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Hongrie : une Marche des fiertés à Budapest pour protester contre la loi anti-LGBT

Une Marche des fiertés a rassemblé, samedi à Budapest, plusieurs milliers de Hongrois manifestant contre une loi interdisant l'utilisation de contenus scolaires considérés comme faisant la promotion de l'homosexualité et du changement de genre.

Des milliers de Hongrois ont défilé dans les rues de Budapest, samedi 24 juillet, dans le cadre d'une Marche annuelle des fiertés, pour manifester leur soutien aux personnes LGBT et protester contre une loi interdisant l'utilisation de contenus scolaires considérés comme faisant la promotion de l'homosexualité et du changement de genre.

"De nombreuses personnes sont consternées par la nouvelle loi et la propagande antigay. Elles veulent montrer leur soutien à la communauté LGBT", a déclaré à l'AFP Johanna Majercsik, porte-parole des organisateurs de la Marche des fiertés.

Selon elle, l'événement a rassemblé samedi davantage de participants que lors de ses précédentes éditions.

"Je n'ai jamais participé à une Marche des fiertés auparavant, même si j'ai toujours soutenu les personnes LGBT et compris leurs problèmes", a déclaré dans la foule Zsofi Varadi, 46 ans, avant d'enfiler un tee-shirt aux couleurs de l'arc-en-ciel. "Mais cette année, je suis vraiment en colère car il y a une telle propagande" visant la communauté LGBT que celle-ci a besoin "de voir de nombreuses personnes lui apportant leur soutien", a ajouté cette mère de deux enfants.

Des drapeaux aux couleurs de l'arc-en-ciel étaient accrochés sur des balcons d'immeubles sur le trajet de la marche, tandis que des pancartes brandies par les participants caricaturaient Viktor Orban et le parti au pouvoir Fidesz.

Un référendum sur la loi

Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, est devenu au fil des ans de plus en plus radical dans ce qu'il décrit comme un combat pour préserver les valeurs chrétiennes traditionnelles contre le libéralisme occidental.

La Commission européenne a engagé une procédure judiciaire contre le gouvernement hongrois au sujet de la nouvelle loi, entrée en vigueur ce mois-ci, que Bruxelles juge discriminatoire et contraire aux valeurs européennes de tolérance et de liberté individuelle.

Le gouvernement de Viktor Orban, qui sera confronté à des élections difficiles l'an prochain, estime que des questions telles que les droits des LGBT relèvent des gouvernements nationaux et a promis d'organiser un référendum sur la réforme.

Selon lui, la loi ne cible pas les homosexuels mais vise à protéger les enfants hongrois.

Près de la moitié des Hongrois favorables au mariage homosexuel

Les organisateurs de la marche de samedi avaient appelé leurs soutiens à se dresser contre la haine et à résister aux tentatives de ceux qu'ils qualifient de "politiciens avides de pouvoir" d'intimider les personnes LGBT.

"Le passé récent a été très exigeant, angoissant et effrayant pour la communauté LGBTQ", avaient-ils déclaré dans un communiqué. "Au lieu de protéger les minorités, le gouvernement démocrate-chrétien Fidesz utilise des lois pour bannir les membres de la communauté LGBTQ de leur propre pays."

Plusieurs groupes de défense des droits civiques ont critiqué les réformes de Viktor Orban et un sondage réalisé le mois dernier par l'institut Ipsos a révélé que 46 % des Hongrois soutenaient le mariage homosexuel.

Des contre-manifestants

Quelque 200 contre-manifestants déployés le long du cortège et séparés des participants à la Marche des fiertés par un cordon policier ont brandi des pancartes proclamant "Stop à la pédophilie LGBT" et proféré des insultes homophobes.

"La loi antipédophilie a donné à des patriotes comme nous des armes pour protéger nos enfants de déviants comme eux", a clamé dans un mégaphone un orateur devant les contre-manifestants.

Plusieurs dizaines d'ambassadeurs en poste à Budapest ont assisté à la parade, après que plus de 40 ambassades et instituts culturels étrangers eurent rendu publique lundi une déclaration commune de soutien aux droits des LGBT cette semaine.

"Préoccupés par les récents développements qui menacent le principe de non-discrimination en raison de l'orientation sexuelle ou du genre, nous encourageons des mesures dans chaque pays pour garantir l'égalité et la dignité de tous les êtres humains, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre", ont-ils déclaré.

Avec AFP