juin, Daniel Ortega et Rosario Murillo auront pour adversaires Oscar Sobalvarro, de 68 ans, et l'ancienne reine de beauté Berenice Quezada, de 27 ans, ticket désigné par le principal parti d'opposition, Citoyens pour la liberté (CxL, droite).
Au total, 31 opposants - dont sept pré-candidats - ont été arrêtés depuis début juin en vertu de lois adoptées fin 2020 et dont les implications politiques permettant de réduire l'opposition au silence ont provoqué un tollé international. Cristiana Chamorro, rivale la plus crédible du couple présidentiel, a été la première à être placée en détention. Elle est la fille de Violeta Chamorro, qui avait vaincu Daniel Ortega dans les urnes en 1990.
Les pré-candidats arrêtés - qualifiés par Daniel Ortega de "terroristes" et de "mercenaires" au service de Washington - s'étaient mis d'accord pour se soumettre à un processus de sélection pour pouvoir concourir sous les couleurs du CxL.
L'Union européenne a sanctionné lundi Rosario Murillo ainsi qu'un fils de Daniel Ortega et six autres dignitaires du régime pour leur responsabilité dans les "graves violations des droits de l'homme" commises dans ce pays d'Amérique centrale. Ils sont à présent 14 au total à être interdits de séjour et de transit et dont les avoirs dans l'UE sont gelés. Les sanctions européennes s'ajoutent à celles des États-Unis et du Canada, adoptées après les mesures prises par le régime contre l'opposition et la répression sanglante des manifestations anti-gouvernementales de 2018.
"Comandante Rubén"
Les opposants sont généralement accusés de "trahison" à la patrie en vertu des lois adoptées fin 2020, qui sanctionnent notamment de 10 à 15 ans de prison ceux qui sont accusés de promouvoir l'ingérence dans les affaires internes du pays ou qui soutiendraient les sanctions internationales.
"Ceux qui s'en vont chercher le Yankee, l'Européen pour venir nous sanctionner (...) ne sont plus nicaraguayens", a par ailleurs prévenu Daniel Ortega à l'adresse des opposants faisant campagne contre son gouvernement depuis l'étranger.
"Nous souhaitons que cessent le harcèlement et la répression" contre les opposants pour que la campagne électorale puisse se dérouler tranquillement, a déclaré Oscar Sobalvarro après avoir inscrit sa candidature auprès du Tribunal électoral. Berenice Quezada, ancienne Miss Nicaragua 2017, sans antécédent politique connu, a réclamé la libération des "prisonniers politiques".
La candidature d'Oscar Sobalvarro divise l'opposition au couple présidentiel, qui compte nombre d'anciens sandinistes. En effet, sous le pseudonyme de "Comandante Rubén", le candidat a été l'un des chefs de la guérilla anti-sandiniste soutenue par les États-Unis dans les années 1980. En outre, sur les réseaux sociaux, beaucoup les soupçonnent d'être de mèche avec le pouvoir puisqu'ils n'ont pas été arrêtés comme les autres candidats de l'opposition.
Lundi après-midi, le chef d'entreprise Milton Arcia et l'avocate Maria Moncada ont également enregistré leur candidature au nom du Parti libéral constitutionnaliste (PLC), accusé de connivence avec le gouvernement.
Outre un ticket présidentiel, les Nicaraguayens doivent élire le 7 novembre 92 députés au Parlement.
Avec AFP