La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, "plus simple et plus sobre" en raison du contexte sanitaire, se tient ce vendredi. Reporté d'un an par la pandémie, l'événement a été secoué par bien des tempêtes.
Le Japon et le monde attendent ce moment depuis 2013, quand Tokyo fut désignée ville-hôte des Jeux olympiques 2020 : la cérémonie d'ouverture va donner vendredi (11 h GMT / 13 h en France) le coup d'envoi officiel des JO.
Elle devait initialement avoir lieu le 24 juillet 2020 et célébrer le Japon et l'esprit olympique. Avec un an de retard, la cérémonie d'ouverture des Jeux de Tokyo marquera avant tout, plus que le début de deux semaines d'exploits sportifs, la fin d'un long et éprouvant marathon pour les organisateurs japonais.
Dans le contexte singulier d'un monde vivant sous la menace du Covid-19, la cérémonie, dont les détails sont, comme le veut la tradition, tenus secrets, sera "plus simple et plus sobre", a simplement prévenu le comité organisateur.
Deux porte-drapeaux mais pas de foule
Il y aura bien le défilé des 206 délégations rangées derrière, pour la première fois, deux porte-drapeaux, une femme et un homme (la judoka Clarisse Agbegnenou et le gymnaste Samir Aït Saït pour la France), mais pas de foule pour les applaudir dans un Stade olympique de Tokyo pouvant accueillir, en temps normal, jusqu'à 68 000 spectateurs.
Il y aura bien des dirigeants de premier plan – l'Empereur du Japon Naruhito, le président français Emmanuel Macron ou encore la Première dame américaine, Jill Biden –; mais pas l'habituelle galerie de personnalités et autres célébrités venues du monde entier.
L'arrivée de la flamme, allumée par les rayons du soleil le 12 mars 2020 près du temple d'Héra à Olympie, est elle aussi maintenue, tout comme le serment olympique ou encore l'embrasement de la vasque qui marque traditionnellement le début des Jeux. Mais pas de fête, ni même d'élan dans une capitale nippone souvent silencieuse, à l'atmosphère parfois fantomatique.
"Jeux de la pandémie"
Car ces Jeux, qui ont bien failli ne pas avoir lieu, ne sont définitivement pas un rendez-vous normal dans l'histoire olympique. Ce sont les "Jeux de la pandémie".
Pour rassurer l'opinion publique japonaise qui aurait préféré, dans sa grande majorité, un nouveau report ou uen annulation pure et simple de cette édition olympique, les autorités nippones ont pris des mesures drastiques : tests quotidiens pour les sportifs, port du masque obligatoire pour tous, rassemblements limités au strict minimum dans le Village olympique, interdiction aux proches et familles des sportifs étrangers de venir au Japon. Et pour finir, du jamais vu dans l'histoire des JO : l'absence quasi-totale de public.
Après avoir dépensé 13 milliards d'euros, dont un surcoût de 2,3 milliards causé par le report et les mesures sanitaires, Tokyo est fin prête. Mais la mégapole aux 14 millions d'habitants est soumise à un état d'urgence sanitaire pendant toute la durée des JO qui oblige bars et restaurants à fermer à 20 h.
Scandales
On est loin de l'enthousiasme débordant qu'avait suscité, le 8 septembre 2013, la désignation de la capitale nippone comme ville-hôte des XXXIIe Jeux de l'histoire moderne. À la télévision, ce jour-là, tout un pays exultait.
Le Japon se remettait alors à peine de la triple catastrophe du 11 mars 2011 (séisme, tsunami, accident nucléaire de Fukushima), qui avait fait quelque 18 500 morts, et se réjouissait d'organiser les "Jeux de la reconstruction". Mais le Covid-19, qui a fait 15 000 morts dans le pays, a profondément changé la planète et la donne.
Les organisateurs ont dû affronter une série de scandales, avec la démission du président du comité d'organisation Yoshiro Mori en février dernier pour des propos sexistes, ou celle, ce jeudi encore, du directeur artistique de la cérémonie d'ouverture pour une mauvaise plaisanterie sur l'Holocauste, remontant à plus de vingt ans.
Équilibre entre les sexes
Sur le plan sportif, ces JO sont déjà historiques puisque, pour la première fois, il y aura autant de femmes que d'hommes à participer aux 339 épreuves au programme, au nom de l'équilibre entre les sexes cher au président du CIO, Thomas Bach, qui a également encouragé l'inclusion de sports dits "jeunes et urbains", comme le skateaboard, le surf, le basket 3x3 ou encore l'escalade.
Parmi les 11 090 sportifs inscrits à Tokyo, pas d'icône sportive de dimension planétaire hormis Novak Djokovic, mais les nageurs américains Caeleb Dressel et Katie Ledecky, leur compatriote Simone Biles (gymnastique), engagés sur tous les fronts dans leur sport, peuvent s'offrir une impressionnante collection de titres et de médailles.
Le sport français tient peut-être le héros de ces JO : au pays du judo, dans le "temple" du Nippon Budokan, Teddy Riner peut devenir le 30 juillet, à 32 ans, le premier triple champion olympique de l'histoire dans la catégorie-reine des lourds.
Les 380 sportifs français engagés à Tokyo ont pour objectif de faire aussi bien qu'à Rio, où la délégation tricolore avait remporté 42 médailles, dont dix en or. Ils ont aussi déjà dans leur viseur les JO-2024 qui se tiendront à domicile, à Paris. Dans une ambiance de fête ?
Avec AFP