Le ministère américain de la Justice a annoncé mardi l'inculpation de quatre hommes, présentés comme des "agents du renseignement iranien", pour avoir planifié l'enlèvement d'une reporter ayant fui le régime islamiste. L'Iran a formellement démenti ces accusations.
La justice américaine a annoncé, mardi 13 juillet, avoir inculpé quatre "agents du renseignement iranien" pour avoir planifié l'enlèvement d'une reporter américaine d'origine iranienne aux États-Unis, ce que dément Téhéran.
Les quatre hommes cherchaient depuis "juin 2020" à enlever "une auteure et journaliste qui a mis en évidence les violations des droits humains commises par le gouvernement iranien", a fait savoir le ministère américain de la Justice dans un communiqué. Ils avaient prévu "d'emmener de force leur victime en Iran, où (son) sort aurait été au mieux incertain", a précisé la procureure Audrey Strauss.
Manhattan U.S. Attorney announces kidnapping conspiracy charges against an Iranian intelligence officer and members of an Iranian intelligence network https://t.co/26n3II71Zz@FBI @NewYorkFBI pic.twitter.com/mfYYhHffYm
— US Attorney SDNY (@SDNYnews) July 13, 2021Les suspects ont "utilisé les services de détectives privés pour surveiller, photographier et filmer" la victime et ses proches, "à plusieurs reprises" entre 2020 et 2021, selon le ministère.
Les agents avaient cherché une façon de transporter la journaliste hors des États-Unis, l'un d'eux se renseignant notamment sur des vedettes rapides proposant "une évacuation marine autonome" à partir de New York, et un voyage par bateau entre New York et le Venezuela, pays qui entretient "des relations amicales avec l'Iran".
Féministe
Masih Alinejad est une militante féministe à l'origine du mouvement antivoile en Iran, pays qu'elle a depuis quitté. Depuis les États-Unis, où elle s'est installée, elle critique le régime iranien et sa politique, et a reçu le soutien de stars telles que Meryl Streep, qu'elle avait rejoint sur scène lors d'une conférence sur les droits des femmes, en 2016.
"Aux yeux du régime iranien, toute femme qui se bat pour ses droits fondamentaux est une criminelle", avait-elle affirmé en avril dernier dans un message vidéo devant le Parlement suédois.
"Merci au FBI d'avoir déjoué le projet des renseignements iraniens de m'enlever", a-t-elle dit sur Twitter, se filmant devant une fenêtre depuis laquelle on aperçoit une voiture de police. Cette dernière est selon elle garée devant son domicile depuis deux semaines.
I am grateful to FBI for foiling the Islamic Republic of Iran's Intelligence Ministry's plot to kidnap me. This plot was orchestrated under Rouhani.
This is the regime that kidnapped & executed Ruhollah Zam. They've also kidnapped and jailed Jamshid Sharmahd and many others pic.twitter.com/HUefdEbiil
Ce réseau, découvert par le FBI, visait aussi d'autres victimes vivant notamment "au Canada, au Royaume-Uni et aux Émirats arabes unis", contre lesquelles ils avaient tenté de déployer les mêmes moyens de surveillance, selon les procureurs.
Les quatre agents sont Alireza Shavaroghi Farahani, Mahmoud Khazein, Kiya Sadeghi et Omid Noori. Une Iranienne résidant en Californie, Niloufar Bahadorifar, est elle soupçonnée d'avoir participé au financement de ce projet.
Des accusations "absurdes et sans fondement"
La Maison Blanche a officiellement réagi, mercredi 14 juillet. "Nous condamnons catégoriquement la tentative présumée, dangereuse et méprisable, de l'Iran d'enlever une citoyenne américaine sur le sol américain", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, lors d'un point presse.
De son côté, l'Iran a jugé mercredi ces accusations "absurdes et sans fondement". "Ce n'est pas la première fois que les États-Unis s'engagent dans la création de ces scénarios hollywoodiens", a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Saïd Khatibzadeh.
"Les autorités américaines insultent l'intelligence du monde avec cette histoire naïve", a-t-il ajouté, cité par l'agence Isna.
L'Iran est considéré comme l'un des pays les plus répressifs pour les journalistes, et exerce un contrôle de l'information "implacable" selon l'ONG Reporters sans frontières, qui l'a placé en 174e place sur 180 de son classement mondial de la liberté de la presse en 2021.
Avec AFP