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Divisés sur le sujet, les dirigeants des pays de l’Union européenne ont décidé vendredi à Bruxelles d'écarter la possibilité d’un sommet avec la Russie. Ils estiment que les conditions ne sont pas réunies pour une telle rencontre.

L’idée d’un sommet entre l’Union européenne (UE) et la Russie, proposée par Berlin et Paris, a été balayée. À Bruxelles, les dirigeants européens n’ont pas réussi à se mettre d’accord, vendredi 25 juin, sur la possibilité d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, estimant que les conditions n'étaient pas réunies. Une série de sujets sont énumérés, dont le climat et l’environnement, l’énergie, la santé, la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.

Un tel sommet aurait été le premier entre l’UE et Moscou depuis l’annexion, en 2014, de la Crimée par la Russie.

L’Allemagne et la France ont plaidé pour la relance du dialogue avec la Russie, mais l’idée de le reprendre en organisant un sommet a divisé les dirigeants européens.

Pas de consensus

Les pays Baltes, la Pologne, la Suède et les Pays-Bas sont opposés à la reprise du dialogue avec un dirigeant russe qui multiplie les actions agressives contre les membres de l’UE et son voisinage. Ils estiment que cela enverrait un mauvais message.

"Il est trop tôt parce que, jusqu’à présent, nous ne voyons pas de changement radical dans le comportement de Vladimir Poutine", a expliqué le président de la Lituanie, Gitanas Nauseda. "S’engager sans aucune ligne rouge, sans aucune condition préalable, serait un très mauvais signal."

Le Premier ministre letton Krisjanis Karins a estimé que l’UE risquait de récompenser la Russie en organisant un sommet, alors que la diplomatie n’a pas réussi à mettre fin au conflit dans l’est de l’Ukraine avec les séparatistes soutenus par la Russie.

Le Premier ministre néerlandais Marc Rutte a avancé une solution. "La rencontre entre les présidents des institutions européennes et Vladimir Poutine ne me dérange pas", a-t-il déclaré. Mais "je ne participerai pas moi-même à la rencontre avec Vladimir Poutine en tant que membre du Conseil européen".

Déception d'Angela Merkel

Cette décision a fait des déçus. La chancelière allemande, Angela Merkel, a jugé "important que le dialogue soit maintenu et que nous travaillions sur le format de ce dialogue". "Personnellement, j’aurais aimé un résultat plus audacieux", a-t-elle conclu.

"J’ai soutenu l’Allemagne et la France pour un dialogue au plus haut niveau avec la Russie. Il convient désormais de préciser quels canaux de dialogue peuvent être utiles", a pour sa part déclaré le chancelier autrichien Sebastian Kurz.

"La relation avec la Russie ne peut pas se limiter à des sanctions économiques et à des expulsions de diplomates. À un moment donné, il faut avoir la possibilité de se réunir autour d’une table", a défendu le Premier ministre belge Alexander De Croo.

Un dialogue sera engagé dans "des domaines d’intérêt de l’UE", précisent les conclusions adoptées lors du sommet. Les dirigeants européens discuteront ensuite "des formats et des conditions de ce dialogue avec la Russie", ajoute le texte.

Mise en garde de l'UE

Au lieu d'une rencontre, les dirigeants de l’UE ont décidé de mettre en garde la Russie contre de nouvelles sanctions si elle poursuit sa politique de désinformation, ses attaques informatiques et d’autres actes malveillants visant à diviser le bloc.

Les dirigeants de l’UE ont appelé Moscou à faire preuve d’un "engagement plus constructif" et à "cesser ses actions contre l’UE et les pays de son voisinage". Ils se sont dits "prêts à réagir de manière ferme et coordonnée à toute nouvelle activité malveillante, illégale et perturbatrice de la Russie, en utilisant pleinement tous les instruments dont elle dispose".

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a été chargé de présenter "des options pour des mesures restrictives supplémentaires, y compris des sanctions économiques".

L’Union européenne a imposé des sanctions aux secteurs russes de l’énergie, de la finance et de l’armement, ainsi que des sanctions individuelles aux Russes accusés de violations des droits de l’Homme et d’avoir utilisé des armes chimiques interdites.

Avec AFP