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Eric Adams, un ex-policier noir favori de la course à la mairie de New York

Le gagnant de la primaire démocrate pour la mairie de New York est quasi certain de l’emporter face au candidat républicain lors des municipales du 2 novembre prochain. Cet enfant d’un quartier populaire a fait carrière dans la police new-yorkaise en combattant les discriminations, avant de se lancer dans la politique.

Grand sourire, chemise blanche et pouces levés vers le ciel. Le charismatique Eric Adams, adepte des bains de foule, est désormais quasiment assuré de devenir le deuxième maire noir de l'histoire de New York. Cet ancien policier et élu de Brooklyn a revendiqué, mercredi 7 juillet, la victoire de la primaire démocrate.

I've said it before and I'll say it again: this wasn't simply a campaign, it was a five-borough movement of working-class New Yorkers coming together for a safer, stronger, healthier City. And our strength and message is why we won. pic.twitter.com/O55fTDVm6D

— Eric Adams (@ericadamsfornyc) July 7, 2021

Les résultats du scrutin qui a eu lieu le 22 juin doivent encore être définitivement confirmés. Mais selon les derniers chiffres du Bureau des élections de New York rendus publics le 7 juillet, Eric Adams, 60 ans, démocrate modéré, a emporté le scrutin d'un cheveu (50,5 % contre 49,5 %) devant Kathryn Garcia, cadre expérimentée de la mairie mais novice en politique, et Maya Wiley, soutenue par la star de l'aile gauche démocrate Alexandria Ocasio-Cortez. Les deux candidates malheureuses ont reconnu la victoire d’Eric Adams.

La capitale économique américaine étant un bastion démocrate, le vainqueur de la primaire démocrate est donné gagnant pour l'élection générale du 2 novembre, où il affrontera le républicain Curtis Sliwa. Sauf surprise, l’ex-policier devrait donc succéder au très impopulaire Bill de Blasio.

Rétablir la confiance dans la police

Eric Adams, élu au Sénat de New York en 2006, puis réélu trois fois avant de devenir le premier président noir de Brooklyn en 2013, s’est fait un nom en combattant les discriminations raciales au sein de la police new-yorkaise. Un corps qu’il a décidé d’intégrer après avoir été battu par des policiers dans un commissariat du Queens, avec son frère, lorsqu'il avait 15 ans.

Enfant du quartier ouvrier, il a grandi au sein d'une famille nombreuse. Sa mère était femme de ménage et son père boucher. À 22 ans, il parvient à intégrer la police de New York, le NYPD, se hissant ensuite au rang de capitaine tout en fondant, en 1995, l'association "100 Blacks in Law Enforcement" pour lutter contre le racisme dans les forces de l'ordre.

Tout au long de la campagne pour la primaire démocrate, Eric Adams s'est présenté comme le candidat des "travailleurs", sillonnant les quartiers populaires de Brooklyn, du Bronx et du Queens, aux dépens de la plus riche et blanche Manhattan.

Ses partisans l'estiment capable, plus que d'autres, de lutter contre les inégalités raciales tout en rétablissant la confiance dans la police new-yorkaise. Un équilibre délicat. La réputation des forces de l’ordre de New York a été largement ternie par la répression parfois violente des manifestations monstres de juin-juillet 2020 déclenchées par la mort de l'Afro-Américain George Floyd.

Mais pas question pour cet homme, qui fut brièvement inscrit au Parti républicain, de revendiquer le slogan de la gauche radicale américaine et de #BlackLivesMatter pour réduire les budgets alloués à la police. La police new-yorkaise, dotée de quelque 6 milliards de dollars annuels, dispose des coûts de fonctionnements les plus importants du pays avec quelque 36 000 policiers.

Assurer la reprise de l'économie

Soutenu par les milieux populaires pour son parcours, Eric Adams a avant tout axé sa campagne sur la lutte contre l’insécurité à New York. L’ancien policier a promis d’enrayer la hausse des fusillades (+32 % sur la première moitié 2021 par rapport à la même période de 2020), thème sur lequel sa carrière lui confère une crédibilité particulière.

Mercredi, l'ancien capitaine de police a souligné l'importance de ramener la sécurité dans les quartiers populaires comme dans les quartiers d'affaires et lieux touristiques, après de récentes fusillades très médiatisées à Times Square. "La ville ne se remettra pas [de la pandémie] sans le tourisme, qui est un moteur majeur, si on a des fusillades à Times Square", a-t-il déclaré.

La criminalité est loin d'être le seul défi d'une ville traumatisée par la pandémie, qui y a fait plus de 33 000 morts. Si la vie a repris ces dernières semaines, avec une campagne de vaccination énergique et un taux de positivité limité à 0,7 %, les incertitudes sont nombreuses sur la reprise de l'économie, le retour à plein temps dans les tours de bureaux d'employés désormais habitués au télétravail, ou le retour des quelque 66 millions de touristes annuels pré-pandémie.

Coqueluche des quartiers populaires de New York, les milieux d'affaires new-yorkais semblent eux aussi lui faire confiance. "Eric est une personne au fort caractère qui ne sera pas intimidé par les intérêts particuliers ou les idéologues", a indiqué mercredi l'association de leaders économiques Partnership for New York City. "S'il est élu maire en novembre, ce sera un premier pas garantissant que New York reste une ville d'opportunités et de croissance inclusive", a-t-elle ajouté, promettant de l'aider à relancer l'économie.

Si la victoire semble proche pour Eric Adams, plusieurs affaires pourraient venir entacher son mandat, dont une enquête en cours sur un possible conflit d'intérêts. À la tête d’une organisation à but non lucratif, l’élu de Brooklyn est soupçonné d’avoir reçu des donations de promoteurs immobiliers en contrepartie d'un soutien à leurs projets de construction.

Avec AFP