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Sommet international sur la Libye : Washington demande le retrait des forces étrangères

Tous les acteurs de la région et, pour la première fois, le gouvernement de transition libyen se sont réunis, au niveau des ministres des Affaires étrangères, mercredi à Berlin, pour un nouveau sommet qui vise à pacifier la Libye et garantir la tenue d'élections en fin d'année. Les États-Unis ont demandé le retrait des forces étrangères. 

Les principaux pays impliqués dans le conflit en Libye se sont réunis à Berlin, mercredi 23 juin, dans le cadre d'un nouveau sommet. Le principal enjeu a été de garantir la tenue simultanée des élections présidentielle et législatives le 24 décembre, que le gouvernement de transition, dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, a promis d'organiser.

Juste avant le sommet, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a demandé le retrait des forces étrangères de Libye.

Appel au retrait

"L'accord de cessez-le-feu du 23 octobre doit être pleinement mis en œuvre, y compris par le retrait de toutes les forces étrangères de Libye", a déclaré Anthony Blinken lors d'une conférence de presse commune à Berlin avec son homologue allemand, Heiko Maas.

"Nous partageons (avec l'Allemagne) l'objectif d'une Libye souveraine, stable, unifiée et sûre, libre de toute ingérence étrangère, c'est ce que le peuple mérite, et c'est essentiel pour la sécurité régionale", a fait valoir le secrétaire d'État, qui a entamé mercredi une tournée européenne.

En décembre, l'ONU estimait à quelque 20 000 le nombre de mercenaires et combattants étrangers en Libye : des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens, des Soudanais ou encore des Syriens. Plusieurs centaines de militaires turcs sont eux aussi présents en vertu d'un accord bilatéral conclu avec le précédent gouvernement de Tripoli.

Le départ des "mercenaires" étrangers

Les "mercenaires" étrangers présents en Libye pourraient quitter prochainement le pays après des "progrès" dans les pourparlers de paix, a déclaré pour sa part la cheffe de la diplomatie de ce pays à l'issue de la réunion. "Nous avons fait des progrès en ce qui concerne les mercenaires et nous espérons que dans les jours à venir, les mercenaires se seront retirés des deux côtés et je pense que cela sera encourageant et renforcera la confiance des deux côtés", a déclaré lors d'une conférence de presse Najla al-Mangoush.

Tous les acteurs de la région et, pour la première fois, le gouvernement de transition libyen ont participé, dans l'après-midi, à cette conférence au niveau des ministres des Affaires étrangères. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est intervenu en vidéo, tandis que les États-Unis ont été aussi représentés par le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, en tournée européenne.

Le 19 janvier 2020, une première conférence avait réuni dans la capitale allemande, sous l'égide des Nations unies, les dirigeants des pays impliqués, parvenant à un accord fragile pour mettre fin au conflit.

Dix ans après la chute du colonel Mouammar Kadhafi, les participants feront notamment le point sur la transition politique en Libye et la pacification du pays.

Doutes sur la volonté réelle du pouvoir en place ?

"Il est essentiel pour la poursuite de la stabilisation du pays que les élections aient lieu comme prévu et que les troupes et combattants étrangers quittent effectivement la Libye", avait déclaré lundi Heiko Maas, hôte de la réunion.

Des doutes subsistent néanmoins sur la réelle volonté du pouvoir en place de voir se dérouler ce scrutin à la fin de l'année.

L'ancien ministre de l'Intérieur libyen, Fathi Bachagha, probable candidat à cette première élection présidentielle au suffrage direct, a ainsi mis en demeure, le 2 juin, le gouvernement de ne pas retarder leur tenue.

"La date des élections est acceptée par tous", veut croire un diplomate, qui redoutait, avant d'être rassuré par les discussions préliminaires, que le gouvernement de transition "n'ait aucun intérêt pour les élections".

Sommet international sur la Libye : Washington demande le retrait des forces étrangères

Après une décennie d'échecs à sortir la Libye du chaos, la formation de ce nouveau cabinet au terme d'un processus politique parrainé par l'ONU avait sonné comme l'espoir que l'on n'attendait plus.

L'Union européenne mise de surcroît sur le pouvoir en place pour régler le problème des migrants qui quittent les côtes libyennes, souvent sur des embarcations surchargées et peu sûres, pour tenter de rejoindre l'Europe.

Mais les divisions entre les deux pouvoirs rivaux, en Tripolitaine (ouest) et en Cyrénaïque (est), ont resurgi ces dernières semaines.

Une trêve officielle est en vigueur depuis octobre, mais l'envoyé des Nations unies pour la Libye, Jan Kubis, a lui-même reconnu en mai que les progrès concernant l'unification des institutions divisées et le retrait des forces étrangères étaient au "point mort".

Ce paramètre est central dans ce processus, le conflit libyen ayant été largement alimenté par des puissances extérieures.

"Ceux qui avaient donné l'engagement la dernière fois à Berlin de retirer leurs troupes ne l'ont pas respecté", déplore Heiko Maas. Une référence implicite à la Russie, la Turquie ou les Émirats arabes unis.

Fin avril, la Ligue des États arabes, l'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine avaient réclamé ensemble un retrait des forces étrangères.

Une dispersion brutale de ces hommes surarmés représenterait toutefois une nouvelle menace pour la région, craignent des diplomates de l'ONU. Le président tchadien, Idriss Déby Itno, a ainsi trouvé la mort en avril lors d'une offensive de rebelles tchadiens venus de Libye.

Avec AFP