
Des centaines d'opposants iraniens ont été dispersés par les forces de l'ordre. Ils s'étaient rassemblés en marge d'une manifestation anti-américaine commémorant les 30 ans de la prise d'assaut de l'ambassade américaine à Téhéran.
Faisant fi des avertissements de l’ayatollah Khamenei, des milliers d’opposants se sont rassemblés ce mercredi matin à Téhéran en marge d’une manifestation officielle anti-américaine. Ils se sont violemment heurtés aux forces de l’ordre, déployées en force dans le centre de Téhéran.

Les policiers ont tenté de disperser à coups de bâton et de gaz lacrymogènes la foule qui scandait des slogans contre le président iranien et réclamait la libération des opposants emprisonnés après la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en juin dernier.
Selon un site du camp réformateur, mowjcamp.com, la police aurait ouvert le feu sur les manifestants, blessant plusieurs d’entre eux. Le même site internet rapporte que l’opposant Mahdi Karoubi aurait été rué de coups par les partisans de Mahmoud Ahmadinejad.
L'opposition toujours mobilisée
L’agence de presse officielle Irna affirme, quant à elle, que les manifestants ont mis le feu à des poubelles, brisé des vitrines et attaqué deux policiers. Plusieurs manifestants ont été arrêtés.
"C’est le symbole d’une opposition qui refuse de s’essouffler", affirme Delphine Minoui, la correspondante du "Figaro" pour FRANCE 24 à Beyrouth. "Loin des caméras occidentales, qui n’ont plus droit de cité en Iran, la mobilisation des opposants se poursuit au quotidien", explique-t-elle. Les manifestations de l’opposition se sont multipliées depuis l’élection controversée de Mahmoud Ahmadinejad à la tête de l’Iran en juin dernier. Plus de 4 000 opposants ont été arrêtés. Une majorité d’entre eux sont toujours derrière les barreaux.
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"Tous les soirs, de nombreux Iraniens montent sur les toits à la nuit tombée et crient ‘Mort au dictateur !’. Et dans les universités, les étudiants saisissent toutes les occasions pour continuer à contester l’élection d’Ahmadinejad" ajoute la journaliste.
"Les jeunes ne baissent pas les bras"
Saeed Palvandi, maître de conférence à l’Université Paris-VII, confirme que l’opposition "continue la lutte, de façon évidente ". "Ce qui change en Iran, c’est que les jeunes ne baissent pas les bras, poursuit l’universitaire. Tant que le régime n’apportera pas de réponse adéquate aux revendications des jeunes, le mouvement continuera."

Le rassemblement de l’opposition s’est déroulé en marge d’une manifestation anti-américaine organisée par le régime pour marquer les 30 ans de la prise de l’ambassade américaine à Téhéran, le 4 novembre 1979. Un symbole fort, au cœur de la propagande du régime islamiste, que les autorités iraniennes ne manquent pas de célébrer tous les ans. Mais cette année, l’évènement revêt une importance toute particulière : le régime célèbre le trentième anniversaire de la révolution islamique.
Quelques mois seulement après le renversement du Shah, des étudiants islamistes radicaux avaient pris d’assaut l’ambassade américaine de Téhéran. Une cinquantaine de citoyens américains avaient été retenus en otage pendant 444 jours. Les relations diplomatiques entre Téhéran et Washington sont, depuis, rompues.