Deux figures clé du régime nationaliste de Slobodan Milosevic ont été condamnés à 12 ans de prison chacun mercredi par la justice internationale à la Haye aux Pays-Bas pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Après avoir été acquittés en 2013, ils étaient à nouveau jugés pour leur rôle dans l'organisation et le financement de groupes paramilitaires qui ont semé la terreur et la mort après l'implosion de la Yougoslavie, en 1991.
Après la condamnation à perpétuité de l'ancien chef militaire serbe de Bosnie Ratko Mladic, deux ex-chefs espions serbes ont été condamnés à 12 ans de prison chacun, mercredi 30 juin, par la justice internationale, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre lors des conflits en ex-Yougoslavie au début des années 90, après avoir été acquittés en 2013.
Jovica Stanisic, 70 ans, ancien chef de la sécurité intérieure de la Serbie et figure-clé du régime de Slobodan Milosevic, et son adjoint Franko Simatovic, 71 ans, ont été condamnés à une peine de 12 ans de prison, a déclaré dans un communiqué le tribunal de l'ONU basé à La Haye. Ils étaient tout deux rejugés à la Haye pour leur rôle dans les "escadrons de la mort" qui ont sévi en Bosnie et en Croatie dans les années 1990.
Ces groupes, comme l'unité d'élite des "Bérets rouges", dirigés sur le terrain par Franko Simatovic selon l'accusation, ont fait déferler une vague de terreur et de destructions, attaquant des villes et assassinant Croates, musulmans et autres populations non-serbes.
Les deux hommes plaidaient non-coupables alors que les procureurs demandaient la prison à perpétuité.
Au moins 280 meurtres dans l'acte d'accusation
Les deux ex-chefs serbes, qui étaient en liberté conditionnelle, sont apparus au tribunal après s'être rendus à la prison des Nations unies à La Haye la semaine dernière, a affirmé une porte-parole du tribunal à l'AFP.
Selon l'accusation, Jovica Stanisic et Franko Simatovic faisaient partie d'une entreprise criminelle commune incluant aussi Sloban Milosevic, mort d'une crise cardiaque en 2006 avant l'achèvement de son procès, et le chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, condamné à la prison à vie.
Les guerres dans l'ex-Yougoslavie furent les plus meurtrières en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Leur bilan humain est estimé à 130 000 morts et des millions de déplacés.
L'acte d'accusation comprenait au moins 280 meurtres dans une vingtaine d'attaques spécifiques contre des villes et des villages par les groupes paramilitaires comme l'unité d'élite des "Bérets rouges" et la milice "Les Tigres".
Zeljko Raznatovic, alias Arkan, leader de la milice "Les Tigres", a été inculpé par le tribunal de La Haye mais abattu à Belgrade en 2000.
Juges déjugés
Jovica Stanisic et Franko Simatovic se trouvent parmi les derniers chefs de guerre des Balkans détenus à La Haye. Ils ont été transférés au tribunal en 2003, après avoir été arrêtés par la police serbe à la suite de l'assassinat du Premier ministre réformiste serbe, Zoran Djindjic.
En mai 2013, les juges du procès en première instance avaient décidé que l'accusation n'avait pas réussi à prouver "au-delà de tout doute raisonnable" la culpabilité des deux ex-chefs serbes et les avaient acquittés. Cet acquittement en première instance des deux ex-chefs serbes par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avait suscité une vague de protestations et le ministère public avait fini par faire appel.
Le 15 décembre 2015, revirement rare : la Chambre d'appel du TPIY infirmait l'acquittement, avançant que les premiers juges s'étaient "trompés" sur divers points de droit.
Le nouveau procès a débuté en 2017, les audiences finales ayant eu lieu en avril 2021.
Avec AFP